Après la réédition de Cléopâtre et de La Maison des étrangers, Swashbuckler achève son cycle Mankiewicz avec l'un des sommets de sa carrière : La Comtesse aux pieds nus. C'est un projet qui tenait tout particulièrement à coeur au cinéaste, si bien qu'il créa pour l’occasion sa propre compagnie de production. Le résultat est un véritable chef-d’œuvre d’intelligence et d’émotion. Parfait modèle d’écriture, le film conte dans le même temps une bouleversante histoire d’amitié homme/femme, des amours impossibles, et propose une vision acérée et parfois grinçante d'Hollywood et du monde du spectacle. Mankiewicz, même s’il n’est pas tendre envers ce petit "univers" qu’il connait très bien pour l’avoir côtoyé, n’est pas un cynique et tous ses personnages demeurent attachants et humains malgré leur égoïsme et leurs immenses défauts. Ce sont des êtres de chair et de sang et non de vulgaires marionnettes ; et que ce soit le producteur, le metteur en scène, le milliardaire ou le Comte, nous éprouvons de la sympathie pour chacun des personnages. Il faut dire qu’Edmond O'Brien, Humphrey Bogart, Marius Goring et Rossano Brazzi sont tous épatants dans leurs rôles respectifs. Et que dire d’Ava Gardner si ce n’est qu’elle se révèle absolument inoubliable, irradiante de beauté dans ce qui pourrait être son plus beau rôle, un des personnages féminins les plus richement écrits du cinéma hollywoodien, un véritable cadeau de la part du cinéaste. Une magnifique photographie de Jack Cardiff, une belle partition de Mario Nascimbene viennent enrichir ce film mythique, émouvant, envoûtant, discret, sensuel, bouleversant, qui hante longtemps après sa vision car, sous son apparente froideur, il y couve une flamme qui n’est pas prête de s’éteindre...

DANS LES SALLES

La comtesse aux pieds nus
UN FILM DE Joseph L. Mankiewicz (1954)

DISTRIBUTEUR : SWASHBUCKLER FILMS
DATE DE SORTIE : 25 MAI 2016

La Page du distributeur

La Chronique du film

Harry Dawes, réalisateur américain sur le déclin, se rend en Espagne accompagné d’un producteur, de son associé et d’une starlette, tous trois représentant une certaine image de la vulgarité hollywoodienne. Leur but : trouver la nouvelle future star du cinéma américain qu’ils pensent trouver en Maria Vargas - une danseuse flamenco dans un cabaret miteux de Madrid. Tout d’abord peu convaincue, Maria accepte finalement, séduite par l’intelligence et la finesse de Harry Dawes dont elle devient rapidement l’amie. Après trois films, Maria D’Amata (son pseudonyme) est une star planétaire mais elle se lasse vite de ce monde qui la dépasse et l’ennuie. Plus que la célébrité, c’est bien l’amour et le bonheur que cherche cette Cendrillon moderne... (Lire la suite)