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Test blu-ray

Le Triomphe de Buffalo Bill

BLU-RAY - Région B
Sidonis / Calysta
Parution : 9 septembre 2019

Image

Sur la jaquette du Blu-ray, l’éditeur annonce une « image restaurée » ; pour ce film plutôt rare et jamais paru sur support DVD en France, l’accroche faisait drôlement envie. Hélas, on doit déchanter devant le rendu général de ce transfert HD. Le master n’a clairement pas bénéficié des dernières techniques de restauration. Déjà on aurait apprécié que la copie présentât une propreté exemplaire, ce qui est loin d’être le cas en raison de quelques défauts de pellicule non traités. Mais il faut avouer que cela ne gâche pas vraiment la vision du film. En fait, la principale déconvenue est relative à l’alignement défaillant des trois bandes du Technicolor trichrome, le résultat est connu : l’apparition d’un liseré coloré autour des objets et des personnages. Cette gêne visuelle a heureusement tendance à s’estomper sur la durée du long métrage mais on ne peut s’empêcher d’avoir l’œil dessus quand on en a pris connaissance, notamment en vidéo-projection. De son côté, la définition varie du correct au légèrement flou, même si la haute définition fait normalement son œuvre. On aurait aimé pouvoir disposer d’un meilleur piqué compte tenu de nos attentes. Les contrastes sont en revanche profonds et l’aspect argentique a été maintenu. Enfin, pour ce qui est de la colorimétrie, facteur essentiel de cette production (de plus, les filtres sont largement utilisés par le directeur de la photographie), si le chatoiement attendu n’est pas tout à fait au rendez-vous, le Technicolor présente des couleurs chaudes et séduisantes. En conclusion, on retiendra que ce Triomphe de Buffalo Bill, film peu connu au demeurant, bénéficie d’une sortie HD bienvenue mais aussi que le résultat n’est pas à la hauteur du support.

Son

Ce Blu-ray propose deux pistes sonores, anglaise et française, dotées du même mixage DTS-HD MA mono 2.0. Dans les deux cas, nous avons affaire à des bandes-son propres et claires, sans souffle disgracieux, même si peu dynamiques. La version originale présente bien sûr un mono plus ouvert, mieux équilibré entre toutes ses sources, avec des ambiances plus présentes et une musique bien mise en valeur. La version française est plus confinée, place les voix (trop aiguës) très en avant et sacrifie un peu la musique et les ambiances. Cela dit, compte tenu du doublage un peu ridicule et forcé dans son jeu d'acteur, il vaut mieux de toute façon privilégier le mixage original.

Suppléments

Le disque nous accueille par une longue bande-annonce alléchante (6 min 37) présentant diverses sorties de l’éditeur. Il y a d’abord dans la collection Westerns de légende déjà disponibles en combo Blu-ray / DVD : A l’ombre des potences, La Vallée maudite, Ton heure a sonné, Les Desperados, La Vallée de la peur, La Pampa sauvage, Kansas en feu, L’Homme aux colts d’or, L’Aventurier du Texas, La Flèche brisée, La Dernière flèche ; et en DVD : Le Bandit et Sierra. On trouve ensuite le Coffret encyclopédique du Film noir comprenant 20 films en DVD, l’ouvrage de Patrick Brion et un jeu de photos d’exploitation. Suivent les sorties de septembre 2019 : Le Traquenard des sans-loi (DVD), La Chevauchée de l’honneur (DVD), Les Chevaliers du Texas (combo BR/DVD), Le Triomphe de Buffalo Bill (combo BR/DVD), La Femme qui faillit être lynchée (combo BR/DVD) ; les sorties d’octobre 2019 : La Nuit des morts-vivants (1990) en digibook BR, un cycle Charles Bronson (avec Les Baroudeurs en DVD, Un justicier dans la ville et Un justicier dans la ville 2 en BR) ; et les sorties de novembre 2019 : Le Train sifflera trois fois (digibook BR/DVD), Les Rivaux du rail (combo BR/DVD), Le Bourreau du Nevada (combo BR/DVD). Enfin, une quinzaine de coffrets de fin d’année sont annoncés regroupant nombre de sorties en DVD et Blu-ray.

Présentation par Bertrand Tavernier (21 min 16 - 16/9 - DD 2.0 - 2019 - HD)
D’emblée, le cinéaste français semble nous prévenir qu’il ne faut pas en attendre trop de ce Triomphe de Buffalo Bill sinon un film divertissant et agréable à voir, mettant en avant le côté flamboyant de Heston qui apporte « une ironie chaleureuse » contrairement à sa raideur habituelle. Il nous présente ensuite le réalisateur Jerry Hopper, révélé par Le Vol du secret de l’atome, un artiste sur lequel il s’est peu penché. Le scénario est ensuite abordé et Tavernier s’amuse à démonter ses erreurs historiques au milieu d’un script ménageant beaucoup d’intrigues et péripéties et au sein d’un traitement somme toute classique (pour les Indiens notamment). Il parle  justement de « la création d’un monde parallèle dans l’Ouest ». Il s’arrête un moment sur Charles Marquis Warren, scénariste et metteur en scène, un personnage singulier aux réussites diverses qu’il apprécie pour sa personnalité et sa carrière étonnante. Puis il défend le point de départ du film centré autour du rapprochement de l’Ouest et l’Est des USA par le courrier afin de pallier les velléités sécessionnistes, « la poste comme facteur d’unification d’un pays » est un thème qui l’intéresse au premier abord. Bertrand Tavernier exprime son admiration pour le comédien Forrest Tucker, parfait en contrepoint de Heston. Avouant un faible pour la sculpturale rousse Rhonda Fleming, Il évoque la fameuse scène de bain entre les deux héroïnes, il est vrai émoustillante, et rappelle que Le Triomphe de Buffalo Bill montre tout de même une inventivité formelle dans quelques scènes extérieures.


Présentation par Patrick Brion (10 min 25 - 16/9 - DD 2.0 - 2019 - HD)
Comme à son habitude, Patrick Brion commence par faire un bref rappel de l’année 1953 et de ses westerns fabuleux (ce genre était très prestigieux à l’époque). Pour lui, ce film rare que constitue Pony Express est avant tout l’occasion de mettre le jeune Charlton Heston en valeur dans le rôle de Buffalo Bill, héros légendaire du Far West. Brion décrit la formidable invention qu’était le Pony Express pour l’époque mais, comme Tavernier, il insiste aussi sur les arrangements et les raccourcis historiques effectués par le film réalisé par Jerry Hopper (sur lequel il ne dit pas grand-chose). Cela dit, il défend le scénario de Charles Marquis Warren qui s’améliore avec la narration, ainsi que son aspect politique (la volonté de sécession des Californiens). Attention, il vaut mieux visionner cet entretien après avoir vu le film car Brion ne peut s’empêcher de dire un énorme spoiler. Enfin, le créateur du Cinéma de Minuit termine par une défense enflammée de Charlton Heston en rappelant les prises de position de l’acteur en faveur des droits civiques dans les années 60, et ce afin de faire oublier les calomnies dont il fut victime à la fin de sa vie pour avoir présidé la tristement célèbre NRA.


Charlton Heston, acteur polyvalent (46 min - 4/3 - DD 2.0 - 1995 - SD)
Il s’agit d’un documentaire à la forme typiquement américaine - élogieux, déclamatoire, à la fois didactique et dynamique - réalisé par Gene Feldman en 1995, soit 13 ans avant le décès de l’acteur. La personnalité forte, indépendante, probe de Charlton Heston constitue l’essence de ce document qui se propose de raconter, en s’arrêtant sur des évènements marquants, le cheminement tant personnel que professionnel de cette énorme star. Illustré par des images et des photos rares, l’intérêt du documentaire est de donner la parole directement à Heston ; sont aussi interviewées quelques personnes bien choisis afin de concentrer le propos sur des thèmes bien précis concernant la personnalité et la carrière de Heston : son ami universitaire L.J. West, sa fille Holly Heston Rochell, son épouse Lydia Clarke Heston, le producteur Walter Seltzer, l’acteur Gregory Peck et les actrices Martha Scott, Nina Foch, Janet Leigh et Carroll Baker. Une enfance solitaire dans le Michigan, des parents divorcés, un parcours dans une grande université (avec son importante section théâtrale) qui façonna son développement personnel, la rencontre à la fac avec celle qui restera son épouse jusqu’à la fin, des débuts à Broadway dans les années d’après-guerre dans de nombreuses pièces de Shakespeare, ses débuts dans des programmes de télévision en direct à la fin des années 40 (comme toute une nouvelle génération de comédiens), son premier film qui l’amena à être repéré par Cecil B. DeMille pour tourner Sous le plus grand chapiteau du monde (1952), sa première grande production.



On fait connaissance avec un homme réfléchi, cultivé, proche de sa famille, sûr de ses principes et de ses choix - il a longtemps présidé le syndicat des acteurs. En outre, bénéficiant du fait de ne pas avoir eu de contrat d’exclusivité, il a pu travailler pour plusieurs médias. Avant tout intéressé par les personnages historiques et ceux qui échouent avec panache, Charlton Heston, ne faisant jamais de compromis avec son intégrité pour choisir ses rôles, a participé à des œuvres mémorables qui jalonnent un parcours exceptionnel (avec beaucoup de cinéastes incontournables) qu’égrène ce documentaire : Les Dix Commandements, La Soif du mal, Les Grands espaces, Ben-Hur, Le Cid, Major Dundee. L’audace de ses choix est également rappelée : La Planète des singes, Le Seigneur de la guerre, Will Penny, Khartoum, Soleil Vert (tournage durant lequel il noua une relation profonde avec un Edward G. Robinson mourant). La problématique de ses dernières positions politiques (le soutien pour des candidats très conservateurs, puis pour la NRA) comparées à celles plus anciennes est enfin soulevée, au grand étonnement de Gregory Peck qui rappelle tout de même que Heston fut l’un des premiers à participer aux marches pour les droits civiques aux côtés de Martin Luther King.



Bande-annonce (2 min 17 - 4/3 - DD mono 2.0 - SD)
Bien que présenté en noir et blanc et avec des contrastes trop poussés, ce film-annonce affiche une qualité technique correcte. Qui plus est, avec les synthés lyriques et la voix-off enthousiaste, nous voici replongés à l’époque désuète mais plaisante des bandes-annonces naïves et enflammées.

Par Ronny Chester - le 16 novembre 2019