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Test blu-ray
Image de la jaquette

L'Assassin

BLU-RAY - Région B
Carlotta
Parution : 6 mars 2013

Image

Carlotta nous propose une restauration très soignée : image extrêmement propre, stable, niveau de grain équilibré et définition qui, sans être tranchante, est suffisamment convaincante. Seule petite ombre au tableau : les contrastes n'ont pas été assez poussés. Le niveau des noirs est un tout petit peu insuffisant, on sent régulièrement qu'ils manquent de profondeur. Si ce détail est acceptable dans les scènes lumineuses, il se remarque davantage pendant les scènes d'intérieur. Il suffit alors de modifier légèrement les réglages de votre écran. Du fait de ces noirs qui ne le sont jamais totalement, on remarque un léger effet de postérisation (banding) pendant un fondu au noir, au début du film.

Les laboratoires qui ont restauré L'Assassin ont choisi de ne pas modifier certains défauts inhérents à la prise de vues, comme des reflets sur l'optique de la caméra qui apparaissent parfois, discrètement, tout en haut de l'image. On pourra éventuellement regretter qu'ils n'aient pas non plus gommé les quelques poussières de projection, en bas du cadre, qui attirent l'oeil à deux ou trois reprises. Mais ce sont des détails minimes face à la qualité de la restauration.

Son

La partie sonore a également été restaurée. Il reste encore un très léger souffle et l'on peut remarquer, dans les scènes dénuées de musique et de sons d'ambiance, un infime bourdonnement. Le rendu général est cependant très fidèle au mixage d'origine. Aucune saturation n'est à déplorer.

Suppléments

Outre deux bandes-annonces (l'une d'époque, l'autre à l'occasion de la ressortie du film dans les salles françaises en Juin 2012), le disque propose deux suppléments faisant intervenir l'éminent Jean A. Gili, spécialiste es-cinéma italien.

Le premier est un dialogue d'une quinzaine de minutes avec Paola Pegoraro Petri, la veuve du cinéaste, dans lequel on est tout de suite frappé - notamment dans le choix de ne pas se faire face mais de partager, côte à côté, le même canapé - par la complicité qui les unit, à tel point qu'elle finit par lui dire, au détour de la conversation : "tu le connaissais mieux que moi sur ce point". Ils évoquent ainsi l'époque pendant laquelle Petri aura achevé sa première réalisation, ses liens avec Tonino Guerra, Salvo Randone, le regard (ou plutôt l'absence de regard) que le cinéaste portait sur ses propres films, etc... dans un échange aussi pédagogique qu'intime. Dommage, toutefois, que la conversation s'achève de façon aussi abrupte.

Dans le deuxième supplément, intitulé Coupable Innocence, Jean A. Gili se prête à un exercice dans lequel il excelle, celui de l'analyse historique et critique. Dans un module finement réalisé, qui illustre notamment de façon sobre et pertinente les propos de l'historien avec de brèves images du film, et en faisant oeuvre constante de pédagogie, il inscrit le film dans son contexte du début des années 60, époque qui marque l'achèvement du néo-réalisme et l'émergence de toute une génération de cinéastes forts en caractère (Petri, Rosi, Pasolini...). Il s'attarde également de façon tout à fait convaincante sur la figure du policier incarné par Salvo Randone, notamment pour sa rigueur morale, héritée des années de fascisme. Enfin, il démontre comment le personnage principal de L'Assassin (première réalisation d'Elio Petri) annonce la suite de la carrière du cinéaste, et notamment le célèbre Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon. Le tout en un petit quart d'heure, avec une fluidité et une efficacité réelles. De la belle ouvrage.

Par Stéphane Beauchet (technique) et Antoine Royer (suppléments) - le 3 avril 2013