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Test blu-ray
Image de la jaquette

Entre le ciel et l'enfer

BLU-RAY - Région B
Wild Side
Parution : 3 mai 2017

Image

La collection Kurosawa, les années Toho, qui s'achèvera bientôt, a souffert d'une qualité technique inégale selon les films. La réédition HD de Entre le ciel et l'enfer permet de remonter la moyenne grâce à une restauration convaincante. L'impression d'ensemble est plutôt bonne puisque l'image apparaît d'abord correctement définie, avec un trait certes un peu doux mais toujours honnête. L'ancienneté du scan limite cependant le niveau de détail et la précision, une finesse peu aidée par un grain malheureusement trop discret, voire souvent absent. C'est la plus grande faiblesse de cette restauration qui propose une image lissée, peu conforme à une source argentique. C'est bien dommage car le reste est plutôt bon : la copie est stable, très propre, avec des contrastes équilibrés et une belle dynamique entre les zones sombres et les parties très claires. Malgré des noirs manquant parfois de densité, et des blancs très (peut-être trop?) lumineux, les détails restent toujours visibles. Entre le ciel et l'enfer avait déjà édité en Blu-ray, c'était en 2011, aux Etats-Unis, chez l'incontournable Criterion :

comparatif Criterion (2011) vs. Wild Side (2017) :
1 2 3 4 5 6

Si le grain est cette fois plus présent et le rendu "cinéma" plus crédible, le matériel utilisé s'avère moins bon que la source de la restauration Wild Side, cette dernière se rapprochant davantage du négatif original. L'image du Criterion est, certes, moins lissée mais elle apparaît plus rugueuse, plus "brut", en tout cas beaucoup moins subtile dans les blancs (vite surexposés) et les noirs (rapidement bouchés) qui perdent beaucoup en détail. Un second comparatif, cette fois-ci par rapport aux précédentes éditions DVD sorties chez Wild Side entre 2003 et 2012, montrent une amélioration très spectaculaire. Non seulement, le Blu-ray français se défend face son équivalent américain, mais il enterre à plate couture ce qui était disponible chez nous :

comparatif DVD Wild Side vs. Blu-ray Wild Side (2017) :
7 8 9 10 11

Le DVD utilisait un master transcodé à partir d'une source en NTSC, avec pour conséquence principale un effet de "ghosting" (dédoublement des formes pendant les mouvements - captures 9 et 11) assez désagréable. La définition du DVD était très moyenne, sans parler de l'instabilité du cadre et de l'étalonnage assez sombre. Tout cela est désormais oublié : ce grand film est enfin visible dans des conditions encore améliorables, certes, mais largement recommandables !

Son

Entre le ciel et l'enfer est le premier film où Kurosawa a utilisé le son stéréo multi-pistes. Malheureusement, le master fourni à Wild Side n'est qu'en simple mono. Les caractéristiques sonores sont, par contre, excellentes : la piste audio a d'abord été complètement nettoyée de toute impureté ou trace du temps. Pas de souffle, aucun scratch, pas (ou peu) de sifflantes et de saturations. La restitution du mixage est même assez subtile, avec un rendu cristallin et des ambiances assez détaillées.

Suppléments

Présenté dans un très beau digibook, le film est inclus en combo Blu-ray et DVD (ne comprenant que le film). On trouve un livret de 66 pages (dont 21 de texte) écrit par le journaliste et écrivain de cinéma Frédéric-Albert Lévy. Dans Miroir à deux faces, Lévy s'attarde longuement sur le roman qui a inspiré le film, ses phrases "kurosawiennes", son auteur aux multiples identités. Très documenté, il analyse le film à travers l'esthétique du double (récurrente chez Kurosawa, Lévy en avait déjà parlé dans le livret des Bas-fonds) comme "moyen de poser des questions éthiques", revenant notamment sur la scène finale et ces deux personnages séparés par "une question de choix et non de circonstance." Malgré "l'extrême harmonie qui liait les deux hommes", le film annonce également la rupture à venir entre Kurosawa et Toshiro Mifune, l'acteur disparaissant pratiquement au bout d'une heure.

Le Blu-ray reprend les suppléments déjà édités par Wild Side en DVD entre 2003 et 2012 :


Le suspense selon Kurosawa (37 min - SD - 4/3)
Produit par la Toho pour son coffret consacré à Kurosawa, sorti en 2009 au Japon, cet épisode de la série "Masterworks" est entièrement consacré à Entre le ciel et l'enfer. On est ici moins dans l'analyse que dans l'évocation du tournage, illustré par de très nombreuses archives. Acteurs et techniciens racontent leurs souvenirs sur la fabrication du film, les tournages en plans-séquence, les décors en partie réels (à Yokohama), la scène du train tournée à huit caméras, la scène du bar où s'échange la drogue... Ce fut une production difficile, intense, notamment à cause de la méticulosité de Kurosawa qui allait jusqu'à diriger les voitures (équipées de projecteurs) sur un pont, à plusieurs kilomètres du plateau, dans le seul but de peaufiner un arrière-plan.


Entre le ciel et l'enfer selon Jean Douchet (15 min - SD - 4/3)
Le célèbre critique est interviewé sur "l'un des plus beaux polars qui soit". Douchet analyse le travail de Kurosawa, alors au sommet de sa gloire, en s'intéressant plus particulièrement à son utilisation du Cinémascope qui réduit les espaces, enferme ses personnages dans un "caractère horizontal" en utilisant les lignes perpendiculaires. En dehors du sens et des "résonances politiques précises", c'est "un vrai plaisir de l'oeil" : "virtuosité pure et perfection totale".

En savoir plus

Taille du Disque : 34 630 200 112 bytes
Taille du Film : 30 075 058 176 bytes
Durée : 2:23:40.862
Total Bitrate: 27,91 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 24,55 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 24557 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Japanese / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1851 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 22,723 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 23 juin 2017