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Test blu-ray

Le Grand McLintock

BLU-RAY - Région All
Paramount
Parution : 20 mai 2014

Image

Le Grand McLintock a souvent été exploité de façon misérable sur support DVD, et l’on a longtemps pensé que son statut d’œuvre tombée dans le domaine public lui nuirait pour le restant de ses jours. Or, Paramount avait déjà sorti en son temps (et sans publicité) un DVD d’excellente facture, avec une copie pimpante et des suppléments intéressants. Depuis, la HD a fait ses preuves et le support Blu-ray a de nouveau démontré une multiplication d’éditions autour du film. Olive Films, éditeur américain consciencieux, a sorti un très bon Blu-ray (zoné A, sans sous-titres français) et Sidonis, en France, a également sorti sa propre édition de ce petit classique du genre western. A noter par ailleurs que Sidonis s’est vraisemblablement servi du matériel utilisé par Olive, ce qui explique la forte similitude technique de leurs éditions d’un point de vue « image & son ».

Malgré tout, la meilleure édition demeure sans conteste celle présentée par la Paramount aux USA. Le Blu-ray, non zoné et pourvu de sous-titres français, propose clairement le meilleur confort, ainsi que la meilleure palette de suppléments.

Comparé au matériel utilisé par Olive, Paramount a procédé à une restauration plus minutieuse. Il faut dire que la major américaine a pu accéder directement au matériel original encore détenu par la Batjac (la société de production créée par John Wayne en son temps). Le Blu-ray Olive présentait certes une copie propre, nettoyée et visuellement convaincante, mais aussi trop granuleuse, globalement trop pâle, ainsi que sensiblement déséquilibrée concernant la colorimétrie (les scènes d’extérieur en pâtissant un peu plus), sans compter un manque notable de précision dans plusieurs plans. Or, il suffit de voir dérouler ce nouveau transfert pour comprendre instantanément à quel point le travail de Paramount fait la différence.

Le nettoyage a été très soigneusement effectué. Les scènes d’extérieur sont proprement flamboyantes : les plaines, les vallées, le bétail, les chevaux, les ciels... L’ensemble est superbe, et les couleurs magnifiquement saturées. Le niveau de détail est bluffant, y compris sur les objets et arrière-plans parfois peu valorisés, notamment au niveau du tournage lui-même (focales utilisées, choix de plans...). La texture de l’image est extrêmement naturelle, disposant d’un grain cinéma net et peu envahissant. La compression n’a par ailleurs aucun mal à se faire oublier, d’autant que le transfert ne montre quasiment pas une seule trace de pixellisation. Même les séquences nocturnes ne présentent aucun défaut, avec une palette de noirs convaincante, jamais bouchée (aussi bien pour les prises extérieures que pour les prises intérieures, offrant ainsi une heureuse harmonie). Les tenues vestimentaires sont également bien soutenues, ce qui n’était pas forcément gagné au vu des choix chromatiques assez tranchés lors du tournage : le vert côtoie le rouge et le bleu (des éléments sur lesquels la différence avec le Blu-ray de chez Olive devient cruelle). Il est d’ailleurs assez étrange de constater le léger aspect « pop » qui se dégage de ces choix. Pas de doute, les années 1960 sont bien là. Et au fond, on avait d'ailleurs presque oublié à quel point Le Grand McLintock disposait d'une telle tenue plastique !

Le niveau de saturation est parfait, les nuances précises (les chemises à carreaux ou prises en léger contre-jour ne « vrillent pas » à l’écran), la stabilité indiscutable. Aucune griffure, aucun bruit vidéo. Reste un transfert Blu-ray de très haute tenue et qu’il est dommage de ne pas retrouver sur tous les films de John Wayne pour l’instant édités chez Paramount. On se situe ici légèrement au-dessus du niveau des transferts de True Grit et de Big Jake (tous deux superbes à bien des égards), un bon cran au-dessus de ceux de Rio Lobo et d'El Dorado (le premier, fatigué, et le deuxième très beau mais trop dégrainé) et carrément hors de propos si l’on songe à celui de Hatari ! (propre, mais non restauré et proposant une expérience HD décevante malgré de non négligeables qualités).

Quand on sait que cette édition du Grand McLintock en Blu-ray chez Paramount reste en outre la moins chère du marché, il n’y a plus à hésiter.

Son

Côté son, l’éditeur propose le choix entre deux pistes originales. Une version Dolby True HD 2.0 visiblement de bonne tenue (car à peine effleurée lors du test de ce Blu-ray) et surtout une version Dolby True HD 5.1 très bien mixée. Nous n’attendions évidemment pas un spectre sonore digne des plus grands films de l’époque, mais les effets et l’ambiance générale profitent très bien de la restauration également effectuée par le studio à ce niveau-là. Les bruits sont bien définis, les voix ressortent bien (toutefois sans jamais prendre le pas sur l’ambiance)/ Ce n’est pas un mixage de rêve ni de démonstration, mais le travail rendu s’avère suffisamment efficace pour profiter du spectacle comme il se doit. A noter que la version française présente sur le disque s’en sort plutôt bien, avec une bonne stabilité et une pêche acceptable, en dépit du fait qu’elle ne peut rivaliser une minute avec l’une des deux pistes originales proposées. Des sous-titres français présents et relativement bien traduits (les anglophones apprécieront toutefois les traductions hasardeuses concernant de nombreuses répliques pourtant faciles à retranscrire autrement...)..

Suppléments

Les suppléments se répartissent ainsi :

Un commentaire audio assuré par Leonard Maltin (historien du cinéma américain), Michael Wayne, Michael Pate, Maureen O’Hara, Stefanie Powers, Frank Thompson ainsi que le très sympathique Andrew V. McLaglen. L’honnêteté nous pousse à avouer que nous ne l’avons pas écouté jusqu’au-bout, mais plutôt parcouru. Il en ressort trois qualités indéniables : beaucoup d’anecdotes (de tournage, mais aussi concernant John Wayne de façon générale), un rythme soutenu (il ne se passe jamais une minute complète à l’écran sans que quelqu’un n’ait quelque chose à raconter) et une compilation agréable de points de vue variés. Certains frôleront peut-être l’indigestion s’ils ne connaissent pas l’exercice (un bon commentaire audio est un commentaire fourni, intéressant et dynamique), et le trop plein d’informations aurait parfois tendance à saturer l’écoute... Mais cela reste une belle réussite. Leonard Maltin survole le commentaire d’un bout à l’autre. Les autres participants sont plus occasionnels.

Une introduction effectuée par Leonard Maltin (3 min)
Sorte de "Patrick Brion américain", Maltin est néanmoins toujours un peu lisse dans ses propos, et trop consensuel. Les quelques infos ici seront reprises et bien plus débattues dans le commentaire audio. Un bonus parfait néanmoins pour celles et ceux qui souhaiteraient en savoir le minimum et ne pas passer trop de temps sur la section suppléments.

Le making of de McLintock !, découpé en trois parties (pour une durée totale de 41 min environ).
La première partie se concentre sur l’histoire de la Batjac, le rôle de Michael Wayne en tant que producteur et la vie de John Wayne durant cette époque. La deuxième partie permet aux actrices encore présentes de s’exprimer sur le tournage et de livrer de fameuses anecdotes (même si celles-ci semblent souvent reprises par le commentaire audio). L’occasion de voir une Maureen O’Hara toujours pleine de feu et de flamme. Nous aurons une pensée émue pour elle, l’actrice étant décédée très récemment. Gageons qu’elle est partie rejoindre son meilleur ami, John Wayne, pour quelque partie d’échecs et quelque verre échangé. La troisième partie revient sur les cascades du film, le rôle des cascadeurs et les techniques de John Wayne dans l’art de la bagarre à l’écran (redoutable). Un ensemble idéal pour compléter son plaisir après le visionnage du film.

Un petit documentaire (7 min) revient sur les robes du film. L’intervenante prend très au sérieux son sujet. Dispensable, mais sympathique.

Un trop court module (2 min) permet à deux cascadeurs d’expliquer comment faire une bonne bagarre à l’écran. Un point de vue plus long, suivi de démonstrations directes, aurait été plus intéressant. Anecdotique.

Une galerie de photos vient compléter cette sélection de suppléments, ainsi que la bande-annonce originale du film (un document d’époque toujours aussi précieux). A noter qu’il s’agit là des deux seuls suppléments proposés en HD.

Par Julien Léonard - le 2 juillet 2016