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Test blu-ray
Image de la jaquette

Perversion Story

BLU-RAY - Région B
Le Chat qui Fume
Parution : 21 avril 2020

Image

Premier giallo réalisé par Lucio Fulci, Perversion Story était inédit en vidéo en France depuis l'époque de la VHS, une absence aujourd'hui réparée, de nouveau grâce au Chat qui fume. Le film est présenté à partir du master sorti chez les Américains de Mondo Macabro en 2018, une version composite des montages français et américain qui ne se prétend pas être un director's cut au sens propre mais plutôt une version longue plus complète, le film étant sorti à l'époque avec des petites différences de montage pour chaque territoire. La plus grande partie du master provient d'un scan plutôt bon effectué pour StudioCanal : la définition est convaincante, avec un bon niveau de détail, des contrastes équilibrés et une colorimétrie assez naturelle. Il est enrichi par des plans issus d'un interpositif américain, sans doute scanné plus récemment, au moins en 2K. Ces brefs passages détonnent à peine du reste par une finesse un peu plus palpable, mais certains pourront aussi remarquer une luminosité et une colorimétrie sans doute un plus prononcées, avec une dominante parfois légèrement rosée. L'ensemble reste très propre, immaculé, à l'exception de deux passages où apparaissent quelques très infimes traces d'usure de pellicule (on sent que le matériel a souvent été manipulé à ces endroits "stratégiques", il s'agit notamment de l'image très évocatrice reprise sur l'affiche et la jaquette). Le master respecte également la texture photochimique originale, avec un grain fin, abondant et non retouché. On notera une brève instabilité colorimétrique (vers 48 min 30), une petite faiblesse d'encodage à la 45e minute, et un seul défaut "marquant" : un léger tremblement du cadre, récurrent mais discret. C'est dire si les conditions de visionnage sont confortables.

Son

Comme pour la quasi-totalité des films italiens de cette époque, Perversion Story a été tourné sans prise de son direct, puis entièrement post-synchronisé. Situé à San Francisco, avec un casting international, le film a été tourné en anglais. Le Chat qui fume propose la version italienne d'origine, la version anglaise et le doublage français d'époque. Il est intéressant de comparer les pistes et voir les modifications parfois subtiles apportées aux dialogues ou à la musique : par exemple, le montage français peut avoir été raccourci de scènes, plans  ou simples phrases, de-ci de-là - ces passages sont alors présentés en version anglaise sous-titrée. La reconstitution de cette version longue occasionne également plusieurs variations dans la qualité du son sur la version anglaise : la musique bénéficie souvent d'une belle dynamique, qui peut cependant chuter drastiquement en cours de scène. Les trois pistes bénéficient heureusement d'un certain confort d'écoute, même si la version italienne est plus plate que les autres, et que certains passages apparaissent plus ou moins clairs, plus ou moins couverts, selon la langue. On notera les marques d'usure habituelles, sifflantes ou saturations, avec un léger souffle en VF.

Suppléments

Perversion Story est présenté dans un beau digipack comprenant notamment le Blu-ray et le DVD du film. Conséquence d'une sortie très attendue : cette édition, limitée à seulement 1 000 exemplaires, est pratiquement épuisée dès l'étape des précommandes...

La perversion de Lucio Fulci (26 min - 1080p)
Quel plaisir d'écouter Jean-François Rauger, directeur de la programmation de la Cinémathèque Française, dont l'érudition et l'analyse éclairante tiennent vraiment en haleine. Il explique d'abord ce "petit moment de l'histoire du cinéma italien" qu'est le giallo à machination, sous-genre inspiré des Diaboliques de Clouzot et du cinéma d'Hitchcock. C'est "un cinéma de la sensation pure", davantage axé sur la tension psychologique que sur l'érotisation des meurtres (comme le faisait Argento), dont Perversion Story est "un exemple parfait". Il revient sur le choix de San Francisco, cadre "exotique" et "lieu utopique" pour les spectateurs italiens, et clin d'oeil supplémentaire au Vertigo dont il s'inspire ouvertement. Jean-François Rauger évoque la toute fin du film, quasi documentaire, et comment Perversion Story retravaille le classicisme hollywoodien dans un style "à la fois primitif et baroque", avec des choix formels et un labyrinthe visuel qui accompagne le basculement progressif de Fulci dans un cinéma noir et nihiliste. Il revient sur les quatre gialli réalisés par le cinéaste (signalant au détour d'une phrase que le dernier sortira d'ailleurs bientôt chez Le Chat qui fume !) caractérisés par des surgissements d'images morbides, des figures qui seront développées dans ses films de zombies. Il évoque l'incursion du pop art dans le cinéma italien (Blow-Up d'Antonioni) qu'on retrouve explicitement dans les scènes du studio photo et la musique, mélange de jazz et de cithare. Un excellent supplément, qu'un bug du fichier vidéo au tournage impose en commentaire audio (avec un léger buzz), pendant une petite dizaine de minutes...

Les deux suppléments suivants, produits par Freak-O-rama pour Le Chat qui fume, ont d'abord été édités aux Etats-Unis en 2018, chez Mondo Macabro.

Dans la chambre à gaz (30 min - 1080i)
Une rencontre avec Jean Sorel, le héros de Perversion Story, qui a mené une grande partie de sa carrière en Italie, intense lieu d'activité et "une source de vie" pour les gens du cinéma, dans les années 60 et 70. Il s'étonne encore que les films de genre n'aient pas mieux réussi à franchir les frontières françaises, à l'époque, et remarque avec une certaine surprise le regain d'intérêt pour ce cinéma, près de cinquante ans plus tard. Grand amateur de films, il considère avec admiration et sagesse "le mystère du cinéma" : "le coup de pot immense de réussir un film" malgré les obstacles et les imprévus. Il parle de sa carrière d'acteur, l'avantage d'avoir "une belle tête" pour obtenir les rôles (ou les flirts) mais avec un inconvénient de taille : hormis Luchino Visconti dans Sandra, on ne lui aura jamais vraiment donné de rôles à contre-emploi. Il revient sur le tournage de Perversion Story, un cinéma "facile" où il suffisait de "rentrer dans le canevas", et "les souvenirs absolument hallucinants" de San Francisco, une ville qu'il a beaucoup aimée. Il reste malheureusement un peu évasif sur ses partenaires dans le film, même s'il ne regrette pas "les scènes rapprochées" avec Marisa Mell et le tournage "très sérieux" des scènes érotiques. Il raconte surtout les plans filmés dans la prison et la chambre à gaz, moments étranges avec le vrai personnel qui pratiquait les exécutions. Il évoque un peu Lucio Fulci, les méthodes de travail d'un "bordélique avec talent" qui savait se servir des imperfections d'un acteur. Un bon moment.

La dernière diva (10 min - 1080i)
C'est un peu moins évident d'interviewer Elsa Martinelli, qui critique facilement les réalisateurs actuels, "renfermés comme des huitres" parce qu'ils ne communiquent pas, mais qui n'est pas beaucoup plus loquace lorsqu'il s'agit de raconter ses propres souvenirs du film. Elle qui déteste l'horreur n'a jamais vu les films de Dario Argento et seulement deux de Fulci (dont L'Enfer des zombies, "par curiosité perverse"), se contente de saluer ceux avec qui elle avait des scènes en commun, dans Perversion Story : Jean Sorel, "un grand ami", ou l'"adorable" Marisa Mell. Elle parle un peu de Lucio Fulci, réalisateur "fascinant" et "un peu fou", au grand sens de l'humour, et revient succinctement sur sa carrière, plus internationale qu'italienne car les premiers rôles féminins y étaient systématiquement réservés aux fiancées ou femmes des producteurs. Elle commence à parler de son approche des rôles, notamment par le choix des costumes, puis se focalise sur Piero Tosi qui lui a "changé de tête" dans Les Garçons de Mauro Bolognini, en s'inspirant de Louise Brooks...

Cette première édition numérique française de Perversion Story se conclue malheureusement sans la bande-annonce mais avec, cependant, une très belle surprise : le CD de la bande originale composée par Riz Ortolani, sorti chez Beat Records en 2017. Un score jazzy très efficace, avec quelques moments groovy et des sonorités qui rappellent parfois Henry Mancini (magnifique Susan and Jane !) ou Ennio Morricone. 21 morceaux et 55 minutes de plaisir.

En savoir plus

Taille du Disque : 46 013 404 388 bytes
Taille du Film : 32 673 331 200 bytes
Durée : 1:48:04.936
Total Bitrate: 40,31 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 34,39 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 34397 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1023 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: Italian / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1317 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1334 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 2,182 kbps
Subtitle: French / 23,616 kbps
Subtitle: French / 22,136 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 17 juin 2020