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Test blu-ray
Image de la jaquette

Coffret Claude Sautet Studiocanal

BLU-RAY - Région B
Studiocanal
Parution : 2 décembre 2014

Image

Autant le dire sans détours inutiles, le cinéma de Claude Sautet n'est pas forcément de ceux pour lesquels l'apport de la Haute-Définition est le plus spectaculaire : avec sa photographie naturaliste (qui plus est assez marquée par les codes de son époque), ses dialogues en intérieur, voire ses transparences lors des scènes récurrentes en voiture, l'esthétique propre à ses films est d'une modestie que les éditions SD parues précédemment ne trahissait dans l'ensemble pas.

C'est donc avant tout en terme de définition et de piqué que le gain, évidemment indéniable, se fait le plus marquant lorsque l'on entreprend de comparer ces nouveaux masters haute-définition avec ceux qui les ont précédés, ce que les quelques comparatifs ci-dessous traduisent raisonnablement (voir galerie ci-contre à droite pour voir les images en taille réelle). Les copies sont exemplairement propres et, dans l'ensemble, exemptes de défauts majeurs. Notons également sur l'ensemble des titres un léger gain de cadre permettant de retrouver le 1.66:1 originel.

Dans le détail, avouons avoir été particulièrement séduit par le rendu de César et Rosalie (déjà sorti à l'unité en novembre 2012), particulièrement éclatant, ou par le traitement, forcément moins complexe, des deux titres des années 90, Quelques jours avec moi et Nelly et Monsieur Arnaud, à la très belle définition. Pour Les Choses de la vie, l'ensemble est assez remarquable, mais on aura parfois trouvé le rendu chromatique un peu bleu-vert (si l'on en croit quelques sorties Gaumont récentes, il faut croire que c'est un peu la mode - tant mieux, évidemment, si cela contribue à retrouver l'essence de la photographie d'origine des films) et certaines séquences nocturnes font apparaître des petits blocs dans des noirs parfois étouffés. Concernant Vincent, François, Paul et les autres, l'ensemble nous aura parfois semblé globalement un peu sombre et parfois marqué par un grain un peu épais (mieux vaut dans ce sens, me direz-vous...). Dans l'ensemble, de la bien belle ouvrage.

les choses de la VIE


DVD StudioCanal 2003


Blu-Ray StudioCanal 2014 

CESAR ET ROSALIE


DVD StudioCanal 2005


Blu-Ray StudioCanal 2014 

VINCENT, FRANçOIS, PAUL ET LES AUTRES


DVD StudioCanal 2001


Blu-Ray StudioCanal 2014 

Son

Des pistes propres, claires, qui laissent la part belle aux dialogues ou à la musique de Philippe Sarde : rien à redire de ce côté-là.

Suppléments

Tous les films du coffret, à l'exception de Nelly et Monsieur Arnaud, sont accompagnés de suppléments instructifs, où l'on retrouve plusieurs intervenants incontournables quand il s'agit d'évoquer Claude Sautet.

Sur le disque des Choses de la vie, Symphonie métallique (48 min 20, réalisé en 2008 par Pierre-Henri Gibert) revient en profondeur sur le film : avec une belle faconde, Jean-Loup Dabadie raconte la genèse du film, dont personne ne voulait, et qui finit par redonner envie à Sautet de faire du cinéma, lui que les expériences policières de Classe tous risques ou de L'Arme à gauche avaient quasiment découragé.

D'une certaine manière, les témoignages concordent à faire du film le début de la partie la plus personnelle, la plus intime aussi, de la filmographie de Claude Sautet : dans sa façon de reproduire des gestes du quotidien, d'emprunter des répliques à ses proches, d'insuffler une dimension autobiographique à son récit (les atermoiements amoureux du personnage de Piccoli trouvaient, manifestement, des échos forts avec la propre situation conjugale du cinéaste), tous s'accordent à dire que Claude Sautet filmait ce qu'il connaissait le mieux : sa propre vie.

Sont également évoqués son choix, envers et contre tous, de Romy Schneider, avec laquelle il noua une relation d'amitié particulièrement intense ; plusieurs anecdotes sur le tournage, cocasses (la reconstitution du carrefour, avec ses pommiers aux feuilles peintes par l'équipe décoratrice !) ou plus techniques (la mise en scène de l'accident) ; la direction d'acteurs de Sautet, "animale" et parfois "maladroite" ou "blessante", manifestation en réalité de sa profonde inquiétude ou de sa minutie exceptionnelle ; ou, dans les dernières minutes du module, la partition de Philippe Sarde, notamment à travers sa dimension narrative.

Sur le disque de César et Rosalie, le même Pierre-Henri Gibert réalise Sérénade à 3 (30 min), dans lequel divers intervenants liés au film évoquent les trois sommets de ce triangle amoureux hors-norme :

On y apprend que Claude Sautet avait rédigé une première ébauche de cette histoire des années auparavant, et que le personnage de César (manifestement inspiré par son charismatique frère aîné, Pierre) y était envisagé comme un arbitre de course de motos (avec probablement Lino Ventura à l'esprit pour l'incarner). Plusieurs voix s'accordent pour saluer l'apport d'Yves Montand, de son tempérament méditerranéen et de son "intelligence paysanne", de son "bon sens" inné, dans la composition du personnage, Jean-Loup Dabadie avouant même avoir pris du plaisir à imaginer des répliques que seul Montand pouvait prononcer.

Le même Dabadie, toujours plaisant à écouter, évoque ensuite le personnage de Rosalie, sur lequel lui et Sautet s'étaient opposés : Dabadie avait en effet pris le personnage "en grippe", n'arrivant pas à trouver des circonstances atténuantes à cette "emmerdeuse". Il aura fallu un bon mot de Sautet ("ce n'est pas un personnage emmerdant, c'est un personnage emmerdé") et, surtout, la décision d'attribuer le rôle à Romy Schneider pour que les choses se débloquent enfin.

Michelle de Broca, productrice du film, révèle enfin la difficulté du choix du troisième larron, qu'il fallait séduisant mais pas trop jeune, ce qui exclut Gérard Depardieu, un temps envisagé. Sami Frey se révéla, de l'avis de tous, le bon choix, mais on aurait éventuellement aimé l'entendre, lui, le principal concerné, sur la construction du personnage.

Pour achever ce beau supplément, concis et plaisant, Jean-Loup Dabadie revient sur son goût pour les fins ouvertes, comme dans Vincent, François, Paul ou les autres ou ce film-ci, qui donnent au spectateur l'occasion de ramener le film avec lui, et de laisser son imaginaire le poursuivre une fois la projection achevée...

Le supplément figurant sur le disque de Vincent, François, Paul et les autres (Claude Sautet : une sensibilité musicale, réalisé en 2014 par Dominique Maillet, d'une durée 51 min 30) s'ouvre avec la voix grave et profonde de Sautet lui-même, qui explique comment le film est né dans son esprit à partir de sa dernière image, si emblématique.

Dans un premier temps, on y voit Yves Sautet et Jean-Denis Robert (fils respectifs de Claude et d'Yves) discuter de la personnalité de Claude Sautet, de son travail et des inspirations à l'origine du film, notamment celle de son propre père, ex-héros de guerre ayant eu du mal à se réinsérer socialement.

Plusieurs autres intervenants parlent de leur rapport au film (l'historien du cinéma italien Aldo Tassone dresse un parallèle avec Nous nous sommes tant aimés, sorti la même année, avec lequel il entretient d'importantes similitudes ; Jean-Claude Missiaen évoque la sévérité de la critique, notamment des Cahiers du Cinéma, à l'égard du film ; Geneviève Cortier parle d'Yves Montand, qui aurait voulu que le film s'appelle plus simplement Vincent et les autres...) mais on revient régulièrement sur la discussion, un peu décousue, entre les deux fils : malgré la pertinence ponctuelle de certaines interventions, la construction, parfois un peu aléatoire (on peine, pour tout dire, à voir le fil directeur), ou encore le bruit de fond régulier de l'usine où le module a été en partie tourné, rendent le document un peu déséquilibré, un peu longuet et parfois même un peu pénible.

Sur le disque de Quelques jours avec moi, il s'agit de nouveau d'une réalisation de Pierre-Henri Gibert, intitulée La renaissance de Claude Sautet (2014 - 54 min 50).

La construction est cette fois beaucoup plus limpide : alors que plusieurs intervenants (le co-scénariste Jérôme Tonnerre ou le critique-historien N. T. Binh, auteur référence quand il s'agit de Claude Sautet) expliquent dans un premier temps à quel point, au tournant des années 90, Sautet était un cinéaste considéré comme déclinant, incarnation d'un cinéma désuet et démodé, la multiplication des points de vue ou des anecdotes entreprend de démontrer comment Quelques jours avec moi amorcera une fin de carrière (à travers notamment sa collaboration avec Emmanuelle Béart) absolument fondamentale.

La démonstration est fluide, efficace, étayée de nombreux intervenants pertinents (le producteur Philippe Carcassonne, les comédiens Thérèse Liotard ou Daniel Auteuil, les scénaristes Jérôme Tonnerre ou Jacques Fieschi, la monteuse Jacqueline Thiedot) et, grâce à une réalisation dynamique, se suit avec grand plaisir.

A noter également, sur le disque de Vincent, François, Paul et les autres, la bande-annonce du film.

Les films du coffret

Les Choses de la vie
César et Rosalie
Vincent, François, Paul... et les autres
Quelques jours avec moi
Nely et Monsieur Arnaud

Par Antoine Royer - le 9 décembre 2014