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Test blu-ray
Image de la jaquette

Les Amants du Capricorne

BLU-RAY - Région B
L'Atelier d'images
Parution : 2 avril 2019

Image

Les Amants du Capricorne est présenté dans sa toute dernière restauration 4K, moins d'un an après l'édition américaine sortie chez Kino Lorber. L'amélioration est indiscutable par rapport au DVD paru en 2006 : luminosité retrouvée, ratio moins écrasé, cadres plus aérés, précision et détails accentués, piqué de l'image parfois impressionnant et grain fin respecté. La colorimétrie est également beaucoup plus fidèle aux teintes d'origines, sans dérives magenta abusives, même si le rendu final pourra décontenancer. En effet, le procédé Technicolor a été utilisé avec une pellicule parfois peu sensible à certaines teintes : la palette de couleurs apparaît donc de temps en temps un peu réduite, avec une saturation qui pourra sembler bien modérée dans certains plans aux visages plutôt pâles.

comparatif DVD Universal (2006) vs. Blu-ray L'Atelier d'Images (2019) :
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Mais malgré toutes ces améliorations, l'impression générale est encore décevante puisque cette restauration, même en 4K, reste incomplète (on saluera d'autant plus les laboratoires et ayant-droits français qui, eux, investissent systématiquement dans des travaux complets). On notera d'abord que la copie n'a pas été complètement nettoyée, qu'il persiste encore quelques fines rayures, poussières et points blancs réguliers, et que l'image n'a pas été suffisamment stabilisée (certains passages subissent de nerveux tremblement latéraux). Mais surtout, le rendu du Technicolor n'est pas optimal : les travaux ont été effectués par Universal qui, on le sait maintenant depuis plusieurs sorties récentes en Blu-ray, adopte un procédé moins complet et moins coûteux pour restaurer ses films en Technicolor. Les Amants du Capricorne a été tourné à partir de trois négatifs couleur (rouge-vert-bleu) que l'on superposait au tirage pour créer un négatif composite. Pour des restaurations prestigieuses (Ben-Hur), certains studios, comme Warner, se permettent de scanner séparément chaque négatif pour les aligner ensuite idéalement grâce aux technologiques numériques. Universal "se contente" à la place de créer une copie photochimique : soit à partir du négatif composite restauré, soit en fabricant une nouvelle copie dans une tireuse, à partir des trois négatifs restaurés. Dans tous les cas, la méthode (mécanique) fonctionne rarement de façon parfaite et crée malheureusement quelques défauts supplémentaires. Ainsi, comme pour Les affameurs, on constate que l'alignement des couleurs n'est pas régulier, et loin d'être optimal. Cela provoque des contours colorés (rouge et verts, essentiellement) tout en affaiblissant également la finesse du trait (puisqu'il est presque dédoublé) : l'image perd en précision, et pas seulement à cause des (nombreuses) imperfections de mise au point. L'absence de contrôle numérique occasionne également d'infimes pulsations de luminosité et de colorimétrie : la densité des négatifs d'origine reste instable et certains plans voient leur balance des blancs glisser légèrement, mais heureusement de façon presque imperceptible.

Son

La version originale bénéficie d'une piste son de bonne facture, nettoyée, avec des voix très claires qui ont échappé à l'usure du temps. On remarque un très léger souffle en arrière-plan, suffisamment discret pour ne pas gêner le visionnage. Le mixage reste assez équilibré, conforme aux choix et aux techniques de l'époque, avec par exemple une petite faiblesse technique dans la restitution de la musique, proche de la saturation et à l'amplitude mesurée. La version française d'époque reste aussi correcte mais fait parfois son âge, certains passages n'ayant visiblement pas subi de restauration particulière. Le son est couvert, masquant du souffle potentiel mais supprimant également toute subtilité dans les ambiances et, parfois, la musique. Surtout, on notera à plusieurs reprises, comme à partir de 1h 18 min, une distorsion en boucle assez désagréable et plutôt tenace...

Suppléments

L'Atelier d'images nous propose une belle série de suppléments :

Un cinéma de signes (30 min - SD)
Interrogé par Robert Fischer en 1999, Claude Chabrol raconte sa relation avec Alfred Hitchcock, comment il est devenu l'un de ses premiers "apologistes" avec la bande des Cahiers du cinéma, les premiers journalistes à le prendre vraiment au sérieux, à démontrer qu'il était "bien autre chose qu'un simple fabricant de film de suspense". Il revient sur quelques anecdotes, certaines devenues célèbres comme la fameuse interview débutée par un bain glacé, ou sa participation sabordée au film Topaz. Chabrol raconte sa collaboration avec Eric Rohmer pour un livre (devenu lui aussi célèbre) plein d'un "délire d'interprétation" qui n'en était finalement pas, et parle avec admiration du cinéaste, "l'un des plus grands inventeurs de forme de toute l'histoire du cinéma", comme de l'homme et de ses mystères - notamment dans le livre d'entretien avec Truffaut où il ne se dévoile jamais, ou à propos de son dernier scénario, non tourné, qui trahit l'importance de sa sexualité refoulée. Un très bon moment avec un Chabrol jovial et malicieux. Certains extraits de cet entretien ont été utilisés pour un documentaire (également signé Robert Fischer) disponible dans le coffret Hitchcock, sorti chez Carlotta.

Présentation de François Truffaut (5 min - SD upscalé en 1080i)
Diffusé en introduction du cycle Alfred Hitchcock au "Ciné-club de la 2e chaîne" en 1975, François Truffaut, interrogé par Claude-Jean Philippe, revient sur les raisons pour lesquelles Hitchcock méprisait le film tandis qu'il était porté aux nues par les cinéphiles. Il explique le plaisir de jeu palpable d'Ingrid Bergman et le tournage en plan séquence.

Présentation de Patrick Brion (9 min - 1080i)
Il ne s'agit pas de l'introduction du film au Cinéma de Minuit d'FR3 mais, comme un joli clin d'oeil, d'une rapide évocation des Amants du Capricorne par l'autre grand passeur du cinéma classique de la télévision française. Patrick Brion revient sur ce film "extrêmement curieux, désorientant" et "sinistre", qui reprend les thèmes chers d'un cinéaste tout en expérimentation, notamment sur la couleur.

Entretien François Truffaut & Alfred Hitchcock (13 min - 1080i)
Extraits du célèbre entretien entre les deux cinéastes à propos des Amants du Capricorne. On sent que Hitchcock en a gros sur le coeur, qu'il est encore très déçu par l'échec au box office et la (sans doute) mauvaise affaire pour sa maison de production (c'était un film très coûteux). Il se juge amèrement, regrette son comportement "juvénile" sur ce projet monté pour la superstar Ingrid Bergman, et pointe certaines erreurs comme l'histoire "ni suspense, ni thriller", et le scénario de son ami Hume Cronyn, grand acteur mais écrivain "amateur". Truffaut le laisse exprimer sa déception puis énonce quelques beaux contrepoints artistiques, comme l'évolution des caractères ou les "long shots", remarquant que comme pour Vertigo, Hitchcock semble ici tellement absorbé par l'histoire qu'il en oublie le public...

Bande-annonce des Amants du Capricorne (1 min 58 s - 1080i - VOSTF)

Un "espace découverte" propose enfin les bandes-annonce d'autres sorties de l'éditeur : Le chien des Baskerville (2 min 02 s - 1080i - VOSTF), Le Roi de coeur (1 min 41 s - 1080p), Le casse (3 min 09 s - 1080p) et un extrait de La dynastie des Forsyte (1 min 24 s - SD)


En savoir plus

Taille du Disque : 35 207 251 816 bytes
Taille du Film : 26 288 369 664 bytes
Durée : 1:56:57.885
Total Bitrate: 29,97 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 24,93 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 24935 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1578 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1621 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Subtitle: French / 0,055 kbps
Subtitle: French / 62,001 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 19 avril 2019