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Test blu-ray
Image de la jaquette

L'Assassin habite... au 21

BLU-RAY - Région All
Gaumont
Parution : 18 septembre 2013

Image

Avec l'édition préalable du film dans la collection Gaumont à la demande (c'est-à-dire dans un master n'ayant bénéficié d'aucune restauration particulière), il était assez facile d'obtenir, sinon un point de comparaison, en tout cas une idée de la différence entre ce dont l'éditeur et les laboratoires Eclair, chargés de la restauration, disposaient, et ce qu'ils en ont fait. Incontestablement, le comparatif souligne la qualité du travail - manifestement d'une grande ampleur - fourni au moins sur deux aspects fondamentaux.

Le premier, et non des moindres, concerne l'état du film en lui-même, et notamment la question des photogrammes manquants, sur laquelle revient un des suppléments du Blu-ray (voir plus bas). Entre un film malmené, en partie mutilé, et le master extrêmement propre qui nous est proposé ici, nous avons parfois l'impression de redécouvrir certaines qualités en partie oubliées du film (notamment dans la qualité de la photographie ou la fluidité des mouvements de caméra).


Edition DVD "Gaumont à la demande" 2011                             Edition Blu-Ray "Gaumont Classiques" 2013

Le deuxième, visible d'évidence sur le comparatif ci-dessus, concerne la vigueur d'images ayant manifestement connu une cure de jouvence, sans toutefois un abus excessif des liftings numériques qui peuvent parfois affecter les restaurations actuelles. Le grain originel a ainsi été somme toute préservé, et la texture globale est ainsi satisfaisante. Les noirs ont été débouchés et les blancs revigorés (quitte à ce qu'ils paraissent parfois un peu trop laiteux), sans que cela n'affecte la photographie contrastée d'Armand Thirard.

S'il le faut vraiment, c'est peut-être au niveau de la définition que l'on peut se permettre de faire la fine bouche : quelques flous, à la périphérie de l'image, proviennent bien entendu du tournage et non de la restauration, mais on peut parfois déplorer un certain manque de piqué. Toutefois, un rapide comparatif nous a permis de constater que cette édition n'avait rien à envier au Blu-ray britannique de la collection Masters of Cinema (MoC) édité par Eureka Entertainment à partir du même scan. Tout bien pesé, compte tenu de l'ancienneté du film, de son parcours et des masters qui avaient jusqu'alors circulé, le gain qualitatif offert par cette restauration est indéniable.

Son

Si l'on prend en compte les inévitables effets du temps, qui imposent certaines limites, il s'agit probablement du meilleur résultat que l'on pouvait espérer : la bande (DTS-HD Master Audio mono) est impeccable, dépourvue de sons parasites, et l'équilibre entre la musique et les dialogues est toujours maintenu. On se souvient par exemple, en voyant le film dans d'autres conditions, que la voix haut-perchée de Suzy Delair chanteuse avait parfois tendance à saturer, il n'en est rien ici. Et quel bonheur d'entendre avec une telle clarté la voix grave et distinguée de Pierre Fresnay réciter de tels dialogues !

Suppléments


Le morceau de choix est un documentaire de près de 40 minutes, Signé Clouzot !, réalisé par Pierre-Henri Gibert, dont la longueur et la diversité des intervenants permettent d'aborder l'essentiel des anecdotes relatives au film : des historiens ou des personnalité du monde du cinéma viennent rappeler le début de carrière de Clouzot, son contrat au sein de la Continental et la genèse du film ; des proches de Suzy Delair évoquent le caractère unique de leur amie ; des participants au tournage témoignent de leur relation avec Henri-Georges Clouzot, réputé tyrannique sur ses tournages mais qui savait s'avérer charmant (témoignage du sympathique couple formé par Josette et Jean Pieuchot)... On y apprécie notamment la clarté et la précision de Claude Gauteur, auteur d'un ouvrage sur le cinéaste, qui détaille les différences entre le roman de Steeman et l'adaptation cinématographique, ou les points de vue de Serge Bromberg ou de Jean Cosmos, qui viennent souligner judicieusement quelques unes des grandes lignes de force du cinéma de Clouzot. Plus inégale est la contribution d'un Pascal Thomas hirsute, qui balance ponctuellement quelques généralités un peu gratuites (« Tous les tuberculeux sont des cyniques et des queutards... »). A noter un montage habile, qui rebondit d'un intervenant à l'autre et illustre avec pertinence le propos de ceux-ci grâce à des extraits choisis du film. 


Un deuxième supplément, plus bref (8 minutes) mais au moins aussi intéressant pour qui s'intéresse à la restauration des films, s'intitule L'Assassin restauré, et voit Ronald Boullet (des laboratoires Eclair) et André Labbouz (de Gaumont) évoquer les difficultés propres à la restauration de L'Assassin habite au 21. Pédagogues face à un intervieweur volontiers naïf (dommage que la prise de son concernant celui-ci soit parfois insuffisante), ils précisent les bases de leur travail, et les différentes étapes ayant mené à l'établissement de ce nouveau master. Y sont bien sûr - brièvement - évoquées des questions comme l'étalonnage, la texture de l'image ou le grain, mais le problème majeur soulevé est celui des photogrammes manquants, illustré par l'exemple dans une séquence à la gendarmerie, où l'on découvre qu'un apparent jump-cut venait de l'absence de plusieurs images dans un plan unique.

Par Antoine Royer - le 17 septembre 2013