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Test blu-ray
Image de la jaquette

Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ

BLU-RAY - Région B
Pathé
Parution : 10 septembre 2014

Image

Le film de Jean Yanne a été restauré en 2013 par Pathé et le laboratoire Eclair, et le moins que l'on puisse dire est que le résultat est plus que probant. En fait, on n'avait jamais vu Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ avec une telle qualité d'image depuis probablement le premier jour de sa sortie en 1982. Immédiatement on est impressionnés par la propreté et la stabilité du master 2K, de même que par la parfaite tenue des couleurs (lumineuses et joliment saturées). En règle générale, la définition est aux petits oignons avec un piqué magnifique : le grain de la peau, le relief des décors et des accessoires, le drapé des costumes, tout apparaît sous nos yeux avec force détail et précision. Cela dit, on doit poser un bémol ; probablement en raison d'un souci lors du tournage (ou alors au niveau de la conservation du négatif), certains plans posent problème en terme de définition : sur certains plans larges - en intérieur - les arrière-plans sont flous, et sur d'autres plans larges, américains ou rapprochés l'ensemble de l'image accuse une baisse de piqué. Les séquences en extérieur, en revanche, ne sont pas concernées par ce défaut. De leur côté, les contrastes sont très bien gérés avec du détail et de la profondeur dans les noirs. Tout au plus on pourrait reprocher une légère surexposition de l'image en général lors des scènes en extérieur ; il faudrait là aussi préciser que ce film n'est pas doté d'une photographie aux qualités artistiques manifestes, l'éclairage est plutôt uniforme comme si l'essentiel était de bien montrer à l'écran l'effort qui a été déployé pour la création des décors, des accessoires et des costumes. Enfin, la compression se révèle parfaite et la grain argenté bien présent (le lissage apparaît léger). En conclusion, pour les aficionados du film de Jean Yanne, ce Blu-ray devient une édition de référence.

Son

Restaurée de son côté par le laboratoire Le Diapason, la piste monophonique du film présente un confort d'écoute inédit (oublié le massacre en 5.1 du DVD datant d'il y a dix ans). Bien que jamais impressionnante par ses effets, même si la musique profite d'une belle ampleur acoustique, cette piste sonore DTS-HD MA se révèle très claire, nettoyée de tout artefact, sans souffle, et met parfaitement en valeur les voix (ce qui est l'essentiel pour un tel film). Bien que mono pour un film de 1982 entendant proposer un grand spectacle, la bande-son ne manque ni de profondeur ni de dynamique. Enfin, Pathé s'est montré très généreux avec cette édition : en plus d'un sous-titrage pour sourds et malentendants, ce Blu-ray propose une piste Audiovision destinée aux aveugles et malvoyants qui commente l'action entre les dialogues.

Suppléments

Le triomphe inattendu de Ben-Hur Marcel (59 min - 1.85 - DTS 2.0 - 2014 - HD)
Peut-être plus intéressant que le film lui-même, ce documentaire rétrospectif d'une heure est un modèle du genre, autant par ses qualités de narration que par le matériel image (photos diverses, extraits de tournage) proposé. Ecrit et réalisé par Jérôme Wybon, l'expert français numéro un dans ce genre d'exercice, ce documentaire nous raconte l'histoire du projet de ses origines à sa finalisation, et il le fait avec une fluidité exemplaire tant le nombre d'informations fournies parvient à s'imbriquer avec une efficacité redoutable grâce à un travail de montage quasi invisible. Wybon a convié cinq participants à son film : Bertrand Dicale, biographe de Jean Yanne ; Tarak Ben Ammar, coproducteur ; Pierre Grunstein, coproducteur ; Hervé De Luze, monteur ; et Jean-Pierre Vergne, assistant réalisateur. On retrouve également Jean Yanne interviewé sur le plateau du JT du 06/10/1982 d'Antenne 2, de même que sur un enregistrement radio.


A travers le récit, c'est la personnalité de Jean Yanne qui se fait jour avec ses ambitions, ses forces et ses faiblesses, ses coups de cœur et ses coups de gueule. Comme on nous le rappelle ici - et les téléphiles se souviennent -, Yanne aimait déjà détourner dans ses sketchs l'époque de l'Antiquité romaine. La production de Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ ne s'est pas faite sans heurts avec un tournage à Monastir (Tunisie) budgété à 45 millions de francs au milieu de décors faramineux, la coopération délicate et parfois conflictuelle entre Yanne - qui jouissait pourtant d'une grande liberté - et les deux producteurs Claude Berri et le jeune Tarak Ben Ammar, le plan de travail constamment refait et les dépassements qui en ont résulté, l'inexpérience technique du réalisateur (néanmoins bien entouré), le casting imposant en terme de seconds rôles, la collaboration difficile entre Yanne et un Coluche taquin (qui de plus organisait d'énormes fêtes dans sa villa tout au long du tournage), le grand numéro de Serrault dont la performance rappelle malgré toutes les précautions envisagées celle de La Cage aux folles, la présence de Mimi Coutelier imposée par le réalisateur - qui était son compagnon - et qui fut même responsable des costumes, au grand dam du reste de l'équipe. On apprend aussi que Berri, déjà peu optimiste quant à la réussite du film, fut complètement catastrophé devant le premier montage de 2h30 ; d'où les coupes drastiques qui ont suivi, ramenant le film à 1h40. Mais malgré l'aigreur de Jean Yanne, son avant-dernier long métrage fut un succès retentissant et l'on sera d'accord avec Pierre Grunstein qui retient de l'expérience le plaisir ressenti à voir évoluer cette famille d'acteurs. Illustré par de rares et nombreuses photographies de plateau et quelques images de tournage, ce documentaire justifie pleinement l'acquisition de cette édition.



Scènes coupées (11 min 15 - 2.20 - DTS mono 2.0 - 1982 - HD)
A travers un montage linéaire sans introduction, cette section présente quatre scènes coupées. Elles sont dans un bon état relatif malgré des griffures et poussières constantes et une absence d'étalonnage, et surtout proposées en HD. Dans la première, Cléopâtre, isolée, chante en français et en allemand (« Ich Liebe dich... ») telle un clone de Marlene Dietrich. Dans la deuxième, le fils du consul joue de la guitare électrique pendant que ses parents dînent, avant de se faire réprimander par son père en colère. La troisième scène montre Ben-Hur Marcel en réunion dans les latrines publiques avec des comploteurs, avant que les émirs arabes viennent prendre place en passant devant une file d'attente excitée qui va se rebeller et porter Ben-Hur Marcel en triomphe. Enfin, dans une quatrième scène, l'épouse du consul Demetrius va voir Cléopâtre et Ben-Hur Marcel afin de plaider la cause de son fils rebelle avant les jeux du cirque. Ces extraits démontrent bien que le montage final contient de nombreuses ellipses et que le personnage joué par Françoise Fabian a été particulièrement sacrifié par les coupes imposées par Claude Berri.




Film-annonce (2 min 37 - 2.35 - DTS mono 2.0 - 1982 - HD)
Introduite par Yves Mourousi dans son journal télévisé, cette bande-annonce - d'une bonne facture technique - un peu décousue laisse néanmoins deviner un spectacle opulent et singulier qu'adopte Jean Yanne.

Par Ronny Chester - le 12 septembre 2014