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Test blu-ray
Image de la jaquette

Alfred Hitchcock - Les Années Selznick

BLU-RAY - Région B
Carlotta
Parution : 29 novembre 2017

Image

C'est Alfred Hitchcock que Carlotta a choisi pour célébrer Noël 2017 en grand, réunissant en coffret Blu-ray, pour la première fois au monde, ses quatre films produits par David O. Selznick. Au premier plan trône la toute dernière restauration 4K de Rebecca, sortie chez les américains de Criterion en septembre dernier. Effectué à partir du négatif nitrate original, le résultat est simplement ma-gni-fique : les images sont d'une grande stabilité, précises et détaillées, immaculées et parfaitement étalonnées (les contrastes sont solides, les noirs bien denses). Le film possède une très belle patine argentique, avec un grain fin intact et très bien encodé. Le seul grief que nous avons pu trouver, en cherchant bien, est une légère pulsation des noirs qui se répète en de rares occasions. C'est dire si le résultat est convaincant et digne d'éloge.

REBECCA - comparatif BR MGM (2012) vs. BR Carlotta (2017) :   1  2  3  4  5  6

REBECCA - comparatif DVD Aventi (2004) vs. BR Carlotta (2017) :   7   8   9  10   11

On descend de quelques crans avec les restaurations de La maison du Docteur Edwards et Les enchaînés qui n'ont malheureusement pas bénéficié d'un traitement aussi récent. Pour La maison du Docteur Edwardes, Carlotta a repris le master qui a servi de base au Blu-ray américain sorti en 2012 : un scan HD effectué à partir d'une copie photochimique, certes restaurée, réparée et consolidée, mais d'une qualité un peu inégale et manquant de propreté (le disque américain était un peu mieux nettoyé, comme le montre le comparatif 6). L'image du Blu-ray Carlotta est à peu près stable et il apparaît donc encore des griffures, points blancs réguliers ou quelques rayures verticales parfois tenaces. Malgré la photographie ouatée, souvent diffuse, les plans intacts possèdent une bonne définition, avec un grain abondant et non gommé. La précision de l'image sera cependant malmenée par la multiplication des plans truqués (fondus, incrustations, recadrages à l'intérieur des plans) dont la texture pourra alors être beaucoup plus rugueuse et le trait plus doux, avec un niveau de détail moins poussé, comme par exemple pendant la séquence du rêve. L'étalonnage soigné offre, par contre, une belle palette de gris, avec des contrastes corrects mais, là encore, ponctuellement affaiblis par des faiblesses de pellicule : des pulsations régulières de luminosité ou de contraste, d'intensités variables.

SPELLBOUND - comparatif BR MGM (2012) vs. BR Carlotta (2017)1  2  3  4  5  6

SPELLBOUND - comp. DVD Aventi (2005) vs. BR Carlotta (2017)7  8  9  10  11  12

Les enchaînés se démarque un peu de son équivalent américain sur plusieurs points. Bien qu'il semble provenir du même scan HD (ou de la même source photochimique), le master Carlotta n'est pas tout à fait identique à celui utilisé sur le Blu-ray MGM. On note parfois une légère différence de cadrage et surtout une texture désormais plus précise, en partie à cause des retouches que l'éditeur français a effectuées. Le contraste a en effet été revu, les noirs sont désormais plus profonds, mieux ajustés, avec des blancs moins éclatants. Tout cela renforce la qualité du grain et du piqué (légèrement amélioré) mais ne compense pas un ensemble encore perfectible à cause, là aussi, de défauts de pellicule très réguliers (plans truqués, etc.) qui empêchent une totale homogénéité. Si le disque américain est un peu mieux nettoyé, la version Carlotta offre peut-être le meilleur rendu HD jusqu'à présent.

NOTORIOUS - comparatif BR MGM (2012) vs. BR Carlotta (2017) : 1  2  3  4  5  6

NOTORIOUS - comparatif DVD Aventi (2004) vs. BR Carlotta (2017) :   7  8  9  10  11

Le cas du Procès Paradine est un peu à part puisque le film ne faisait pas partie du "lot" de 2012 et qu'il n'est sorti en Blu-ray qu'en mai dernier chez les américains de Kino Lorber. Carlotta a eu accès, là aussi, au scan brut (on en voit des images dans les suppléments) qu'il a retouché en appliquant un petit nettoyage (les poussières ont disparu mais des rayures verticales sont encore présentes) et en corrigeant certains défauts d'étalonnage : les pulsations du niveau de noir ont été sérieusement tempérées et le contraste a été renforcé, désormais plus équilibré, malgré une instabilité de la pellicule encore palpable dans certaines scènes intérieures (en prison, au début, par exemple). Cette correction de contraste a amélioré la gamme de gris, très belle, et a permis d'améliorer la texture du grain, très abondant au départ et désormais mieux maîtrisé. Cette restauration est plus récente que celles de La maison du Docteur Edwardes et des Enchaînés. L'image, plus homogène et plus fine, a probablement été restaurée en 2K : les gros plans sont d'une très belle précision et le rendu général est assez bien défini. Ce sont en tout cas de très bonnes conditions pour (re)découvrir ce film, à des années-lumière de l'ancienne édition DVD qui proposait un vieux télécinéma d'une copie française. La présentation de Carlotta peut être considérée comme son édition de référence.

PARADINE - comparatif BR Kino (2017) vs. BR Carlotta (2017)1   2   3   4   5   6

PARADINE - comp. DVD Aventi (2004) vs. BR Carlotta (2017) :   7  8  9  10  11  12

Son

Comme pour l'image, la bande son de Rebecca a bénéficié d'une restauration récente à partir du négatif son d'origine.S'il persiste un très léger souffle que l'on pourra surtout remarquer dans les passages silencieux, l'ensemble est très propre, sans saturations ou sifflantes, avec des dialogues clairs. La version française d'époque évolue davantage dans les aigus, avec des sifflantes et des voix légèrement saturées. La dynamique apparaît plus réduite, plus compressée, avec une musique parfois très couverte.

La version originale de La maison du Docteur Edwardes possède un léger souffle et un ensemble un tout petit peu couvert. La musique est parfois saturée mais les voix sont intactes. La version français, toujours d'époque, manque de basses et peut parfois être saturée dans les voix. La musique est un peu en retrait mais l'ensemble est souvent bien équilibré.

Le son des Enchaînés a été nettoyé, le souffle très nettement corrigé. La dynamique est cependant limitée, avec des basses rapidement saturées mais des dialogues clairs. La version française d'époque est bien restituée, avec un souffle discret.

Le procès Paradine est plutôt bien équilibré dans sa version originale qui a sans doute bénéficié (comme pour l'image) d'une restauration récente. On ne relève ni sifflantes ni souffle, contrairement à la version française d'origine qui n'a pas été nettoyée et dans laquelle il est extrêmement présent. Les voix sont proches de la saturation et la musique semble souvent noyée dans les arrière-plans.

Suppléments

Ce septième coffret ultra-collector, en édition limitée (3000 exemplaires) et numérotée, au visuel crée par l'anglais Matt Needle, comprend 5 Blu-rays et un très beau livre de 300 pages, La conquête de l'indépendance.

Illustré de 120 photos, réalisé en association avec les Cahiers du Cinéma dont il reprend certains articles, enrichi d'interviews et d'extraits de "Hitchcock et l'art", publié en 2001, ce livre est un recueil de textes parfois inédits qui jouent la complémentarité autour des quatre films et de la collaboration de dix ans entre le réalisateur et son producteur. Une entente fructueuse, "quasi-symbiotique" grâce à "l'art du récit de Selznick" et "les trouvailles visuelles d'Hitchcock", mais ponctuée de conflits et d'une méfiance réciproque. Ce fut "plus qu'une période de transition" pour le réalisateur qui rêvait depuis longtemps de l'Amérique. S'il pense être d'abord considéré comme "un collaborateur mineur" dans le système hollywoodien, Rebecca sera, selon Claude Chabrol, la "première manifestation de la maturité d'un rare talent", ou pour Nathalie Heinich l'histoire d'un "double maléfice". A propos de La maison du Docteur Edwardes, le "premier thriller psychotraumatique", Nathalie Boudil revient de manière très détaillée sur la dimension surréaliste des films d'Hitchcock, sa collaboration avec Salvador Dali (pour "le côté vivant des rêves") et les scènes coupées du rêve qui ont disparu. Elle abordera également le rapport méconnu d'Hitchcock avec l'art, sa passion pour la peinture et une description exhaustive de sa collection personnelle. Les enchaînés est l'occasion pour Pascal Bonitzer d'évoquer le McGuffin, "objet de désir par excellence", et pour Frank Lafond de souligner la "recherche d'efficacité à travers la simplicité", en comparant les différentes versions du scénario au film terminé. Benjamin Thomas revient, de manière très (trop?) analytique, sur Le procès Paradine qui libérera Hitchcock de son contrat avec Selznick, producteur "interventionniste". Il s'intéresse particulièrement au "tragique mystère du désir", à un jeter de chapeau discret qui suscite pourtant la curiosité, livre une réflexion poussée sur le hors champ et le monde du film "où on est voué à être seul" et montre comment Hitchcock déstabilise le spectateur par la composition des cadres. Le film explicite, pour Jean Douchet, ses rapports tendus avec la société et l'aristocratie anglaise. On trouvera aussi des extraits de l'interview d'Hitchcock mené par Peter Bogdanovitch en 1963, où il est notamment question du "pouvoir du montage" et du travail avec les acteurs et les scénaristes. Il est également beaucoup question dans ce livre de ce que le cinéma représentait pour Hitchcock, de son processus de création "centré sur le regard et non sur les mots" qui "cherche à montrer l'invisible avec le visible". Un cinéma  qui "consiste en une orchestration des prises de vue", le réalisateur avouant "sentir le film comme un morceau de musique".

Chaque film est accompagné de ses propres suppléments, des modules très réussis, spécialement produits pour cette édition, qui permettent d'appréhender encore davantage le travail d'Alfred Hitchcock :

Rebecca (Blu-ray 1)

Obsédante absence (20 min - 1080p)
Si vous regardez les suppléments DVD/Blu-ray des films de Steven Spielberg ou Brian De Palma, le nom de Laurent Bouzereau vous est sans doute familier. Grand documentariste sur le cinéma américain, il est aussi un spécialiste d'Alfred Hitchcock puisqu'il a réalisé tous les documentaires accompagnant les films édités par Universal et a également écrit "Pièces à conviction", un livre sorti en 2010 sur la vie et l'oeuvre du cinéaste. Il parle ici de Rebecca qui "établit Hitchcock en cinéaste américain" bien que le style ne soit pas entièrement "du pur Hitchcock". Bouzereau préfère l'analyse aux coulisses et évoque ses scènes préférées, celles où éclate le sens du cinéma d'un réalisateur qui "laisse le spectateur imaginer". Il pointe judicieusement quelques détails révélateurs comme le thème de l'eau (qui souligne la présence fantomatique de Rebecca), le pardessus trop grand de Laurence Olivier ou le manoir de Manderlay, aux objets de taille disproportionnée "pour avaler le personnage de Joan Fontaine".

Décryptage par Hitchcock et Truffaut (34 min - 1080p)
Carlotta a l'excellente idée de reprendre les bandes audio de ces fameuses interviews qui ont donné, en 1967, l'un des plus célèbres livre de cinéma. Au-delà de l'analyse sur le film, le soin apporté par David O. Selznick pour rester proche du livre original ou une invraisemblance avouée par Hitchcock, c'est avant tout une discussion passionnante avec un autre cinéaste, un confrère inspiré et admiratif. Leurs échanges rebondissent de manière pertinente, par exemple sur l'aspect conte de fées ("Cendrillon avec l'une des méchantes soeurs"), lorsque Truffaut lui demande pourquoi ses films ne se démodent pas, ou ce que serait devenu Rebecca s'il avait été produit et tourné en Angleterre, Hitchcock parlant de "l'influence américaine" qui a donné "un point de vue moins étroit". Ces échanges sont accompagnés, sur chaque film, d'un bref commentaire de Nicolas Saada, ancien journaliste et critique, et depuis quelques années réalisateur. Très convaincant dans l'exercice (cf. ses préfaces des films de Richard Fleischer édités par Carlotta il y a deux ans), il rappelle que Rebecca est un "nouveau départ" dans la carrière d'Hitchcock qui change ici de registre, avec un style annonçant le cinéma américain à venir (celui de Jacques Tourneur, par exemple). Saada admire chez Hitchcock "la précision du langage", où "information et émotion vont toujours de pair", où c'est peut-être "la première fois que le climat raconte à ce point une angoisse".

Screen tests de Rebecca (10 min - SD upscalé en 1080p - VOSTF)
Si le grand public a parfois connaissance des recherches établies pour le casting, l'annonce d'acteurs ou d'actrices pressentis qui n'auront finalement pas été choisis, l'occasion est beaucoup plus rare de jeter un oeil à leurs essais. Ces documents précieux montrent une scène répétée avec Margaret Sullavan puis Vivien Leigh, accompagnée ici de son futur mari Laurence Olivier (qui, lui, fera le film). Dommage de ne pas avoir inclus les tests de Joan Fontaine, Anne Baxter ou Loretta Young, présents dans l'édition Criterion.

Bande-annonce (2 min 21 s - SD upscalé en 1080p - VOSTF)


La maison du Docteur Edwardes (Blu-ray 2)

Subliminal (16 min - 1080p)
Laurent Bouzereau évoque d'abord la fascination d'Hitchcock pour la psychanalyse, univers peu connu (voire tabou) pour le grand public dans les années 40, et souligne le côté naïf et un peu documentaire de son approche. Bouzereau rappelle que le réalisateur reviendra plus tard sur ces thèmes, notamment avec Pas de printemps pour Marnie (dont Spellbound apparaît comme la version masculine), et montre, après Rebecca, que Hitchcock s'intéresse de nouveau à la faiblesse de personnages masculins. Il continue de louer l'aspect expérimental et le savoir-faire du Maître du Suspense ("rien n'est gratuit chez Hitchcock") qui dirige "comme un chef d'orchestre" et sait transformer des moments anodins par des "procédés très ingénieux" : la scène de la lettre ou l'utilisation du "point de couleur", à la fin du film, qui renforce l'impact du revolver pointé sur le spectateur. On évoque évidemment la séquence des rêves réalisée avec Salvador Dali, réduite au montage et perdue ("une grosse perte pour le monde de l'art").

Décryptage par Hitchcock et Truffaut (23 min)
Hitchcock raconte à François Truffaut la réécriture du scénario à partir d'un roman auquel il a davantage intégré l'aspect psychanalytique. Il parle de la séquence du rêve, l'occasion de "se départir des traditions" et de collaborer avec Salvador Dali, même s'il regrette de ne pas avoir pu concrétiser toutes les visions de l'artiste. Truffaut avoue ne pas avoir beaucoup aimé le film ("il n'y a pas beaucoup de bonnes scènes", "on n'est pas très concerné"), ni la prestation de Gregory Peck ("vraiment pas un acteur Hitchcockien"). S'il reconnaît "de bonnes idées", il lui précise que c'est un de ses films "les plus plus raisonnables", "celui où il y a le moins de rêve". Nicolas Saada le trouve assez sévère, relevant que Hitchcock ne lui répond pas. Il rappelle aussi cette époque révolue où le cinéma américain était fasciné par les intellectuels européens venus à Hollywood. Il parle de la "grande influence de l'expressionnisme et du surréalisme" dans le film, et de la manière réussie qu'a Hitchcock de montrer les médecins : moins de façon solennelle que comme des ouvriers "qui discutent boutique". Il remarque également, un peu comme Laurent Bouzereau, que Hitchcock filme Gregory Peck comme une actrice, plein de fragilité, avec un "regard plein de tendresse", comme il le fera pour Montgomery Clift dans La loi du silence.

Bande-annonce (2 min 07 s - SD upscalé en 1080p - VOSTF)


Les enchaînés (Blu-ray 3)

La clé du suspense (14 min - 1080p)
Laurent Bouzereau, très inspiré, parle des Enchaînés, "LE film qui définit complètement Hitchcock", en analysant quelques moments de mise en scène comme le fameux "plan signature" du travelling avant vers la main d'Ingrid Bergman qui renferme la clé (rappelant celui de Jeune et Innocent). Il évoque le double sens de cette clé et insiste sur "l'approche visuelle des objets" qui prennent une signification en servant le suspense. Bouzereau montre comment Hitchcock pose les enjeux de cette scène, dans un "contraste qui donne des frissons", et comment il utilise la thématique du poison, récurrente dans son oeuvre. Bouzereau insiste sur le côté humaniste du réalisateur, "observateur des relations romantiques de tous ses personnages" et revient sur le couple inoubliable Cary Grant - Ingrid Bergman, réussissant l'alchimie d'une "formule pas évidente, au départ".

Décryptage par Hitchcock et Truffaut (30 min)
François Truffaut est dithyrambique avec Les enchaînés, "la quintessence d'Hitchcock", un film à la "ligne très pure" et à la "construction du scénario formidable" qui met l'émotion en avant. Il en apprécie l'économie de moyens ("un maximum d'effets avec un minimum d'éléments") et pense que le résultat est en parfaite adéquation avec ce qui était prévu. Il relève une nouvelle fois le rapport étroit avec le conte de fées ("La belle au bois dormant"). Hitchcock parle, lui, des "meurtres raisonnables" par des criminels plus humains, et livre quelques anecdotes amusantes, comme la différence de taille entre Claude Rains et Ingris Bergman qu'il fallut atténuer. Il revient aussi sur la scène du baiser, sur le balcon, "un ménage à trois temporaire" où le spectateur fait partie de l'intimité amoureuse du couple. Cette discussion passionnante entre cinéastes amène des réflexions souvent pertinentes, par exemple sur le ressenti d'un plateau, la différence qu'il peut y avoir entre l'atmosphère qui y règne et le rendu final. Grand amoureux de ce film qui a changé le cinéma d'espionnage et fut une source d'inspiration importante pour son premier long métrage, Espion(s) en 2009, Nicolas Saada ("en admiration éperdue") en parle divinement bien. Les enchaînés est, pour lui, "un outil plus qu'un film" vers lequel il retourne lorsqu'il est découragé, en manque d'inspiration, un film qui "montre que le cinéma est un langage", ce que semblent avoir oublié les cinéastes actuels. Les enchaînés allie "invention, recherche, simplicité" dans une "logique mélodique" d'une "pureté inégalée". Saada souligne fort justement l'impact de ces échanges et ces réflexions sur le cinéaste français : "Hitchcock a nourri Truffaut de son savoir" dès son film suivant, La peau douce.

Bande-annonce (2 min 30 s - SD upscalé en 1080 - VOSTF)


Le procès Paradine (Blu-ray 4)

Reminiscences (16 min)
Laurent Bouzereau tente d'expliquer la réputation du Procès Paradine, "film sous-estimé", en suggérant qu'il faut le voir "en comprenant l'oeuvre d'Hitchcock". Le renommant "Procès Rebecca", il tisse assez justement un lien entre les deux films par de nombreuses similitudes comme la scène de la chambre ou une étonnante comparaison des thèmes musicaux composés par Franz Waxman : "des parallèles qui établissent la notion d'auteur et l'empreinte du réalisateur". Il admire la maîtrise du décor, notamment pendant le procès en huis clos, et le soin apporté aux costumes (qui servent ici à opposer les deux personnages féminins). Bouzereau souligne qu'Hitchcock n'était pas seulement porté sur le visuel mais était aussi brillant avec ses acteurs, avait un "talent pour obtenir des performances". Parlant de Charles Laughton, il rappelle la scène "fantastique" du repas final. "Tout a de l'importance pour Hitchcock qui ne néglige rien ni personne".


Décryptage par Hitchcock et Truffaut (24 min)
La conversation se poursuit avec une réaction très intéressante d'Hitchcock sur les défauts "très apparents" du Procès Paradine. Il regrette un casting mal ajusté, peu crédible (Gregory Peck en avocat anglais), qui dénature le sens de l'histoire : le personnage de Louis Jourdan, trop séduisant, aurait dû ressembler à "un fermier qui sentait la merde" (!), transformant notre jugement sur Mme Paradine, désormais "déclassée au rang de nymphomane". Il raconte que le scénario a été modifié pour ces acteurs, alors sous contrat avec Selznick. Hitchcock explique avoir été intéressé par "le contraste des couleurs" de cette "personne de race" qui se retrouve accusée et enfermée avec des criminels, un écho au Faux coupable qui sera tourné neuf ans plus tard. Nicolas Saada estime "qu'il faut absolument redécouvrir le film teinté d'ironie voire de méchanceté" pour la haute société anglaise, quelques années avant Frenzy. Il livre une belle analyse de la psychologie des personnages, notamment celui de Gregory Peck, trompé par ses préjugés de classe, et admire l'aspect "visuellement très élégant", portant l'esthétique du film noir avec "des plans dignes du grand cinéma muet". Saada-réalisateur s'intéresse à la mise en scène d'Hitchcock, la manière dont il termine ses scènes, donne une fluidité à l'ensemble (les plans de procès "toujours en mouvement"), joue sur la "valeur émotionnelle d'un plan" ou filme de longues séquences qui préfigurent celles de son film suivant, La corde. Il parle aussi du casting "vraiment intéressant", notamment du personnage d'Alida Valli "extrêmement stylisé", "un ange noir qui traverse le film", "préféré cinématographiquement" à celui d'Ann Todd.

Bande-annonce (1 min 43 s - SD upscalé en 1080p)

Un cinquième Blu-ray (et DVD) est spécialement dédié aux suppléments :

suppléments (Blu-ray 5)


Hitchcock / Seznick (23 min - 1080p)
Daniel Selznick raconte la collaboration entre Alfred Hitchcock et son père, David O. Selznick, essentiellement à partir d'anecdotes connues et de souvenirs personnels. Il parle du casting de Rebecca, la rencontre avec la psychologue de sa mère qui motivera le producteur à se lancer dans La maison du Docteur Edwardes, l'engagement de Salvador Dali ("idée tout à fait extravagante"), le goût de son père pour les grands acteurs jouant des seconds rôles, afin d'enrichir la promotion et les affiches, etc. Il ne s'étend guère sur le caractère de David O. Selznick, le qualifiant uniquement de "control freak", mais est moins gêné pour parler de l'aventure qui le lia à Joan Fontaine, choisie probablement par Mme Selznick, dans Rebecca, afin de tester la fidélité de son mari. C'est clairement le module le plus faible du coffret : les informations sont bien mieux développées dans le livre et les propos sont illustrés d'extraits bien trop longs qui cassent le rythme.


"Mr. Truffaut Meets Mr. Hitchcock" (39 min - SD upscalé en 1080p)
Produit en 1999 mais revu pour cette édition, cet excellent documentaire de Robert Fischer raconte le projet du livre d'entretien entre Hitchcock et Truffaut dont de nombreux extraits sont présentés dans ce coffret. Anecdotes et impressions sont apportées par des témoins-clé comme Patricia Hitchcock, Claude Chabrol (aux remarques très justes), le scénariste et réalisateur Jean-Louis Richard (très proche collaborateur), Madeleine Morgenstern (Mme Truffaut, à l'époque) et sa fille Laura Truffaut (qui, contrairement à David Selznick, a des choses à raconter et sait, en plus, très bien parler de son père). Fischer rend palpable l'engagement du cinéaste français dans cette démarche de réhabilitation (Hitchcock était alors considéré comme un simple faiseur!), la relation particulière qu'ils entretenaient (une admiration réciproque mais des rapports "très formels") et montre l'influence que les films d'Hitchcock ont eu sur ses propres films, lorsqu'il glisse, par exemple dans La peau douce, "du suspense dans des moments où il n'y a pas de raisons de s'inquiéter" ou collabore avec Bernard Herrmann. Truffaut s'investissait pour sa passion, réalisait un rêve vieux de dix ans qui était pourtant "un travail énorme et une organisation lourde", un livre qui l'accompagnera jusqu'à sa mort (l'évocation très émouvante de l'émission Apostrophes, peu de temps avant la fin).


Daphné du Maurier sur les traces de Rebecca (57 min - 1080p)
Réalisé par Elisabeth Aubert Schlumberger pour Arte, en 2016, enrichi par les commentaires de critiques, professeurs, romancier (Tatiana De Rosnay, incollable sur la question) et même l'une de ses filles, ce documentaire retrace de manière assez classique la vie de l'écrivain. Si l'on s'attarde beaucoup sur les grandes étapes de sa vie (sa famille d'artistes, la Cornouailles où elle se sent libre), les rencontres importantes (son mari militaire et futur trésorier de la princesses Elisabeth), sa personnalité (dualité entre la romancière solitaire et sa vie mondaine de Lady Browning) ou ses "obsessions amoureuses" pour des femmes, l'aspect littéraire n'est pas occulté. "Conteuse à l'ancienne" intéressée par "le rôle de la femme moderne", Du Maurier intégrera dans ses livres de nombreux éléments inspirés de son environnement (le manoir de Menabilly qu'elle finira par habiter se transformera en Manderlay pour Rebecca) et de ses tourments intérieurs (ses rapports compliqués avec son père). "Auteur très visuel", ce qui a sans doute beaucoup plu à Hitchcock, ses livres seront plusieurs fois adaptés pour le grand écran : nous n'aurons que de rapides allusions à Rebecca, son roman le plus populaire, My Cousin Rachel, Les oiseaux ou Don't Look Now. Un supplément intéressant, également repris sur l'édition Criterion.


Home movies (36 min - SD upscalé en 1080p)
Hitchcock dans l'intimité, avec ses amis (on reconnait l'acteur Herbert Marshall), sa femme Alma Reville, sa fille toute jeune fille Patricia, ses chiens. Hitchcock qui fait le pitre, s'amuse à faire l'acteur (et à coller de près sa partenaire). La famille Hitchcock en voyage, à Venise ou Paris, l'occasion de voir la ville Lumière dans les années 30. Hitchcock sur un plateau de tournage, pour Blackmail (où il est, sous couvert d'humour, assez frivole avec son actrice) ou Frenzy, en août 1971, quand l'équipe du film fête l'anniversaire d'Alma Reville.

Ce coffret est également disponible en version DVD, au contenu identique.

En savoir plus

Rebecca

Taille du Disque : 49 260 584 706 bytes
Taille du Film : 38 339 657 088 bytes
Durée : 2:10:27.903
Total Bitrate: 39,18 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 35,014
Video: MPEG-4 AVC Video / 35014 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1038 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1078 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 30,590 kbps
Subtitle: French / 0,298 kbps

La maison du Docteur Edwardes

Taille du Disque : 40 412 643 027 bytes
Taille du Film : 32 692 663 872 bytes
Durée : 1:51:11.998
Total Bitrate: 39,20 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 34,97 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 34978 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1074 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1068 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 31,145 kbps
Subtitle: French / 0,620 kbps

Les Enchaînés

Taille du Disque : 39 293 226 930 bytes
Taille du Film : 29 852 102 208 bytes
Durée : 1:41:25.579
Total Bitrate: 39,24 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 35,02 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 35024 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1070 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1082 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 26,873 kbps
Subtitle: French / 0,071 kbps

Le procès Paradine

Taille du Disque : 42 430 431 308 bytes
Taille du Film : 33 610 710 336 bytes
Durée : 1:54:14.848
Total Bitrate: 39,23 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 35,00 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 35001 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1070 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1053 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 33,695 kbps
Subtitle: French / 0,155 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 11 décembre 2017