De L’Ami américain à Hammet, Wim Wenders a toujours évoqué sa fascination pour l’Amérique. Mais une évocation en filigrane, celle d’une Amérique fantasmée par les personnages (Au fil du temps), déceptive (Alice dans les villes), vécue à travers le prisme du cinéma (Nick’s Movie, L’Etat des choses). Le rendez-vous manqué de Hammet ne pouvait que pousser Wenders à se plonger dans une fiction purement américaine, à se frotter directement à ses mythes et à son territoire. Il trouve dans l’histoire de Sam Shepard, acteur, homme de théâtre et écrivain sous influence de la Beat Generation, le terreau propice pour un film qui parlerait de son Amérique, qui répondrait à son désir impérieux d’enfin décrire ce qu’elle représente pour lui. Une Amérique de l’errance, en perte de repères, qui comme son héros ressent le besoin de renouer avec son passé.

Les paysages, les villes sont magnifiquement filmés par Robby Müller. Les couleurs flamboyantes (c’est la première fois que Wenders tourne en couleur), les crépuscules et les aubes, les lignes de fuite du désert, la verticalité des gratte-ciel... l’image fait référence bien sûr à Edward Hopper, mais surtout témoigne de l’amour porté par Wenders à ce pays. La partition magistrale de Ry Cooder et le casting (Harry Dean Stanton, inoubliable, les apparitions de Dean Stockwell et John Lurie) évoquent aussi mille images de l’Amérique.

Un grand film, peut-être le chef-d'oeuvre de son auteur, que Tamasa nous propose de revoir sur grand écran, trente ans après sa présentation au Festival de Cannes où il remporta la Palme d'Or.

dans les salles

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