Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin

John Carpenter est décidément à l'honneur en cette fin d'année. Après la déferlante des éditions StudioCanal, le Français L'Atelier d'images s'est procuré la toute dernière restauration en date du film de Carpenter. Jack Burton a été récemment restauré en 2K pour un résultat extrêmement satisfaisant, proposé pour la première fois au monde en Blu-ray. La copie est d'une grande stabilité, immaculée, bénéficie d'un très bon niveau de détail et d'une définition convaincante (les gros plans sont d'une belle précision). Les contrastes sont assez équilibrés, souvent détaillés, et le grain répond présent, en quantité minimale mais suffisante. La colorimétrie est surtout plus naturelle, plus cohérente avec la source photochimique : c'est la grande différence avec la précédente restauration en Blu-ray, sortie en 2009 aux USA (2010 en France), puis reprise avec quelques améliorations minimes chez Arrow, en Angleterre, en 2013, dont l'étalonnage paraît aujourd'hui trop retravaillé, avec un ajout conséquent de magenta. L'époque n'est plus au bidouillage gratuit puisque même les Américains, malgré un certain degré de réappropriation de l'étalonnage d'origine, se rapprochent petit à petit des véritables nuances de la pellicule. On remarquera enfin que l'image est plus complète, avec davantage d'informations et un ratio qui respecte mieux les proportions : les personnages sont moins étirés, plus fins.

comparatif BR Arrow (2013) vs. BR L'Atelier d'images (2018) :    1   2   3   4   5

La bande-son est particulièrement efficace, tant en VO qu'en version française, avec des différences minimes. Tout a été nettoyé, il n'y a pas de souffle ou de distorsions sonores, les dialogues sont très clairs et le mixage paraît équilibré entre les effets et les ambiances. On notera une bonne spatialisation d'ensemble et une belle restitution de la musique. La piste isolée du score de Carpenter et Alan Howarth n'a pas été reprise.

L'Atelier d'images a vraiment soigné le visuel de son édition des Aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin, en proposant le film dans un très beau steelbook au design signé Paul Shipper (les menus sont également composés dans le même esprit).

L'éditeur reprend une grande partie des suppléments produits par Arrow pour son édition sortie en Angleterre en 2013 : une série d'entretiens au contenu honnête mais finalement plutôt redondant quand on les visionne à la suite, la faute à des questions assez classiques, qui restent en surface et sont surtout identiques d'un intervenant à l'autre. Nous referons donc la remarque habituelle (elle s'adresse évidemment davantage à Arrow qu'à L'Atelier d'images) : plutôt que de proposer une liste de suppléments longue comme le bras, au contenu répétitif, rien ne vaut le module unique, plus conséquent et rythmé, qui croise les différents propos de façon fluide et plus complète...

Retour à Little China (13 min - 1080p)
Quelques minutes d'entretien avec le réalisateur John Carpenter qui revient de manière très succincte, à chaque fois, sur le film ("le script le plus génial et le plus dingue que j'avais jamais lu"), ses rapports avec le studio (ils espéraient Indiana Jones, ils n'en ont été que plus désagréables), le casting ou la composition de la bande originale. Il évoque aussi les films de kung-fu (comme La Main de fer), à la fois spectaculaires et "mabouls mais empreints de liberté", ou le statut de film culte que Jack Burton a acquis au fil des années ("grâce à son côté dingo, je pense"). Dommage que les questions n'aient pas été plus fouillées...

Dans la peau de Jack Burton (21 min - 1080p)
L'acteur Kurt Russell parle de sa filmographie avec John Carpenter qui a propulsé sa carrière en avant (cela a commencé dès Elvis), et la complicité qui les unit ("on était jeunes et on s'éclatait"). Il explique comment il a créé Jack Burton ("inventer un personnage inédit"), étoffé son caractère pour en faire (avec Carpenter) ce cow-boy fanfaron et maladroit, mélange de Jack Nicholson et John Wayne, et la façon dont ils ont improvisé des gags ou des situations sur le tournage. Il évoque ses partenaires, dont Dennis Dun, qui a tenu le film à bout de bras, et raconte longuement la façon dont Jack Burton dans les griffes du mandarin, "un film avec une certaine mentalité", a été enterré par le studio au moment de la sortie : "un vrai sabotage".

Carpenter et moi (16 min - 1080p)
Un entretien avec le directeur de la photographie Dean Cundey qui parle, lui aussi, de sa collaboration avec John Carpenter, de leurs exigences communes ("utiliser la caméra pour raconter une histoire") en évoquant Halloween, un film marquant dans sa carrière, New York 1997 et sa "réalité exacerbée", ou The Thing, "un grand moment". Menant leurs carrières en parallèle, ces artistes habitués aux petits budgets se sont accomplis avec des moyens grandissants et ont fini par prendre des chemins opposés, Carpenter revenant après Jack Burton aux productions plus modestes tandis que son directeur de la photographie continuera de voir plus grand (Apollo 13, Jurassic Park). Cundey évoque Jack Burton, "un film américain de kung-fu" dont il admire les décors de John Lloyd ("pour moi une grande révélation"). Il parle de son travail "sans en faire trop" pour créer "un univers qui puisse exister", et se souvient de Kurt Russell, l'un de ses acteurs préférés au travail, quelqu'un "sans aucune prétention".

Produire Jack Burton (16 min - 1080p)
Le producteur Larry J. Franco revient sur son long partenariat avec John Carpenter, engagé comme assistant (sur Elvis, grâce à son beau-frère Kurt Russell) puis passé producteur pour le réalisateur, quelques années plus tard. Il évoque le tournage de New York 1997, le projet Charlie (Firestarter) dont ils furent éconduits à huit semaines du début des prises de vues, et la production de Jack Burton, "la goutte d'eau qui a fait déborder le vase" dans les rapports du réalisateur avec les studios ("ils n'en avaient rien à faire"). Franco se souvient du casting pour les trois guerriers de la tempête et parle des qualités de réalisateur de John Carpenter : "un vrai orfèvre" qui "avait tout compris"...

Mettre en scène Les Aventures de Jack Burton (13 min - 1080p)
Jeff Imada, cascadeur spécialisé dans les arts martiaux (et aujourd'hui réalisateur de 2e équipe) évoque sa collaboration avec John Carpenter sur Jack Burton, "film révolutionnaire" et "en avance sur son temps", qui a été mal vendu au public. Il raconte quelques anecdotes sur les combats (il en a tourné une bonne dizaine sur le film, déguisé d'une manière différente à chaque fois), le tournage des scènes à effets spéciaux, ou les acteurs James Hong ou Kurt Russell ("quelqu'un de génial").

Commentaire audio de John Carpenter et Kurt Russell (VOSTF)
Le réalisateur et son acteur principal se plient à l'exercice du commentaire audio avec une certaine efficacité, même si la "conversation entre potes" prend régulièrement le dessus. Car de vieux amis se retrouvent et cela se ressent immédiatement : le ton est enthousiaste, moqueur, parfois sérieux mais toujours avec le sourire. Ils parlent des méthodes de tournage, la façon qu'a Carpenter d'improviser à partir du storyboard en fonction des acteurs et des décors, l'importance du scénario et de raconter une histoire. Ils évoquent des souvenirs de production (parfois entendus dans les entretiens précédents), des explications sur les trucages, la logique du personnage de Jack Burton, les mauvais souvenirs de la sortie du film, voire même leurs carrières (Russell avouant la devoir au succès de la vidéo). Il rient surtout d'eux-mêmes et de leurs films - qui ne sont compris, selon eux, que des années plus tard. Un vrai bon moment.

On trouve également les suppléments de l'édition Fox, sortie en 2009 :

2 scènes coupées (3 min 04 - SD - VOSTF) et des 8 scènes alternatives (28 min - SD - VOSTF), issues d'une vidéo de la copie de travail.

Featurette d'époque (8 min - SD - 4/3 - VOSTF) comprenant des interviews des acteurs, du réalisateur John Carpenter, du créateur d'effets spéciaux Richard Edlund, de la costumière April Ferry, avec quelques images du tournage (un détail toujours appréciable).

Clip vidéo (4 min - SD - 4/3) de la chanson titre du film interprétée par The Coupe de Villes, groupe formé par John Carpenter.

Bandes-annonces (2 min 47 - SD + 54 s - SD - 4/3 - VOSTF)

Entretien avec Richard Edlund (14 min - SD - 4/3 - VOSTF)
Le créateur des effets spéciaux du film explique la fabrication de certains trucages, comme la tête luisante de Lo Pan et son ampoule de 1000 W qui créait de la fumée au bout de quelques secondes. En parlant du monstre des égouts, il regrette que certains effets nécessitent autant de temps de préparation pour un résultat à l'écran qui dépasse à peine quelques secondes, avouant juste après que des exemples comme Alien montrent que moins on en voit, meilleur est l'impact sur le spectateur ! Enfin, Edlund évoque, entre autres, l'aspect artisanal du métier et le manque de culture cinématographique des jeunes générations de techniciens des effets spéciaux (notamment numériques). Les propos sont abondamment illustrés de photographies très parlantes. Un document très intéressant.

Galerie de photos (18 min - HD), avec une tonne de documents photo, sans doute dénichés par l'ami Jérôme Wybon dans ses nombreuses archives...

Taille du Disque: 48 172 955 135 bytes
Taille du Film : 22 717 298 688 bytes
Durée : 1:39:50.234
Total Bitrate: 30,34 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 24,11 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 24116 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 2004 kbps / 16-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 2043 kbps / 16-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Audio: English / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 192 kbps / DN -4dB
Subtitle: French / 0,275 kbps
Subtitle: French / 48,418 kbps
Subtitle: French / 100,631 kbps