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Test blu-ray
Image de la jaquette

Paris qui dort - Entr'acte

BLU-RAY - Région B
Pathé
Parution : 23 octobre 2018

Image

Paris qui dort est présenté dans deux versions assez complémentaires (cela suppose donc de voir les deux pour apprécier pleinement le film !), toutes deux restaurées par le laboratoire italien L’Immagine Ritrovata ; dans la droite ligne de ce qui a déjà été entrepris pour de nombreux films du catalogue Pathé avec, encore une fois, une exigence et un résultat de qualité qui sont à souligner. Pour les deux versions, nous pouvons ainsi constater que l’image, très propre, a été très bien stabilisée. Elle présente, dans les deux cas, un niveau de détails très satisfaisant, avec un bon piqué. Les contrastes sont bien gérés, même si certains noirs apparaissent parfois un peu bouchés. Pour couronner le tout, l’image n’a pas subi de lissage : le grain, naturel, est tout à fait visible, notamment dans les plans où le ciel est très présent. La différence entre les deux versions ne porte donc pas sur le niveau de restauration, très satisfaisant dans les deux cas. La première version, qui dure 59 minutes, provient d’une copie d’exploitation anglaise teintée et virée de première génération, conservée au British Film Institute. Cette version respecte pleinement l’esprit du film de René Clair (nous verrons pourquoi ce n’est pas tout à fait le cas de la deuxième). Le gros bémol pour cette version, c’est le nombre d’images manquantes. La copie souffre en effet d’un grand nombre de plans qui ne possèdent pas tous leurs photogrammes, donnant de nombreux jump cuts (évidemment non voulus par le réalisateur) assez dérangeants... La deuxième version, qui dure 67 minutes (la différence n’est pas seulement due aux photogrammes manquants dans la première, mais aussi à certains plans plus courts dans cette dernière, ou d’autres qui n’apparaissent que dans la seconde), est celle qui provient du négatif nitrate issu des collections Pathé. Le noir et blanc de cette version est vraiment très beau et séduit davantage l’œil que la version teintée (mais ce n’est là qu’une question de goût). Cependant, cette version propose un inconvénient de taille : certaines images, qui devaient être figées selon les impératifs narratifs, apparaissent ici en mouvement, ce qui perturbe considérablement la compréhension du film...

Entr’acte est présenté dans une belle restauration 4K menée par le laboratoire italien L’Immagine Ritrovata, d’après le négatif nitrate issu des collections Pathé et une copie nitrate que René Clair avait donnée à la Fondazione Cineteca Italiana. La version présentée intègre les plans retirés par le réalisateur dans la version de 1967, soit l’ouverture (les plans du canon) et la fin. Entr’acte a dû représenter un véritable défi pour les équipes de restauration, au regard du nombre de plans truqués que le film possède. Il faut donc d’emblée insister sur la grande qualité du travail réalisé qui offre à l’image un excellent niveau de détail dans un superbe rendu argentique, grâce à la présence d’un grain fin et naturel bien encodé. Nous pouvons cependant dire que des saletés (griffures, tâches) persistent sur l’ensemble du film sans gêner le confort de visionnage, inédit pour ce film. De même, les contrastes sont souvent bien gérés, malgré des effets de pulsations lumineuses qui surgissent sporadiquement.

Son

Paris qui dort

Le film est accompagné d’une musique composée et interprétée par le pianiste Karol Beffa. L’auteur a su proposer une partition qui accompagne idéalement le film : elle ne vient pas (ou rarement) appuyer le découpage ou redoubler les effets visuels ou narratifs de l’œuvre de René Clair, mais révèle davantage la potentielle mélancolie qui infuse certaines images ou situations. La musique ne prend jamais le dessus sur le film, reste dans un humble retrait qui s’accorde pleinement avec la douceur qui la caractérise.

Entr'acte

La qualité de l’accompagnement musical est naturellement idéale, puisque la partition d’Erik Satie a été rejouée par le pianiste Daniele Furlati et enregistrée au studio Modulab de Marco Biscarini à Bologne. Pathé propose également une piste d’audiodescription.

Suppléments

Au-dessus de la mêlée (28 min - 1080i)
Pour ce principal module des suppléments, Pathé nous propose un entretien avec Patrick de Haas, historien des arts, et Noël Herpe, historien du cinéma. Le choix de ces deux intervenants est tout à fait pertinent puisque le premier permet de rappeler le contexte artistique dans lequel René Clair a réalisé ses premiers films (particulièrement important pour Entr’acte), tandis que le second, fin connaisseur de l’œuvre de René Clair (il a notamment écrit trois ouvrages entièrement consacrés au cinéaste), nous éclaire sur la cohérence de celle-ci, dont les principales thématiques surgissent dès ces premiers films. De Haas commence par rappeler que les premiers films de René Clair sont influencés par les expérimentations de l’Avant-garde française de l’époque (son frère, Henri Chomette, a par exemple réalisé Cinq minutes de cinéma pur) tout en cherchant à garder une dimension populaire. Herpe précise que René Clair, qui se destinait a priori à une carrière d’écrivain (il a notamment écrit plusieurs poèmes), manifeste dès ses premiers films une nostalgie pour les débuts du cinéma. Il est venu à la réalisation après avoir été acteur pour Loïe Fuller dans Le Lys de la vie. Sa rencontre avec Henri Diamant-Berger sera décisive, puisqu’il écrira pour lui (sous opium !) le scénario de Paris qui dort, initialement intitulé « L’île des monstres ». Le scénario, nous dit Herpe, contient les thématiques qui seront constantes dans l’œuvre du cinéaste : des personnages se retrouvent à l’écart de la société, et forment une communauté pour refaire le monde.

S’il ne fait pas un cinéma d’avant-garde « pure », René Clair cherche malgré tout à trouver des sujets qui vont exploiter les possibilités du cinéma, nous explique Patrick De Haas. L’intrigue de Paris qui dort permet ainsi de jouer sur la fixité et le mouvement, sur l’arrêt et la remise en route du défilement de la pellicule. Herpe insiste sur la dimension ludique et nostalgique de ce projet, en pointant d’une part un jeu sur des citations rendant hommage au cinéma des premiers temps, et en explicitant d’autre part cette croyance de René Clair en un merveilleux lié à l’enfance du cinéma. Bricolé avec des moyens relativement dérisoires, ce « film fantastique qui se moque du fantastique », ancré dans la réalité, devra attendre la sortie d’Entr’acte pour pouvoir trouver le chemin des salles. Les deux historiens rappellent ensuite le contexte qui a permis à Entr’acte de voir le jour. De Haas rappelle que Clair travaillait pour Jacques Hébertot, directeur du Théâtre des Champs-Elysées. Francis Picabia y préparait alors un ballet, Relâche, chorégraphié par Jean Börlin et mis en musique par Erik Satie. Pendant l’entracte, Picabia prévoyait de projeter un film. Pour réaliser celui-ci, Hébertot se tourna donc vers René Clair, après que Francis Picabia a refusé que Marcel L’Herbier soit aux commandes de ce film. L’ensemble était présenté sous le titre suivant : « Ballet instantanéiste en deux actes, un entracte cinématographique et la queue du chien. » De Haas rappelle que l’instantanéisme est la réponse de Picabia au surréalisme de Breton, après la fin du mouvement Dada. La projection du film de René Clair aurait provoqué un scandale, mais Noël Herpe nuance largement son ampleur, en le comparant par exemple à celui provoqué par L’Âge d’or de Luis Buñuel. Le spécialiste de René Clair revient également sur une rumeur autour du film selon laquelle Picabia l’aurait réalisé lui-même. Noël Herpe est pour sa part certain que, si certaines idées viennent de Picabia, René Clair a dirigé la mise en scène, avec des choix de cadrage caractéristiques du réalisateur, comme les plans en plongée qui le placent au-dessus de la mêlée. L’historien revient sur les thématiques qui y sont par ailleurs présentes et qui seront des constantes dans l’œuvre du réalisateur : une certaine mise en forme de l’inconscient et une mort omniprésente, avec laquelle on va s’amuser. Enfin, Patrick De Haas évoque le film La Tour, « documentaire lyrique » de 1929. L’historien des arts rappelle que la Tour Eiffel a à la fois choqué (Maupassant) et fasciné (Blaise Cendras, Delaunay). René Clair appartient sans conteste à la deuxième catégorie, et rend hommage à cette architecture en en proposant une démonstration cinématographique dans un esprit très ludique.

La Tour (14 min -1080i)
Ce documentaire réalisé par René Clair en 1928 prolonge assez naturellement Paris qui dort. René Clair n’a cette fois de caméra que pour la Tour Eiffel et, sans contrainte narrative, peut laisser libre cours à un ensemble d’expérimentations visuelles - relativement sobres cependant, au regard de ce que certains autres avant-gardistes français ont pu proposer jusqu’alors. Le film suit en effet, malgré tout, une trajectoire très claire : l’ascension, puis la descente de la Tour Eiffel. Après une première séquence de présentation - une vue d’ensemble du monument devant les nuages, qui pose le sujet et conclura le film dans un souci de cohérence - René Clair propose quelques images de l’élaboration du projet mené par Gustave Eiffel (des plans), puis des photos montrant les étapes de sa construction. Les images qui suivent, prises pour la plupart depuis un ascenseur qui monte puis qui descend, décrivent autant l’intérieur du monument qu’elles jouent avec la dynamique visuelle que permet sa structure. L’image n’a pas été restaurée mais reste, malgré les nombreuses salissures, relativement bien conservée.

En savoir plus

PARIS QUI DORT

Taille du Disque : 45,304,548,040 bytes
Taille du Film : 17,758,605,312 bytes
Durée : 1:07:21.912
Total Bitrate: 35.15 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 31,90 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 31908 kbps / 1080p / 23.976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz /  1568 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz /   768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 1.355 kbps

ENTR ACTE

Taille du Disque : 45,304,548,040 bytes
Taille du Film : 6,493,102,080 bytes
Durée : 0:23:40.669
Total Bitrate: 36.56 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 31,84 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 31842 kbps / 1080p / 23.976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz /  1343 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz /   768 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz /  1522 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz /   768 kbps / 24-bit)

Par Benoit Rivière - le 31 décembre 2020