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Actualités - Cinéma

Rétro Ford à La Cinémathèque Française - semaine 6

On pourra s'arrêter cette semaine sur Docteur Bull, qui fait partie de ces œuvres a priori mineures de John Ford, celles où il évoque l'Americana sur un ton léger, désinvolte. Ici, il suit les pérégrinations du Docteur Bull (Will Rogers), médecin bougon d'une petite ville campagnarde qui se livre tout entier à sa mission. Les petites scènes s'enchaînent, sans que de grands enjeux n'adviennent. On part à la rencontre des gens, on suit la vie de cette petite bourgade populaire et l'on apprend à connaître Bull au-delà de son aspect bourru et de son franc-parler. Ford, à travers ces saynètes tragi-comiques, dessine un portrait en demi-teinte de ses compatriotes, fustigeant leur puritanisme et dans un même temps célébrant la façon dont ils parviennent à faire corps. Le cinéaste ne dresse pas un tableau idyllique du passé même si une palpable nostalgie innerve le film, nostalgie qui mène à la mélancolie et non à une célébration d'un temps révolu. Cette mélancolie, c'est celle de tout ce qui disparaît, qui s'efface, du temps qui passe, des rêves perdus. Rêves d'une vie meilleure, rêves d'une grande passion ou d'une grande nation dont les personnages doivent faire le deuil. Ford manie à la perfection ce mélange de comédie et de drame, jouant sur les digressions et les détails a priori anodins. Une profonde vérité se dégage du film, vérité que l'on doit au regard précis du cinéaste et à sa formidable direction d'acteurs.

Après cette première partie très légère, très libre, le ton se durcit et se fait plus dramatique alors qu'une épidémie de typhus menace la population. Bull comprend rapidement que la maladie vient de la pollution de la nappe phréatique par une usine proche et il se heurte aux petits arrangements entre politiques et business, Ford se glissant alors dans la mythologie américaine du David contre Goliath, du John Doe contre l'institution financière et politique. Le film se fait alors plus sombre - une cabale est montée contre Bull qui voit bientôt toute la ville se retourner contre lui - et Ford en profite pour montrer combien il exècre ces comportements de masse menant aux lynchages qui ont marqué l'histoire de son pays. Si Docteur Bull est une magnifique réussite, il le doit beaucoup au grand Will Rogers qui apporte énormément à son personnage. Ford signera dans la foulée deux autres très beaux films avec l'acteur, Judge Priest et Steamboat Round the Bend. Il aurait pu devenir un fidèle du cinéaste, tant il est évident que les deux hommes s'accordent, mais Rogers disparaît malheureusement à la fin du tournage de ce dernier film. Docteur Bull fait peut-être partie des petits films de John Ford mais, tout comme ses chefs-d'œuvre, il donne la sensation de contenir l'Amérique toute entière.

A noter aussi cette semaine, la diffusion du documentaire John Ford et Alfred Hitchcock : le loup et l'agneau, un entretien croisé entre ces deux géants du cinéma mené par André S. Labarthe et Hubert Knapp (vendredi 9 à 20h30).

Egalement au programme, deux muets (By Indian Post et Hell bent) accompagnés en direct par Thomas Lavoine (samedi 10 à 14h30).

Les films de la semaine du 5 au 11 janvier chroniqués sur dvdclassik

tous Les films du 5 au 11 janvier

Lundi 5 à 19h00 : Docteur Bull (Doctor Bull, 1930)
Lundi 5 à 21h00 : La Maison du bourreau (Hangman's House, 1928)
Mercredi 7 à 19h00 : Gagnant quand même (The Shamrock Handicap, 1926)
Mercredi 7 à 21h00 : La Garde noire (The Black Watch, 1929)
Jeudi 8 à 19h00 : The Last Outlaw / Tête brûlée / North of Hudson Bay (1919 & 1923)
Jeudi 8 à 21h00 : Mother Machree / Riley the Cop (1928)
Vendredi 9 à 20h30 : John Ford et Alfred Hitchcock : le loup et l'agneau d'André S. Labarthe et Hubert Knapp (2000)
Samedi  10 à 14h30 : By Indian Post / Hell Bent (1919 & 1918) - Accompagnement musical par Thomas Lavoine
Samedi 10 à 16h30 : Les Cavaliers (The Horse Soldiers, 1959)
Samedi  10 à 19h00 : Le Mouchard (The Informer, 1935)
Samedi 10 à 21h00 : La Charge héroïque (She Wore a Yellow Ribbon, 1949)
Dimanche 11 à 17h15 : Le Corsaire de l'Atlantique (Seas Beneath, 1930)
Dimanche 11 à 19h30 : Quatre hommes et une prière (Four Men and a Prayer, 1938)
Dimanche 11 à 21h30 : Tête brûlée (Air Mail, 1932)

To be continued...
 

Présentation du cycle

Planning des projections

Par Dvdclassik - le 5 janvier 2015

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