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Test blu-ray
Image de la jaquette

Nos héros réussiront- ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ?

BLU-RAY - Région A, B, C
M6 Vidéo
Parution : 7 novembre 2018

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Attention, Blu-ray exceptionnel. C’est d’autant plus une surprise qu’il s’agit ici d’un film de 1968 plutôt rare et peu connu dans la carrière d’Ettore Scola. M6 Vidéo annonce un master restauré 2K ; non seulement il n’y a pas tromperie sur la marchandise mais, en plus, nous avons sûrement affaire à un scan récent d’un négatif original en bon état suivi d’un traitement démontrant un très grand soin dans le travail de restauration. Quand on observe le film tel qu’il nous est présenté, tous les curseurs sont au vert : stabilité parfaite, propreté extraordinaire, définition régulière et d’une très grande précision (autant sur les plans larges que sur les plans rapprochés et les gros plans), absence de traitement numérique dégradant, encodage sans aucun défaut. Surtout, ce Blu-ray témoigne d’un profond respect pour la texture argentique du film avec un « rendu cinéma » d’une grande beauté. Les couleurs apparaissent parfaitement naturelles (et fidèles au style photographique de l’époque), douces, nuancées et joliment saturées (sans excès ni dominantes). Enfin, un piqué fabuleux d’ensemble s’accompagne d’une gestion magnifique des contrastes avec des hautes lumières souvent poussées mais jamais explosées et des noirs profonds laissant entrevoir des détails. Bref,  on a beau chercher la petite bête, nous sommes ravis de rester bredouilles. Exceptionnel, on vous dit !

Son

Le son a lui aussi été restauré, même si le résultat impressionne moins que pour l’image. Le Blu-ray propose deux mixages mono de très bonne facture et avec des caractéristiques assez proches. La version italienne comme la version française ont été nettoyées (aucun souffle ni effets disgracieux) et présentent une belle clarté générale même si les aigus sont très prononcés. Les bandes-son ont logiquement une ouverture limitée mais la musique arrive à se déployer convenablement, l’écoute n’est jamais étriquée. La VI est mixée à plus fort volume mais cela ne l’avantage en rien. Comme les deux pistes ont été postsynchronisées, les voix italiennes ne sont pas plus harmonieuses avec les ambiances - même si celles-ci se détachent mieux, la VF est plus étouffée - donc ceux qui voudraient profiter de la voix de Bernard Blier peuvent sans souci se tourner vers la VF.

Suppléments

Cette édition propose, dans un beau digibook, le Blu-ray et le DVD du film ainsi qu’un livret illustré de 24 pages rédigé par le journaliste de cinéma Laurent Bourdon.

De la BD au grand écran par Charles Berberian (19 min 38 - 16/9 - DTS-HD stéréo - HD - 2018)
Fameux auteur de bandes dessinées, Berberian se charge d’établir des comparaisons entre la BD et le film d’Ettore Scola. Il présente d’abord la bande dessinée Mickey et le dingo Tarzan (Topolino e il Pippotarzan - 1957/58) de Romano Scarpa qui a servi de modèle à Scola. Pour Berberian, il s’agit avant tout d’un détournement de la part du cinéaste et non pas d’une véritable adaptation. Il évoque « l’image d’impérialisme américain » qu’avait Disney chez les gauchistes de l’époque et aborde la scène qui « lance le film dans sa vocation anticolonialiste ». Il admire beaucoup ce long métrage à la fois drôle et acide et affirme y retrouver la « fantaisie européenne » (un mélange de poésie et de ludisme) de la bande dessinée, mais il insiste aussi sur le fait qu’il y a plus d’humanité dans les personnages du film que dans l’œuvre originale. Berberian poursuit plus particulièrement sur la mise en scène de Scola et son désir de réaliser ce film, qu’il oppose aux travaux de Joseph Losey pour Modesty Blaise et de Roger Vadim pour Barbarella qu’il juge très sévèrement. Le seul « film pop » adapté d’une BD qu’il sauve de cette époque est le Batman camp de 1966. Enfin, cette interview lui donne l’occasion de présenter son livre Cinérama - une sélection des meilleurs plus mauvais films du monde, concernant des œuvres qui l’ont marqué enfant. Manifestant une solide indépendance d’esprit, il évoque sa formation à rebours de la culture académique, rejette le cloisonnement et refuse de se laisser dicter ses goûts au cinéma. Voilà donc un entretien plutôt instructif, qui permet en outre de découvrir un artiste peu disert, qui devient encore plus chaleureux quand ce dernier évoque son frère cinéaste, Alain Berberian, disparu en 2017.


Une rencontre particulière, une rencontre avec Ettore Scola (52 min 35 - 1.85 - DTS-HD stéréo - VOST - SD)
Il s’agit d’un film de Roberto Giannarelli extrait de la collection Italian Portraits, qui convie le cinéaste à parler de la comédie italienne et de son cinéma en général. Ses interventions sont illustrées par un grand nombre d’extraits de différents films (principalement les siens) et le documentaire revient régulièrement sur des images du tournage de Concurrence déloyale (2001). Sont interviewés également le scénariste Luciano Ricceri, le directeur artistique Ezio Di Monte, et les acteurs Sergio Castellito et Diego Abatantuono. Scola se prête à l’exercice avec sérieux et un certain détachement aussi. Il aborde son genre de prédilection avec ses ambitions sociétales et la petite bourgeoisie dépeinte dans leurs œuvres, ainsi que son début de carrière où il a commencé par imiter ceux qu’il aimait (Monicelli, Risi…) et l’enseignement qu’il a tiré des cinéastes. Sont abordés grosso modo sa collaboration avec les scénaristes (surtout Ruggero Maccari, son  grand complice) et son très libre processus d’écriture (il a l’habitude de faire de nombreux dessins) ; le tournage en lui-même (il préfère tourner en intérieurs, estimant que son cinéma est théâtral, psychologique), souvenirs à l’appui ; et bien entendu les comédiens puisqu’il considère qu’il pratique « un métier de paresseux » qui doit s’appliquer à établir le lien entre les acteurs et le public.


Ettore Scola a appris à accorder autant d’importance aux personnages féminins que masculins et aime réserver des rôles à contre-emploi à ses acteurs et actrices. Il évoque sa façon de les diriger et développe ses impressions sur plusieurs d’entre eux comme Vittorio Gassman, Alberto Sordi, Marcello Mastroianni, Fanny Ardant, Stefania Sandrelli. Scola se méfie de « la recherche de style », affirmant que « le style, c’est l’authenticité du récit. » Même sans développer - hélas - il évoque aussi trois éléments clés de son cinéma : l’unité d’espace, les voyages qui transforment ainsi que le temps. Certains films cités se détachent par leur importance respective au sein de sa carrière : Trevico-Turin, Nous nous sommes tant aimés !, Affreux, sales et méchants, Une journée particulière, La Terrasse, La Famille ou Le Voyage du Capitaine Fracasse (avec ses décors naturels construits en studio). Le citoyen Scola s’exprime aussi et parle de ses engagements, de la vieillesse et du passage du cynisme à la mélancolie, de sa satisfaction devant la disparition des idéologies. Loin d’apparaître comme un vieil aigri, il manifeste plutôt de l’espoir pour les générations futures. Ce portrait en creux constitue la pièce maîtresse des suppléments ; et si nous aurions aimé en découvrir bien plus sur le cinéma d’Ettore Scola, il conserve un vrai intérêt du fait des propos tenus par l’artiste lui-même et de ses nombreuses confidences.


Bandes-annonces (1.33 - VOST - HD)
Deux films-annonces (3 min 54 et 2 min 07) de Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ? sont proposés. Ils sont de très bonne qualité technique.

Par Ronny Chester - le 25 juin 2019