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Test blu-ray
Image de la jaquette

Cría cuervos

BLU-RAY - Région B
Carlotta
Parution : 2 juillet 2014

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En juillet 2014, Carlotta commence à sortir en Blu-ray quelques-uns des titres phares qui ont fait sa renommée d'éditeur vidéo éclectique et exigeant. A coté d'Assurance sur la mort et de Sa Majesté des Mouches, voici donc qu'arrive Cria Cuervos en haute définition. En effectuant une comparaison avec le DVD datant de 2007 (qui était une belle réussite), il semble que le master ne soit pas vraiment différent : on y relève les mêmes caractéristiques et les mêmes très rares défauts. Mais évidemment, la HD fait son office et le plaisir de visionnage s'en trouve décuplé. Les couleurs sont magnifiquement rendues (à la fois saturées, et respectant le travail du chef opérateur sur de fortes dominantes relevées par des points lumineux précis), les contrastes - si importants dans le film compte tenu des nombreux clairs obscurs - sont parfaitement gérés avec des noirs profonds et du détail dans les ombres, le grain cinéma est correctement respecté (même si on a l'impression qu'un léger lissage a été effectué) et le piqué de l'image s'avère très satisfaisant. On notera toutefois une granulation parfois excessive, probablement due à la compression face au grain original particulièrement prononcé du film. Enfin, la propreté du master n'est quasiment jamais prise en défaut ; on relèvera seulement quelques rares scories et des effets lumineux disgracieux sur le bord de la pellicule (mais cela reste exceptionnel). Que l'on se situe en intérieurs ou en extérieur, l'image de Cria Cuervos vaut sacrément le détour en haute définition.

Son

Les deux pistes sonores de ce Blu-ray bénéficient du même mixage mono en DTS-HD Master Audio. Comme on s'y attendait, la bande-son espagnole est supérieure à la version française par son ampleur générale, par la clarté et la profondeur des dialogues, de même que par la gestion efficace des ambiances. De plus la dynamique est séduisante, et ce malgré un léger souffle qui se fait parfois entendre. Bref voici un mono très intelligible et bien vivant, même si la musique (la célèbre chanson Porque te vas surtout) est mixée avec une tendance à écraser tout le reste. Cela dit, la VF n'est pas du tout déshonorante, d'abord par la qualité de son doublage (même si les timbres de voix diffèrent grandement) et ensuite par son rendu technique même avec des voix trop mises en avant et des ambiances un peu écrasées.

Suppléments

Les suppléments de ce Blu-ray sont exactement les mêmes que ceux disponibles sur l'édition DVD de 2007.

L’Album d’Ana, une mémoire de l’Espagne (27min)
Entretien avec Claude Murcia, professeur d’études cinématographiques et de littérature comparée à l’université Paris 7. Eléments critiques du franquisme contenus dans le film, analyse des personnages de ce microcosme familial et de leur portée symboliques... L’analyse de Claude Murcia rejoint en tous points celle qui vous est proposée dans la chronique. Preuve que l’œuvre de Saura est d’une limpidité confondante malgré la richesse des thèmes abordés et une narration qui peut paraître déroutante dans sa manière de mêler inextricablement rêve, réalité, fantasmes et souvenirs. Une intéressante analyse du film ponctuée d’extraits.

Chez Carlos Saura (42 min)
Saura parle en toute simplicité de la genèse et du tournage du film. De la demeure qui a déclenché son envie de tourner, car elle se trouvait en face de chez lui et promettait un tournage bien reposant, de sa découverte d’Ana Torrent, du choix du prénom Ana car il est facile à taper à la machine ! Saura parle également de fronde générale contre son envie de mettre Porque te vas dans le film, chanson populaire qu’il adorait mais qui était rejetée aussi bien par le producteur, sa femme Géraldine Chaplin et même la douzaine d’enfants qu’il avait conviés dans l’espoir de les voir danser et appuyer son choix ! Plein d’humour et de bonhomie, cet entretien très agréable est accompagné de très belles photos du tournage. Saura est un photographe qui se dit amateur, mais les quelques clichés proposés ici contredisent cette affirmation. Saura parle très finement de la spécificité de la photographie, art qui ne vit que dans le passé, de sa conception du réalisme, de son usage du symbolisme, de l’influence qu’ont pu avoir des écrivains espagnols comme Cervantes, Sainz, Quevedo, Lope de Vega. Un voyage passionnant dans l’imaginaire et l’art d’un cinéaste encore trop méconnu.

Entretien avec Elias Querejeta (18 mn)
Le producteur de Cria Cuervos revient sur ce qui l’a attiré dans le scénario de Carlos Saura et qui correspond à sa conception d’un cinéma poétique. Il nous parle de son travail régulier avec le réalisateur, de la difficulté de produire un film sous le franquisme. « Je produis des films qui sont à la frontière de ce que l’on peut produire » déclarait-il en 1974.

Bande-annonce de l’époque (2mn52)
Teaser (39 s) et bande-annonce de 2007 (1min 10)

Partie DVD-Rom
Un dossier pédagogique édité par Zéro de conduite et Le Latina Cinélangues. Très bonne idée que de proposer ces outils aux enseignants désireux de travailler sur le film.

Par Ronny Chester (technique) et Olivier Bitoun (bonus) - le 27 juin 2014