Deuxième collaboration entre Marcel Carné et Jean Gabin, Le Jour se lève est l'un de ces précieux films qui marquent la fin d'une décennie fabuleuse du cinéma français qui a su tenir la dragée haute à Hollywood de par son inspiration artistique, ses expérimentations techniques et le nombre conséquent de grandes oeuvres signées par des cinéastes aussi différents que Vigo, Renoir, Carné, Duvivier, Clair, Grémillon ou encore Pagnol. Dans Le Jour se lève, dont la narration est construite sur un flashback - un procédé alors inédit et dont l'usage inquiéta jusqu'au réalisateur lui-même - l'humeur est à l'évocation sombre de souvenirs douloureux et au repli sur sa propre personne dans un univers de plus en plus déshumanisé. Ainsi, à la veille de la guerre, le réalisme poétique de Carné/Prévert vire au cauchemar urbain, se dissout presque dans l'expressionnisme et surtout tourne au désenchantement total.

Ce film sublime, tant par son fond que par sa forme, le public de 2014 a la chance de pouvoir à nouveau l'apprécier en salles, et ce dans une version restaurée qui intègre de plus des scènes qui furent alors censurées par le gouvernement de Vichy (avant que ce dernier n'interdise complètement le film de projection en raison de son caractère jugé "démoralisant"...). C'est donc après un intense travail de restauration technique (image et son), puis de réflexion et de recherche d'éléments pellicule à travers le monde, que se représente à nous Le Jour se lève, 75 ans après sa première sortie, pour une diffusion en salles dans plusieurs pays (dont les Etats-Unis) puis en vidéo. Une occasion à ne certainement pas manquer !

dans les salles

Alors que la nuit tombe, un coup de feu retentit dans un immeuble de banlieue. François (Jean Gabin) vient de tuer Valentin (Jules Berry). Enfermé dans son appartement, il se souvient des circonstances qui l’ont mené à ce drame. Pendant ce temps, les forces de l’ordre s’organisent pour tenter de l’arrêter... (lire la suite)