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Test blu-ray
Image de la jaquette

Les Naufrageurs des mers du sud

BLU-RAY - Région A, B, C
Elephant Films
Parution : 25 septembre 2018

Image

Treize années après une première sortie en DVD, voici que l'éditeur Elephant Films nous propose Les Naufrageurs des mers du Sud en haute définition, et c'est avec joie qu'on accueille cette édition puisque la splendeur visuelle de ce film réalisé par Cecil B. DeMille méritait bien un tel traitement. Dans l'ensemble, le résultat fait plaisir à voir mais on devra bien s'arrêter sur certains points qui minorent la réussite de ce Blu-ray. La première bonne nouvelle concerne la colorimétrie ; le DVD de 2005 "poussait les curseurs à fond", à savoir que les valeurs de luminosité, de couleur et de contraste - si elles pouvaient nous séduire à l'époque - tendaient à dénaturer l'image par leur caractère outrancier. En revanche, le Blu-ray actuel restitue un aspect bien plus naturel et une plus grande précision des teintes au Technicolor trichrome de cette époque ; on regrettera seulement que les trois bandes colorées du procédé (correspondant aux trois négatifs originels) ne soient pas parfaitement alignées, ce qui génère l'apparition d'un fin liseré autour des personnages et des objets. Cela dit, ce problème n'est pas trop gênant pour le confort visuel et s'observe surtout en vidéo-projection (si on met bien l'œil dessus). Ce souci renseigne sur l'ancienneté relative de ce master certes restauré. Ancienneté qui se remarque aussi via la définition relative de la copie. Nous avons certes affaire à de la HD (bien visible grâce au beau rendu des étoffes, des matières ou des cheveux) mais l'image reste assez douce en général avec un piqué variable selon les plans. Le master conserve heureusement une certaine patine argentique même si le grain a été atténué - on notera l'usage du Edge Enhancement pour pallier une image relativement lisse. La compression à la mode Elephant fait parfois des siennes avec des fluctuations, mais on a vu bien pire sur d'autres éditions. Les contrastes, quant à eux, sont assez probants mais avec une gestion des basses lumières irrégulière suivant les scènes. Enfin, si la copie affiche une propreté plutôt correcte dans l'ensemble, on remarquera l'existence de points blancs épars, mais cela n'est en rien rédhibitoire. En résumé, la plus-value avec l'ancien DVD est considérable, ce Blu-ray rend justice à la beauté du film mais les dernières techniques en matière de restauration HD nous ont habitué à mieux. Cela dit, rien que le rendu superbe de la fameuse séquence sous-marine avec le calamar géant justifie l'achat de cette édition.

Son

La version d'origine d'époque est en très bon état, les voix sont clairement définies, la piste montre un bel équilibre entre les différentes sources sonores et même une dynamique appréciable pour un mono de bonne qualité même si limité eu égard à la période de tournage. La version française est aussi limpide de son côté mais alors... C'est bien simple, on a l'impression d'assister en direct au doublage dans la cabine de postproduction tellement les voix sont déconnectées de l'image (au  niveau du relief comme de leurs textures). Le déséquilibre est patent sur tous les plans, avec d'un côté les doubleurs et de l'autre le reste du spectre sonore assez étouffé. Bref, la VO est à privilégier absolument.

Suppléments

Le Blu-ray se lance avec la présentation très succincte (1 min 23) par Jean-Pierre Dionnet de la salve de six œuvres réalisées par Cecil B. DeMille et édités en Blu-ray par Elephant Films en 2018 sur supports Blu-ray (quatre) et DVD (deux) : Le Signe de la croix (1932), Cléopâtre (1934), Les Naufrageurs des mers du Sud (1942), La Loi de Lynch (1933), Les Tuniques écarlates (1940) et Les Conquérants du nouveau monde (1947).

Cecil B. DeMille par Jean-Pierre Dionnet (10 min 11 - 16/9 - DD 2.0 - 2018)
Secondé par quelques extraits de films (Le Signe de la Croix, Cléopâtre), Dionnet, fervent admirateur du cinéaste, expose en une dizaine de minutes les raisons de son admiration pour DeMille, créateur du « metteur en scène roi » et homme aux succès ininterrompus. Après un bref aperçu biographique de ce pionnier de Hollywood (le premier à tourner un long métrage de 60 minutes), il relative les discours d'amour et de haine qui ont jalonné la carrière du réalisateur-producteur en insistant sur les éminentes qualités de son œuvre (son audace, son inventivité, son avant-gardisme à l'époque du muet) et sur son « hypocrisie magnifique » (le grand conservateur puritain aimant signer des séquences coquines et sa façon de contourner la censure). Dionnet rappelle aussi ses audaces techniques (il a fait fabriquer la première caméra silencieuse et des micros pour la prise de son en direct) et ses références picturales. Enfin, selon lui, DeMille est un cas unique du fait de conjuguer des succès populaires immenses avec un cinéma exigeant ; sur ce dernier point, on se permettra de citer d'autres cinéastes pouvant remplir cette définition. Cela dit, la passion, la drôle élégance et l'œil pétillant de Dionnet font toujours autant d'effet.

Le film par Jean-Pierre Dionnet (12 min 08 - 16/9 - DD 2.0 - 2018)
Dionnet s'appesantit ici un peu plus sur le film qui nous concerne. Après avoir rappelé très brièvement la trame scénaristique, qui selon lui comporte une histoire d'une grande richesse malgré une simple histoire d'amour, le facétieux critique évoque plusieurs des comédiens au centre de cette production : Paulette Goddard, membre de la toute petite « sous-colonie des Frenchies de Hollywood », l'autoritaire Raymond Massey, ici le méchant du film donc le vrai héros pour Dionnet, l'élégant Ray Milland, Charles Bickford et sa fameuse personnalité colérique, Hedda Hopper, « actrice frustrée » et commère de Hollywood ultra républicaine et nocive, et bien sûr John Wayne. Pour ce dernier, il insiste sur le rôle prépondérant de La Rivière rouge de Howard Hawks (son jeu d'acteur impressionna même John Ford) qui orienta la carrière de Wayne vers plus de complexité. Enfin, est abordée la célèbre scène du combat des scaphandriers contre le poulpe rose due à Gordon Jennings, grand spécialiste des effets spéciaux à la carrière pléthorique, que Dionnet remercie chaleureusement. Cette présentation des Naufrageurs des mers du Sud, même sous l'angle éminemment sympathique de Jean-Pierre Dionnet, ne nous apprend pas grand-chose sur ce film. Et l'on regrettera également la longueur trop importante des quatre extraits qui illustrent ce supplément.


Cecil B. DeMille : le géant d'Hollywood (10 min - 4/3 - 2008 - SD)
Ce court documentaire est une production Universal datant de 2008, il convie plusieurs personnalités américaines à s'exprimer sur Cecil B. DeMille et sur la nature de ses œuvres. Sont interviewés : Richard Jewell, historien du cinéma, Patricia King Hanson de l'American Film Institute, Cecilia DeMille Presley, sa petite-fille, Robert Birchard, auteur du livre Cecil B. DeMille's Hollywood, Richard Schickel, historien et critique de cinéma, et Gary Smith, auteur de l'ouvrage Epic Films. Ils retracent succinctement l'itinéraire de l'artiste, le premier cinéaste à devenir une célébrité (chose qu'il tournait lui-même en dérision), celui qui a grandi avec la lecture régulière de la Bible par son père et au sein d'un milieu théâtral, un passionné d'aviation qui est devenu acteur, auteur de pièces puis s'est associé avec Samuel Goldwyn pour tourner comme débutant The Squaw Man en 1913, le premier long métrage hollywoodien. Profondément croyant, réalisateur très exigeant sur les tournages, il connaît une orientation de carrière considérable grâce à l'énorme succès du Signe de la croix dont il aurait fourni la moitié du budget. On évoque ses audaces malgré la censure imposée par le code Hays, ses tournages monstrueux. L'imposant succès des Dix Commandements est vu un peu par les intervenants comme l'arbre qui cacherait la forêt d'une filmographie plus riche et ambitieuse. Considéré comme le roi des épopées, le nom de DeMille est évidemment synonyme de grand spectacle, d'action, d'aventure et de romance. Beaucoup d'informations sont données dans ce documentaire, dont certaines déjà connues, et plusieurs pistes sont exposées mais sa brièveté l'empêche d'explorer celles-ci en détail. Dommage car on bénéficie en outre de nombreuses photos et images d'archives. Intéressant mais, frustrant.



Bandes-annonces
On trouve dans cette section les films-annonces des six films de la collection Cecil B. DeMille : Le Signe de la croix (1 min 31), Cléopâtre (4 min 14), La Loi de Lynch (2 min 44), Les Conquérants du nouveau monde (1 min 40), Les Tuniques écarlates (1 min 40) et Les Naufrageurs des mers du Sud (1 min21) - ces trois derniers en version française.

Galerie photos
Il s'agit d'un court diaporama muet de 3 minutes présentant 24 photos en noir et blanc de très bonne qualité.

Par Ronny Chester - le 18 octobre 2018