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Test blu-ray
Image de la jaquette

Sidewalk Stories

BLU-RAY - Région A, B, C
Carlotta
Parution : 8 octobre 2014

Image

C'est à l'initiative de l'éditeur français Carlotta que la restauration de Sidewalk Stories a été menée, par le laboratoire de L'Immagine Ritrovata de Bologne courant 2013, et à partir du négatif caméra original, conservé chez Duart and Video.
Le film a été scanné à 2K, puis l'image a été stabilisée et nettoyée de manière à en supprimer tous les défauts les plus manifestes. Comme on pouvait s'y attendre (le film est relativement récent, et le noir et blanc s'expose moins que la couleur aux éventuelles contestations d'étalonnage), le résultat est assez exemplaire : le master est propre, d'une belle définition, et avec une qualité de détails dans certains arrière-plans assez remarquable. Mentionnons toutefois quelques plans nocturnes franchement moins bien définis (quand The Artist sort de la ruelle où vient d'être assassiné le père de la fillette ; le concert de jazz de rue ; les plans larges de la séquence finale dans le parc... voir galerie ci-contre à droite), que l'on suppose davantage imputables au tournage du film qu'à sa restauration.
Soulignons enfin l'absence de lissage numérique, avec la belle présence d'un grain qui contribue au charme rétro du film.

Son

La bande sonore a bien entendu elle aussi été numérisée puis restaurée à L'Immagine Ritrovata, afin d'en éliminer tous les défauts et bruits parasites. C'est évidemment la piste musicale qui s'en trouve favorisée, les sons diégétiques ou les bruits d'ambiance y étant de toute façon la plupart du temps intégrés (façon "mickeymousing") : le rendu est parfaitement clair et équilibré.

Suppléments

Les suppléments proposés par cette édition sont assez passionnants, et contribuent à enrichir l'appréciation du film par la mine d'informations qu'ils représentent.

On y retrouve en particulier Charles Lane dans deux modules où il développe abondamment ses intentions et raconte de nombreuses anecdotes de tournage. Permettons-nous d'évacuer très vite le mauvais esprit qui nous démange : le réalisateur-acteur n'aurait-il pas opté pour le cinéma muet en partie à cause de son défaut d'élocution assez marqué ? Ceci étant, son chuintement ne l'empêche pas d'être disert, ni dans le commentaire audio (tenu sur toute la durée du film, avec son complice - et "very best friend in the world" Marc Marder), ni dans le module intitulé Vibrations, qui propose également un entretien de 28 minutes avec les deux hommes.

Malgré quelques redites de l'un à l'autre, ces deux suppléments permettent de mieux cerner la nature de Sidewalk Stories, notamment concernant la question des sans-abris, et de leur perception par la société. Dans Vibrations, Marc Marder affirme ainsi que rien ne ressemble plus au New York de 1989 que le Paris de 2014, ce qui invite à s'interroger sur l'évolution de nos modèles sociaux. Charles Lane revient par ailleurs sur les conditions de tournage (deux semaines, prolongées d'une journée et demie à cause d'un bris de caméra, et par un froid glacial de -13°C) ou sur le fait, longtemps maintenu secret, que la fillette apparaissant dans le film était sa propre fille : selon lui, si le public l'avait d'emblée su, cela aurait nui au réalisme du film. Il raconte notamment comment, pour éviter de soumettre toute son équipe de tournage aux caprices d'un enfant de 2 ans, il avait plusieurs semaines à l'avance habitué la petite fille - selon le principe de l'imprégnation, en quelque sorte - à la présence continue à ses côtés d'un trépied et d'une caméra.

Outre une bande-annonce (celle de la ressortie dans les salles françaises de 2013), le disque propose également A place in Time, court métrage de 34 minutes réalisé par Charles Lane en 1977 et qui, à bien des égards, s'en trouve être la matrice : hormis la fillette, tout Sidewalk Stories se trouve en germe dans A place in Time (l'artiste de rue, la belle inconnue, la violence urbaine, et même le thème musical principal !). Plus burlesque - notamment dans le registre des bagarres - et moins émouvant, ce court métrage donne l'impression d'un premier jet ; Charles Lane affinera ensuite son style pour livrer Sidewalk Stories douze ans plus tard.


Par Antoine Royer - le 7 octobre 2014