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Test blu-ray
Image de la jaquette

Adieu Bonaparte

BLU-RAY - Région B
TF1 Studio
Parution : 28 août 2018

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S'il est édité au sein de la salve estivale de la très estimable Collection Héritage de TF1 Studio, Adieu Bonaparte amorce en réalité une large campagne de restauration des films de Youssef Chahine, menée par diverses institutions internationales, et dont on pourra avoir un large aperçu dans la rétrospective consacrée au cinéaste par la Cinémathèque Française à partir du mois de novembre 2018.

C'est d'ailleurs La Cinémathèque Française, conjointement avec Misr International Films et TF1 Studio, qui a mené cette restauration, en confiant le scan 4K par immersion au laboratoire Eclair Ymagis de Vanves. Réalisée à partir d'un négatif image original légèrement endommagé, la numérisation a été suivie d'un minutieux travail de nettoyage. L'étalonnage, quant à lui, a été réalisé en référence à des copies d'exploitation d'époque, afin de restituer au mieux la densité lumineuse et la palette de couleurs désirées par le chef-opérateur du film, Mohsen Nasr.

Passé un générique de début qui inquiète un peu, tant les noms ressortent avec une définition modeste, on est vite ébloui par la restitution de cette luminosité propre aux pays des bords méditerranéens de la Méditerranée, avec un équilibre chromatique appréciable (même si certaines scènes, y compris diurnes, semblent parfois curieusement bleutées).

Surtout, et compte tenu du dynamisme (on a failli écrire la nervosité) de la caméra, on est frappé par la belle stabilité d'ensemble, qui offre une netteté et une qualité de définition y compris dans des plans extrêmement mobiles. Les plans impliquant de nombreux figurants (dans l'armée napoléonienne ou la population cairote) fourmillent ainsi de détails très fins, qui invitent le regard à naviguer dans les moindres recoins du cadre.

Peut-être quelques séquences de nuit offrent, elles, moins de précision avec des noirs un peu denses parfois et une définition moins redoutable, mais l'ensemble séduit globalement par la vivacité de son rendu.

Son

Les bandes magnétiques sonores, qui avaient été plutôt bien conservées dans leur laboratoire d'origine, ont été numérisées au Studio L. E. Diapason, qui a fourni un travail d'éclaircissement et d'harmonisation appréciable. Le rendu est donc propre et pour le moins dynamique, dans la mesure où le film bouillonne parfois par la profusion des paroles et des langues. L'équilibre avec la partition musicale de Gabriel Yared est également satisfaisant, même s'il nous faut avouer avoir dû tendre l'oreille lors de quelques scènes, soit celles entre Caffarelli et Ali, soit celles impliquant Napoléon (mais ce dernier point est peut-être davantage dû à la diction de Patrice Chéreau, qui manque d'articulation).

Suppléments

Le coffret contient un livret d'une quarantaine de pages, principalement illustré par des images du film (mentionnons tout de même quelques photos de repérage et la reproduction d'une maquette de costume), rédigé par Amal Guermazi, violoniste, musicologue et conseillère scientifique dans la future exposition de la Cinémathèque (avec une préface de Frédéric Bonnaud, qui associe pour ce film-ci Chahine au Renoir de La Marseillaise). Revenant sur la coproduction, le casting, le tournage et la réception critique du film, le texte, clair et plaisant, rapporte plusieurs propos ou anecdotes éclairants. On aurait éventuellement aimé, surtout compte tenu de sa compétence spécifique, que l'auteure développe davantage sa dernière partie, qui aborde la rencontre entre Orient et Occident en suggérant la pertinence, sur ce point, de l'approche musicologique, mais qui ne l'approfondit pas vraiment. 

Sur le disque, outre une bande-annonce originale (2 min 30), figure un supplément original intitulé Bonaparte - Chahine, secrets de tournage (30 min - HD). L'intérêt du module repose essentiellement sur les images d'archives faisant intervenir les différents protagonistes (et leur tabac), et en premier lieu Youssef Chahine, particulièrement explicite quant à ses intentions, notamment sur le fait de "joindre les forces" des pays coproducteurs pour lutter contre l'hégémonie du cinéma américain. Patrice Chéreau parle de son interprétation, en expliquant qu'il ne cherchait pas forcément "à être Napoléon, mais à jouer quelqu'un qui se prend pour Napoléon..." Michel Piccoli évoque enfin la polyvalence de Youssef Chahine, qui arrivait à la fois sur le plateau en ayant très précisément préparé son découpage, mais qui témoignait également d'une capacité d'adaptation et d'une aptitude à tout faire sur un tournage qui forçait son admiration.

Par Antoine Royer - le 17 septembre 2018