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Les moissons du ciel

Ce mercredi, Solaris Distribution propose de découvrir, en salle et en version restaurée, Les Moissons du ciel, second film de Terrence Malick. La voix rocailleuse de la jeune Linda Manz donne par son commentaire off (plus authentique que la fausse naïveté de narratrice-menteuse de la Sissy Spacek de Badlands) le ton de ce film lyrique, où le drame social (la combine épouvantable montée par un couple de saisonniers) se mue en fable biblique (l'attaque des sauterelles) à l'accent pastoral. Ce chef-d'oeuvre conclut la - brève - première partie de carrière de Malick, qui ne reviendra au cinéma que vingt ans après avec La Ligne Rouge. Il y aurait de bonnes raisons, au sein d'une majestueuse filmographie, de le considérer comme son plus beau film... en tout cas comme un inoubliable jalon, porté, outre la musique de Morricone, par un usage inspiré du Carnaval des Animaux de Saint-Saëns, la superbe photographie de Nestor Almendros et une direction artistique perfectionniste de Jack Fisk. En abordant l'histoire de son pays, Malick touche à quelque chose du transcendantalisme qui fait la spécificité de la philosophie (et de la culture) américaine. C'est une oeuvre profonde, jamais empesée cependant du sens de sa propre profondeur qui parfois guettera Malick par la suite. Et, simplement, de toute beauté.