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Test blu-ray

Irma la Douce

BLU-RAY - Région B
Rimini Editions
Parution : 24 avril 2018

Image

Billy Wilder est décidément très sollicité ce printemps puisque Rimini a l'excellente initiative de proposer Irma la Douce, un autre de ses classiques, pour une première mondiale en Blu-ray. Seulement, comme c'était déjà le cas avec La Garçonnière, il y a quelques semaines, l'éditeur n'a pu mettre la main sur la toute nouvelle version 4K attendue prochainement chez Kino Lorber, aux Etats-Unis. Une annonce d'autant plus frustrante que la qualité du matériel pré-existant d'Irma la Douce, présenté sur ce Blu-ray, est nettement inférieure à celle que Rimini avait utilisée pour son édition de La Garçonnière. Les extraits d'Irma la Douce présents dans l'un des suppléments de ce disque proviennent du master d'origine, tel qu'il fut reçu par l'éditeur. Ils nous ont permis de vérifier que Rimini avait investi dans une retouche d'image supplémentaire, une intention louable pour un résultat qui est loin de nous avoir convaincu :

comparatif master d'origine/master retouché :   1    2

Cette restauration MGM est, à l'origine, techniquement très datée : malgré une colorimétrie vive et saturée, le scan pêche surtout par une définition assez douce, des contours moyennement précis, un niveau de détail très faible (très peu de textures dans les vêtements, par exemple) et une quasi-absence de grain. La copie n'est pas non plus tout à fait stable (certains brefs passages bougent beaucoup) ni tout à fait propre (il reste pas mal de points blancs et de taches). Rimini a donc fait le choix d'améliorer la précision du trait en accentuant artificiellement les contours. Une retouche qui, associée à une image sans détail et sans grain, donne un résultat très lissé, aux nombreux aplats sans texture et aux contours très accentués, pour un rendu qui manque cruellement de naturel - surtout dans les plans larges.

Si, à tout prendre, nous aurions préféré un léger nettoyage sans autre modification, le rendu est toutefois meilleur que celui du DVD sorti il y a maintenant trop longtemps, qui était jusqu'alors la seule édition disponible, et qui souffrait notamment d'un étalonnage froid et terne :

comparatif DVD MGM (2001) vs. BR Rimini (2018) :   1    2    3    4     5    6  7

Son

La version originale ne brille pas spécialement par son éclat : un rendu un peu couvert et une dynamique bien sage pour un mono correct, avec des voix suffisamment claires et des ambiances un peu discrètes. La piste a été nettoyée, sans souffle ou traces d'usure. La version française est équivalente, avec quelques craquements supplémentaires et surtout le plaisir de retrouver la voix du grand Roger Carel...

Suppléments

Conversation entre Mathieu Macheret et Frédéric Mercier (33 min - 1080i)
Suite des excellents échanges entre les deux journalistes du quotidien le Monde et du magazine Transfuge, entamés sur le Blu-ray de La Garçonnière, pour une discussion tout aussi dense et passionnante. Après une présentation et un rapide historique de ce projet qui "détricote les clichés", les deux comparses analysent l'oeuvre en profondeur, son "aspect plastique qui frappe l'oeil", sa "logique de saturation", "l'artifice qui suscite le vrai" dans une histoire où un héros "boy-scout" du cinéma américain se retrouve "dépucelé par le cadre européen". Le film révèle une "nouvelle conscience sexuelle du cinéma américain" où la sexualité devient un sujet et plus seulement une allusion, dans un "cycle fou" qui rend les personnages plus abstraits et moins empathiques, où le capitalisme est "parfaitement agencé avec le commerce du corps".


Photos revisitées (7 min - 1080i)
Le peintre architecte Didier Naert, ancien collaborateur du décorateur Alexandre Trauner dont il présentait le travail sur le Blu-ray de La Garçonnière, évoque cette fois-ci ses propres oeuvres, créées à partir des photos de repérage de Trauner, aux Halles, pour Irma la Douce. Naert s'est amusé à prolonger les perspectives et recréer un décor, comme pour un film. "Les photos sont comme des énigmes, porteuses d'imaginaire."


Naissance d'Irma la Douce (11 min - 1080i)
Laurent Valière, producteur de l'émission "42e rue" sur France Musique (et accessoirement co-auteur d'un excellent livre sur le film d'animation en France), raconte la création de la comédie musicale "argotique" d'Alexandre Beffort et Marguerite Monnot, en 1956, qui fut refusée par Edith Piaf ou Juliette Gréco, et finalement interprétée par Colette Renard et Michel Roux. Valière évoque les succès à Paris puis à l'étranger (à Londres plus qu'à Broadway), les récentes reprises au théâtre avec Clotilde Courau ou Nicole Croisille, et parle brièvement du film de Billy Wilder dont il regrette l'absence des chansons, éléments qui marquaient "la poésie des duos d'amour".


Bande-annonce (3 min 43 - SD) non sous-titrée.

Le Blu-ray est accompagné de Passe-passe sur le pavé parisien, un livret de 32 pages signé Marc Toullec. Le journaliste revient sur les origines théâtrales et la transposition au cinéma par Billy Wilder, sans les chansons - qu'il ne jugeait "pas nécessaires" - mais avec une musique qui décrochera l'Oscar ! Le film sera tourné en couleurs, à contre-coeur pour Wilder ("cela revient à filmer un juke-box"), pour une esthétique plus proche de la carte postale que du documentaire. Toullec raconte l'élaboration du casting et les pressentis Elizabeth Taylor, Marilyn Monroe ou Charles Laughton, les doutes de Wilder pour Jack Lemmon (qu'il jugeait "trop américain pour être crédible"), le travail préparatoire de Shirley McLaine pour "l'un des grands rôles de sa carrière" en "princesse d'un conte grivois", ou les décors d'Alexandre Trauner, les Halles et sa nourriture moulée sous vide, ou la reconstitution des rues parisiennes sur les plateaux de Los Angeles.

En savoir plus

Taille du Disque : 38 274 188 522 bytes
Taille du Film : 28 848 095 232 bytes
Durée : 2:23:01.990
Total Bitrate: 26,89 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 21,94 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 21943 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1636 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1634 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Subtitle: French / 27,873 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 14 mai 2018