Le Journal d'une femme de chambre

Initialement sorti en coffret fin 2017 puis à l'unité quelques mois plus tard, Le Journal d'une femme de chambre a bénéficié d'une bonne restauration, sans doute à partir d'un scan plus ancien qui a été retouché pour l'occasion. Bien qu'on sente encore quelques petites limites techniques, dans le niveau de détail ou la précision des contours par exemple, le résultat reste encore très correct. On notera que la photographie est d'origine un peu filtrée, occasionnant des halos autour des éléments clairs. Les éléments photochimiques sont de bonne qualité, à quelques légères moisissures ponctuelles près, en bord de cadre. La copie est stable et complètement nettoyée. Hormis quelques rares pulsations de contraste, l'étalonnage est plutôt efficace, la palette de gris est solide. Le grain est discret, sans doute un peu atténué, mais encore palpable. Des conditions de visionnage plutôt convaincantes.

La piste française, restaurée et entièrement nettoyée, offre un rendu clair et détaillé, avec un bel équilibre entre les voix cristallines et la présence palpable des ambiances. Aucune dégradation due au temps, pas de sifflantes, saturations ou souffle gênant. Le film est également proposé avec un doublage allemand très correct, là aussi nettoyé et dénué de souffle.

StudioCanal a fait un bel effort éditorial pour les films du coffret Buñuel, chacun étant accompagnés de nombreux suppléments.

Un ange dans les marécages (27 min - SD)
Reprise d'un excellent documentaire produit pour l'édition DVD de 2005. Après un rapide survol du parcours international de Luis Buñuel, c'est une brillante et limpide analyse du film, sous des dehors parfois un brin austères, qui en décode les figures et le scénario, aidé par la parole toujours pertinente du co-scénariste Jean-Claude Carrière. On revient sur le travail d'adaptation du roman de Mirbeau, lecture de jeunesse du cinéaste, qui substitue le regard subjectif de Célestine, dans le livre, à celui des auteurs, pour le film. Buñuel y déploie sa vision cinglante d'une bourgeoisie étouffante et d'une "humanité régressive et bestiale", avec une héroïne qui perd peu à peu ses repères et sera "récupérée". C'est l'un de ses films les plus sombres, peignant un monde sans rêves, "trop étriqués qu'ils ne valent pas la peine d'être filmés."

Entretien avec Jean-Claude Carrière (25 min - 1080p - VOSTF)
Interrogé en anglais sur chacun des 6 films du coffret auxquels il a participé, Jean-Claude Carrière revient sur Le Journal d'une femme de chambre, leur première collaboration et film qu'il "aime de plus en plus" pour son juste dosage de mépris et d'affection envers ses personnages. On retrouve quelques éléments du premier supplément, lorsqu'il raconte les circonstances de sa rencontre avec Buñuel, pendant le Festival de Cannes, mais cela est très vite enrichi par des anecdotes sur leurs sessions de travail, comment ils se sont apprivoisés l'un l'autre, Carrière nous rapportant au passage quelques leçons d'écriture ("écrire un film, c'est le découvrir"). Il revient sur certains changements effectués par rapport au texte de Mirbeau et notamment sur la transposition dans les années 30, époque où Luis Buñuel vivait à Paris, qui a été agrémentée d'une peinture de la bourgeoisie de province, "un monde étrange" qui n'existe plus aujourd'hui et dont les caractéristiques principales annoncent Le Charme discret de la bourgeoisie...

Luis Bunuel : esthétiques de l'irrationnel (52 min - 1080i - VOSTF)
Nouvelle rencontre avec Jean-Claude Carrière, décidément très sollicité sur ce Blu-ray, pour une Masterclass à l'Institute of Contemporary Arts de Londres, en novembre 2015. S'il y a encore pas mal de redondances avec les précédents modules, puisque Carrière est questionné sur les mêmes sujets et répète encore les mêmes anecdotes - heureusement à chaque fois un peu plus enrichies, le plaisir du spectateur est toujours intact face à une telle érudition et une si grande modestie. Interrogé par le critique Jonathan Romney puis par le public, Jean-Claude Carrière revient sur sa rencontre avec Buñuel, l'écriture du Journal d'une femme de chambre ("passer d'un langage à un autre") et s'arrête sur leurs petites habitudes de travail : "un entrainement pour l'imagination" où ils se racontaient quotidiennement leurs rêves, s'inventaient des histoires ou apostrophaient Henri et Georgette, deux spectateurs invisibles qui ne les quittaient pas. Carrière parle du rapport de Buñuel à la musique (dont ses films étaient dépourvus, il était sourd) et évoque l'approche du cinéaste à la mise en scène, une "adaptation à sa propre idée de la narration", grâce à un outil (qu'on vous laisse découvrir) inventé par Jerry Lewis. Jean-Claude Carrière répète également une belle anecdote sur Jeanne Moreau concernant la direction d'acteurs (Buñuel savait prendre ce que l'acteur pouvait lui donner, lui apporter), évoque le rapport du cinéaste à la psychanalyse ("un nouveau continent en nous-même") et conclut sur la fin politique.

Taille du Disque : 40 694 584 928 bytes
Taille du Film : 25 508 333 568 bytes
Durée : 1:37:22.208
Total Bitrate: 34,93 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 30,79 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 30792 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: German / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1315 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 937 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: German / 30,835 kbps
Subtitle: English / 26,993 kbps
Subtitle: German / 0,028 kbps