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Test blu-ray
Image de la jaquette

Rusty James

BLU-RAY - Région B
Wild Side
Parution : 8 février 2017

Image

Depuis l'annonce, il y a quelques mois, d'une nouvelle numérisation 4K, supervisée par le directeur de la photographie Stephen H. Burum, on s'était pris à rêver que la sortie du Blu-ray français reprenant ce transfert serait parfaitement simultanée avec celle du Blu-ray américain promis par Criterion pour avril. Las, cette édition française reprend en réalité le master précédent, utilisé par Eureka pour son Blu-ray britannique en... 2012, comme en attestent les comparaisons ci-dessous :

Image n°1           Image n°2            Image n°3          Image n°4

Pour être précis, l'édition Eureka de 2012 avait quelques qualités (on ne va pas ici relancer la ritournelle du comparatif HD/SD, dépourvu du moindre sens en l'occurrence), notamment en termes de propreté ou de stabilité, mais outre que les qualités d'il y a 5 ans n'ont plus forcément le même éclat aujourd'hui, les défauts, eux, ont plutôt tendance à s'amplifier (sans encore parler des quelques différences, ne vous inquiétez pas, on y vient...). Sans présumer des qualités de l'édition Criterion à venir (on part toutefois plutôt confiant), le comparatif risque d'être cinglant. Et voilà comment, donc, le rêve d'une sortie exclusive se transforme en douche froide : cette édition que l'on pensait événementielle risque, en tout cas pour les acheteurs qui s'aventurent de l'autre côté de l'Atlantique, d'être tout à fait désuète dans un délai de... deux mois.

Le plus gros souci, pour l'édition Eureka comme ici, venait du master, qui avait nécessité une somme de retouches tout à fait dommageable, que ce soit du Edge-Enhancement (procédé d'accentuation artificielle des contours) par exemple visible sur l'image n°3, au niveau par exemple de l'épaule de Rusty, ou des procédés de réduction du bruit (type dégrainage) qui ont considérablement altéré le naturel du rendu.

A cela, il faut donc désormais ajouter la "Wild Side touch", qui consiste à pousser tous les curseurs à fond, notamment au niveau du contraste : alors ça, oui, les poissons sont rouges, et les blocs de compression dans les gris sont peut-être un peu moins visibles (est-ce d'ailleurs bon signe ?), mais en contrepartie, les noirs se bouchent à l'excès, ce qui détruit la finesse de détail dans les zones sombres (regardez la partie gauche de l'image n°2).

Au final, il ne s'agit pas pour nous, ici, de dissuader les amateurs du film ou ceux qui auraient aimé le découvrir de céder à l'attrait du bel objet : peut-être même qu'ils ne partageront pas notre déception. Mais les autres, ceux qui aiment que les éditions soient synchrones avec les standards de leur temps (et les époques, en termes de haute-définition, sont très brèves) et/ou ceux qui n'ont pas peur des éditions importées, peuvent - doivent - encore attendre un peu. Probablement quelque chose comme deux mois.

Son

La piste de la version originale DTS-HD Master Audio 2.0 est tout à fait propre et offre un rendu plutôt plaisant, avec des qualités de dynamisme ou de profondeur appréciables, notamment pour mettre en valeur la partition singulière de Stewart Copeland (à ce sujet, voir ci-dessous).

Dans son registre, la piste française est également convenable, même si elle manque, en comparaison, un peu de relief ou de naturel. Au passage, on peut s'amuser à reconnaître certaines voix de doublage emblématiques (dont, pour n'en citer qu'un, Patrick Poivey doublant Mickey Rourke).

Suppléments

L'édition Collector se présente sous la forme d'un coffret carré et - si l'on passe sur la première impression liée à l'illustration extérieure, pas géniale - c'est un objet assez superbe. Pas forcément très pratique à ranger, mais superbe, en particulier pour le livre-boîtier, avec la couverture illustrée des poissons.

A l'intérieur, donc, un ouvrage inédit, L'Ombre du frère, signé d'Adrienne Boutang, enseignante spécialisée dans le cinéma américain des années 80-90. Assez symptomatique des pratiques récentes de l'éditeur, l'ouvrage est très (trop) richement illustré, ce qui hache la lecture, et il faut parfois tourner quatre pages pour arriver à la ligne suivante du texte : on arrive ainsi à 47 pages de texte (dans une police d'écriture plutôt importante) sur un ouvrage qui en compte 230 ! Dans la même logique, il manque un sommaire, ce qui fait qu'il faut parfois fouiller un moment pour retomber sur la page de texte souhaitée.

Ceci étant dit, le texte est agréable à suivre : il se structure en 10 brefs chapitres, soit consacrés spécifiquement au film, soit qui élargissent le cadre pour parler du reste de la filmographie de Francis Ford Coppola, thématiquement (le motif du frère) ou esthétiquement, notamment par le biais de ses élans expressionnistes (on est même parfois au bord de la digression, ce qui, sur un texte au final aussi bref, peut faire désordre).

Quant aux compléments figurant sur le disque, ils reprennent en grande partie ceux de l'édition UK évoquée précédemment (voire, pour certains, de l'édition spéciale en DVD, vieille de 2005 déjà) :

Celui qui nous a le plus intéressé s'intitule Rusty James au rythme des percussions (12 min - SD), et convie Stewart Copeland, alors batteur de The Police et auteur ici de sa toute première bande originale de film (il en composera bien d'autres ensuite, parmi lesquelles celles de Wall Street ou de Talk Radio pour Oliver Stone, ou de Riff-Raff, Hidden Agenda ou Raining Stones pour Ken Loach). On y apprend que Francis Ford Coppola avait lui-même composé une première trame sonore, et que c'est son fils Roman qui lui a suggéré le nom de Copeland, qui lui est alors apparu comme une évidence, dans la mesure où il cherchait avant tout un "rhythmatist". De retour en studio, Copeland et Richard Beggs, responsable du mixage, décrivent la nature du travail expérimental qui y avait été mené, dans l'association de pistes acoustiques et de boucles rythmiques issues d'origines très variées (un klaxon, un marteau-pilon...). Copeland y explique la magie de ces "accidents étranges" qui font que les choses se mettent à fonctionner sans que l'on sache pourquoi, et affirme ainsi qu'il ne cesse de tenter de retrouver cette alchimie particulière depuis cette prime expérience miraculeuse. Une analyse sonore de la séquence de la virée en moto, particulièrement éclairante, achève le module.


Plus classique mais non moins riche en informations est le making-of à Tulsa (12 min- SD). Finalement assez peu concentré sur le lieu de tournage (si ce n'est pour la manière dont l'équipe investit une école inoccupée, avec Coppola s'installant dans le bureau du Proviseur...), le module relate les particularités de tournage de cet "art film for the kids". Les archives montrent notamment l'utilisation des "tableaux électroniques", alors quasiment uniques, qui permettaient l'élaboration de story-boards. Plusieurs anecdotes démontrent par ailleurs l'ambition et la vision déployées par Coppola sur ce projet, que ce soit dans l'utilisation des ombres peintes (pour par exemple brouiller la topographie d'un lieu) ou dans celle, en préproduction, de l'écran bleu devant lequel la plupart des scènes furent "pré-tournées". Quelques astuces de mises en scène sont révélées, comme la mise en couleur des poissons ou le corps de Rusty en lévitation "sans câbles". Sont enfin évoquées les participations de plusieurs acteurs, comme Dennis Hopper (et ses "47" prises) ou Nicolas Cage, alors débutant, qui décrit son rôle de Smokey à mi-chemin entre le Iago de Shakespeare et un iguane (et là, on repense à sa scène de Bad Lieutenant, 25 ans plus tard).


Les scènes coupées (21 min - SD) permettent surtout de constater dans quelle mesure le rôle de Steve (incarné par Vincent Spano) a été considérablement raccourci au montage, puisque celui-ci apparaît de façon centrale dans 5 scènes. La première scène montre ainsi Steve et Rusty devant leur école, puis Rusty assister à un entraînement de basket pendant lequel le coach Ryan lui suggère d'aller mettre une raclée à un garçon, contre quelques dollars (2'20''). On voit ensuite Steve discuter avec Rusty du retour du Motorcycle Boy (1'52''). Dans la troisième scène coupée, la seule où Steve n'apparaît pas, le Motorcycle Boy raconte à Rusty le mythe grec de Cassandre (1'34''). Steve annonce ensuite à Rusty qu'il se retire de son équipe, puis Rusty le supplie, et s'ensuit une longue discussion où Steve rend hommage sans le savoir à Corynne Charby en le comparant à une "boule de flipper" (5'22''). Rusty essaye ensuite de faire boire Steve (1'38'') et, enfin, Rusty vient chercher Steve pour aller tabasser le garçon évoqué dans la première scène coupée, ce qui découle sur une longue course-poursuite au cours de laquelle Steve manque de tomber du haut d'un immeuble (6'37''). Hormis peut-être la scène entre les deux frères et cette dernière séquence, assez rythmée mais longue et sans nécessité narrative, on arrive assez vite à la conclusion qu'aucune de ces scènes ne manque réellement au film.

Pour les plus curieux, évoquons la présence du commentaire audio de Francis Ford Coppola (réalisé, donc, en 2005 pour le DVD), dans lequel le réalisateur évoque ce film si cher à son coeur. Il y parle de la nouvelle de Susan E. Hinton, des membres du casting, des thématiques qu'il souhaitait faire ressortir du film, du tournage à Tulsa... Mentionnons enfin la présence d'une bande-annonce (d'origine - 2 min 16 - SD)

En savoir plus

Taille du Disque : 30 067 062 784 bytes
Taille du Film : 26 404 417 536 bytes
Dureée : 1:34:29.705
Total Bitrate: 37,26 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 1080p / 23.976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit) (commentaire audio)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle:  French

Par Antoine Royer - le 28 février 2017