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Test blu-ray
Image de la jaquette

Nosferatu, fantôme de la nuit

BLU-RAY - Région B
Gaumont
Parution : 23 septembre 2010

Image

Restauration ne rime pas avec trahison, puisque l’image de ce blu-ray respecte la photographie d’origine : la définition est satisfaisante, spécialement sur les gros plans, et se sort plutôt bien des séquences sombres, soit les deux tiers du film. On notera que les stock shots sont un peu plus abîmés, mais c’est malheureusement inévitable. Compte tenu de la difficulté à restituer une photographie aussi singulière, basée sur des philtres et une palette de gris, l’image de ce blu-ray est appréciable. .

Son

Les rumeurs qui avaient couru avant la sortie de ce titre se sont avérées exactes : ce blu-ray n’offre que la version française. Gaumont s’en est expliqué : elle ne dispose que des droits d’exploitation pour le territoire français, or Nosferatu a été tourné en deux langues – voir les bonus de l’édition Anchor Bay. Le coût de la transmission des éléments par la Werner Herzog Filmproduktion a été jugé prohibitif par rapport au potentiel commercial de ce titre. Jugeons donc ce que nous avons : une piste sonore tout à fait satisfaisante, dynamique, où dialogues et musique sont nettement séparés. On notera que Klaus Kinski, Isabelle Adjani, Roland Topor et Jacques Dufilho ont assuré leur propre doublage, en revanche la voix de Dominique Paturel attribuée à Bruno Ganz pourra faire tiquer. Certains trouveront même que la post-synchronisation ajoute à l’étrangeté du film. À chaque lecteur de décider si cette unique piste lui suffit ou pas.

Suppléments

Voyage au pays de l’indicible – 38 mn : Respectivement chef maquilleur et preneur de son sur Nosferatu, Dominique Colladant et Harald Maury racontent un tournage qui les a visiblement marqués : ils se souviennent d’une ambiance presque artisanale et chaleureuse, comme lorsque Herzog interrompait le travail pour convoquer l’équipe autour d’un énorme téléviseur diffusant les matchs de la coupe du monde de football. Mais ils parlent aussi de moments plus étranges, tels la virée de Werner Herzog et de Bruno Ganz en Autriche, attendant que les sapins des montagnes tchèques se couvrent de neige, ou le cinéaste plongeant dans les flots de la Mer du Nord. Des propos qui n’amélioreront certes pas la réputation de réalisateur dangereux que se traîne Herzog depuis trente ans, mais qui n’en sont pas moins intéressants. Ayant travaillé avec Kinski, Serge Moatti se souvient du comédien, qui lui rappelle « ces enfants morts-nés hantant les limbes ». Mais les propos les plus intéressants viennent d’Anne Martin : spécialiste du cinéma allemand de l’entre deux guerres, elle dessine un parallèle entre le film de Murnau et celui de Herzog, dégageant tout ce qui fait l’intérêt de cette relecture.

Klaus Kinski, la métamorphose – 21 mn : La première rencontre entre Reiko Kruk et Klaus Kinski sur La Chanson de Roland s’est mal passée, l’acteur allemand en furie clamant qu’il n’avait nul besoin de maquillage. Pourtant, elle a réussi à l’apprivoiser en lui expliquant que, tout comme lui, elle avait besoin de travailler. Séduit, c’est lui qui amènera la jeune maquilleuse sur le projet Nosferatu, Herzog s’intéressant peu à la question du maquillage. Avec Dominique Colladant, elle raconte comment ils ont refusé de se référer au grimage de Max Schrek pour proposer quelque chose d’original et d’organique. Il a fallu là encore convaincre Kinski, qui voulait se contenter de deux incisives – qu’il a allègrement plantées dans le cou d’Isabelle Adjani – mais s’était tout de même rasé la tête. La réussi te de son maquillage tient en partie à l’utilisation d’un produit utilisé dans le théâtre kabuki.

Histoire(s) de vampire – 11 mn : Gérard Lenne retrace l’origine du vampire moderne, et raconte comment Bram Stoker a mêlé la mythologie fantastique européenne au personnage historique de Vlad Tepes, dit Vlad l’empaleur. Il évoque comment le personnage de Dracula a fait ses premiers pas à l’écran, tout d’abord de façon cachée dans le Nosferatu de Murnau – la production n’ayant pu s’acquitter des droits d’auteurs, des modifications de lieux et de noms furent effectuées -, puis de façon plus officielle sous la direction de Tod Browning.

Tous ces suppléments sont présentés en haute définition.
Bande-annonce : Très belle bande-annonce française, toute en photogrammes, comme celles de Suspiria ou Scarface.

Test du blu-ray : Franck Suzanne

Matériel utilisé : lecteur Sony PS3 relié en HDMI à un projecteur tri-LCD Sanyo Z5 et en optique à un ampli Yamaha DSP-A5 couplé à des enceintes JM Lab Chorus.

Par Franck Suzanne - le 26 septembre 2010