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Actualités - Cinéma

Le Ciel peut attendre

Le Ciel peut attendre, qui ressort ce mercredi dans les salles, est une inoubliable comédie humaine, l'une des plus éclatantes réussites de Lubitsch qui doit aussi beaucoup au scénario de Samson Raphaelson, collaborateur de longue date du cinéaste. Le film s'attache à brosser le portrait le plus juste et sensible qui soit de la vie d'un couple, celui de Harry et Martha, magnifiquement interprétés par Gene Tierney et Don Ameche : la rencontre, le mariage, les disputes, la séparation, les retrouvailles. Rien que de très classique mais qui, sous la houlette du grand Lubitsch, devient une symphonie d'humour et de tendresse. Il s'attache aux soubresauts de la vie avec une infinie compréhension de la chose humaine. Il va et vient entre comédie et drame, loufoquerie et douceur, et ce au sein même d'une scène, comme pour saisir le mouvement même de la vie. Lubitsch regarde ses deux amoureux avec une malice teintée de nostalgie, ne s'amusant jamais à leurs dépens mais riant avec eux de l'absurdité de la vie, se régalant de ses surprises, s'émouvant de ses drames. Le cinéaste veut montrer le couple sous un jour nouveau, loin des standards et des stéréotypes habituels du cinéma hollywoodien. Il veut parler de la vieillesse, de la mort, du deuil, mais toujours avec un œil pétillant et une infinie pudeur.

On ne peut s'empêcher de voir dans ce film testamentaire (Lubitsch ne réalisera plus qu'un seul long métrage dans son entier) une manière pour le cinéaste de se pencher sur sa vie et son œuvre, et c'est certainement de là que viennent la sérénité et la beauté du film. Tout Lubitsch est là : le romantisme, une certaine dose de provocation et d'immoralité, la passion des sentiments amoureux, le goût pour la frivolité, la satire sociale... C'est aussi dans ce film que Lubitsch signe ce qui restera peut-être sa plus belle séquence : le couple valse, rythmant la danse par l'évocation de souvenirs communs. Quelque chose de profond passe alors entre eux, sans qu'il n'y ait de mots, quelque chose de l'ordre de la compréhension, du pardon, d'un nouvel amour, plus intime, moins flamboyant. Mais un lourd secret trouble la scène, et Lubitsch recule doucement sa caméra pour ne pas risquer de brusquer la délicate sérénité de l'instant, pour conserver aussi longtemps qu'il est possible cet instant privilégié alors que l'on a compris qu'il ne sera qu'éphémère. Un instant de grâce qui résume toute la subtilité de l'art de Lubitsch...

DANS LES SALLES

Le ciel peut attendre
UN FILM D'ERNST LUBITSCH (1943)

DISTRIBUTEUR : SPLENDOR FILMS
DATE DE SORTIE : 31 JANVIER 2018

La Chronique du film

Harry Van Cleve, qui vient de passer de vie à trépas, se pointe tout naturellement aux portes de l'Enfer, là où il pense avoir sa place au vu de son existence dissolue. Mais le diable ne l'entend pas de cette oreille et veut des preuves de sa mauvaise conduite sur Terre. Van Cleve déroule alors le fil de sa vie : homme à femmes, insouciant, joueur et noceur, il semble bien avoir toutes les qualités requises pour rôtir dans les feux de l'enfer. Mais il y a son histoire d'amour avec Martha... (lire la suite)

Par Olivier Bitoun - le 29 janvier 2018

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