1926-2016, plus de trois générations nous séparent de L'Aurore, le plus grand film de son auteur, l'Allemand Friedrich Murnau qui put avec ce film américain et les moyens qui lui furent alloués faire la synthèse de toute son oeuvre et marquer durablement l'histoire du cinéma. Point d'aboutissement esthétique du cinéma muet (une ère qui atteint son apogée à la fin des années 20), L'Aurore conserve en effet tous ses charmes tant son intemporalité est marquée du sceau de l'évidence. Alors qu'il nous semble que toutes les grandes avancées historiques et formelles du silent movie se trouvent ici réunies en un seul film, avant la révolution entraînée par le cinéma parlant, aucun des motifs stylistiques employés dans cette oeuvre ne se révèle daté. L'universalité de l'intrigue développée et la modernité sauvegardée de L'Aurore nous sautent encore aux yeux aujourd'hui. Mille fois célébré de par le monde, ce film-poème n'a rien perdu de son pouvoir visuel et émotionnel. Théâtre du Temple a eu l'excellente idée de le ressortir en salles cette semaine... autant dire qu'on ne saurait trop vous conseiller de profiter de cette expérience sur grand écran !

DANS LES SALLES

Dans un village de pêcheurs de la campagne américaine, un homme simple marié à une femme douce et aimante, et père d'un enfant, est intensément attiré par une femme de la ville au charme vénéneux venue visiter l'endroit. Celle-ci s'est attardée plusieurs jours dans la région où elle peine à tromper l'ennui avant de jeter son dévolu sur ce pauvre paysan qui peine à résister à ses pulsions. Une nuit, la vile tentatrice parvient à convaincre l'homme, écartelé par ses sentiments, de se débarrasser de sa femme en simulant une noyade accidentelle puis de la rejoindre en ville. Alors que les époux font une virée sur le lac à bord de leur canot, l'homme échoue dans sa tentative de meurtre, incapable de mettre son plan à exécution. Il ne réussit qu'à effrayer sa femme qui parvient à s'enfuir jusqu'au tramway qui serpente vers la grande cité... (Lire la suite)