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Re: Richard Brooks (1912-1992)

Publié : 25 avr. 17, 12:05
par Rick Deckard
Alexandre Angel a écrit :
Rick Deckard a écrit : 1975 ! Je croyais que c'était fini depuis longtemps les titres français idiots pour les westerns...
C'était ça ou Mords la douille :mrgreen:
:lol:

Sinon, sérieusement, l'expression "Bite the bullet" ça veut pas dire quelque chose comme "Prendre le taureau par les cornes" ? Parce que je n'ai pas retrouvé ça dans le film, que j'ai trouvé plutôt mou, manquant de substance et de suspense...

Re: Richard Brooks (1912-1992)

Publié : 25 avr. 17, 12:33
par Alexandre Angel
Rick Deckard a écrit :Sinon, sérieusement, l'expression "Bite the bullet" ça veut pas dire quelque chose comme "Prendre le taureau par les cornes" ?
Le sens est double dans le film parce que c'est une expression comme tu le dis mais par contre je ne sais plus ce que ça veut dire (rien à ce sujet dans la chronique de Jeremy Fox?). L'autre sens est évidemment littéral puisque c'est la balle qui sert de "couronne" dentaire au mexicain.
C'est un film pour lequel j'ai beaucoup de tendresse..

Re: Richard Brooks (1912-1992)

Publié : 25 avr. 17, 12:44
par cinephage
Alexandre Angel a écrit :
Rick Deckard a écrit :Sinon, sérieusement, l'expression "Bite the bullet" ça veut pas dire quelque chose comme "Prendre le taureau par les cornes" ?
Le sens est double dans le film parce que c'est une expression comme tu le dis mais par contre je ne sais plus ce que ça veut dire (rien à ce sujet dans la chronique de Jeremy Fox?). L'autre sens est évidemment littéral puisque c'est la balle qui sert de "couronne" dentaire au mexicain.
C'est un film pour lequel j'ai beaucoup de tendresse..
Ca veut dire "serre les dents". (en gros, mords bien fort la "balle" qu'on t'a mis dans la bouche pour ne pas hurler). Et c'est effectivement ici un jeu de mot, puisqu'il y a une balle réellement mordue (enfin, sous forme de prothèse dentaire).

Re: Richard Brooks (1912-1992)

Publié : 25 avr. 17, 13:44
par Alexandre Angel
cinephage a écrit : Ca veut dire "serre les dents".
Voilà, merci!

Re: Richard Brooks (1912-1992)

Publié : 25 avr. 17, 13:54
par Rick Deckard

Re: Richard Brooks (1912-1992)

Publié : 25 avr. 17, 13:57
par Alexandre Angel
Rick Deckard a écrit :Le taureau, aussi :wink:
Voilà, merci! :mrgreen:

Re: Richard Brooks (1912-1992)

Publié : 29 avr. 17, 16:38
par shubby
En attendant de revoir La chevauchée sauvage via le dernier BR, j'ai découvert, hier, Les professionnels via le BR de la collection very Classics - merci Noz.
Soit je ne l'avais jamais vu, soit tout jeune et ne m'en souvenais plus. Il se confond avec Vera Cruz & La horde sauvage, je crois une sorte de trilogie mexicaine, nonobstant l'apport important rital dans le genre zapatiste - rip Tomas Milian.

J'ai pris un sacré panard. Action, rythme, chouette écriture - les dialogues sont formidables - photo à se damner - Brooks filme le désert comme peu savent le faire - personnages fort, avec des hommes - des vrais ! - qui ressembleraient presque à des ordures en ces temps d'ordre moral castrateur.

La claque en ce qui me concerne est venue du personnage de Lancaster, lors d'un baroud d'honneur dans lequel, actuellement, il mourrait. Là, non, seul contre tous il s'en sort !! Je ne sais pas si la mode des héros massacrés vient de La horde sauvage, de Live & die in LA ou autre (le samourai / the killer), mais cette norme du héros éternel d'alors ne l'est plus et relèverait presque, désormais, du twist. Le - mec - s'en - sort !!! Phénoménal. sans trop connaître le ciné de Brooks, je crois pouvoir affirmer que malgré sa clairvoyance il s'est efforcé de mettre de l'optimisme dans le média ciné. C'est pas Peckinpah, quoi, là on a l'antithèse de La horde. Bah merci au réal' de De sang froid, franchement, de relever le moral du cinéphile par définition un poil trop mélancolique. Un sacré bon film, doté, fait amusant, d'un scénario pas si éloigné du dernier Mad Max en date.

Re: Richard Brooks (1912-1992)

Publié : 9 mai 17, 16:28
par Kevin95
LOOKING FOR MR. GOODBAR de Richard Brooks (1977) découverte

Portrait brutal d'une jeune femme de 1977, tiraillée entre une éducation à la dure et une libération sexuelle qu'elle n'arrive pas à gérer. Les quelques coquilles et naïvetés relevées ici ou là dans le film se cognent à une scène finale défenestrant, si choquante qu'on ne se fait pas prier pour relancer le métrage. Dès lors, les dites coquilles se mettent à disparaitre, Looking for Mr. Goodbar n'est pas un film réaliste mais une tragédie, la perte du personnage de Diane Keaton (LE rôle de sa vie) est inscrite dans ses gênes, Theresa vit sur un volcan, le tout est d'attendre l'éruption. Après le bide de The Happy Ending et l'indifférence de ses plus populaires (au sens noble de terme) Dollars et Bite the Bullet, Richard Brooks dégaine le film choc, prend le pouls d'une époque où la priorité est de savoir ce qu'on va mettre pour sortir dans en boite, brouille les pistes morales entre conservatisme et féminisme. Le personnage paye-t-elle sa libération ? Est-ce le monde qui l'entoure qui n'est pas prêt à la recevoir en tant de femme accomplie ? Les deux mon général, Looking for Mr. Goodbar reste entre les dents et c'est tant mieux.

Re: Richard Brooks (1912-1992)

Publié : 9 mai 17, 17:07
par Alexandre Angel
On a beaucoup critiqué le film sous l'angle de son puritanisme complaisant. Qu'en penses-tu (moi, rien, ça fait trop longtemps que je ne l'ai pas vu)?
Sinon
Kevin95 a écrit :Richard Brooks (........) prend le pou d'une époque
Il aurait pu le lui laisser :mrgreen: pardon, Kevin, c'était plus fort que moi :oops:

Re: Richard Brooks (1912-1992)

Publié : 9 mai 17, 17:40
par Kevin95
Alexandre Angel a écrit :On a beaucoup critiqué le film sous l'angle de son puritanisme complaisant. Qu'en penses-tu (moi, rien, ça fait trop longtemps que je ne l'ai pas vu)?
Sinon
Kevin95 a écrit :Richard Brooks (........) prend le pou d'une époque
Il aurait pu le lui laisser :mrgreen: pardon, Kevin, c'était plus fort que moi :oops:
Chapeau Alexandre (j'ai écrit la chose trop vite, comme d'hab, donc des erreurs par dizaines, comme d'hab).

Sinon, le film est volontairement ambigu là dessus et c'est bien là sa qualité. Comme un Midnight Cowboy féminin, le réalisateur fustige autant l'esprit libertaire (jugé comme irresponsable) que conservateur (voir la famille sclérosée par la religion). En montrant le film à des potes, l'un d'entre eux a tiqué en voyant le rôle terrible tenu par la communauté homo. Or c'est UN homo et non LES homos qui sont fautifs dans le film et on peut l'élargir cette affirmation à tous les thèmes développés par le métrage : la drogue, les femmes, le sex...

Ni oui ni non quoi.

Re: Richard Brooks (1912-1992)

Publié : 9 mai 17, 18:41
par Alexandre Angel
Remarque, tu répondais déjà à ma question dans le précédent message. J'aimerais beaucoup le revoir dans une belle édition, ce film. La fin est en effet stratosphérique (on a presque envie de se pincer).

Re: Richard Brooks (1912-1992)

Publié : 9 mai 17, 18:55
par Kevin95
Alexandre Angel a écrit :Remarque, tu répondais déjà à ma question dans le précédent message. J'aimerais beaucoup le revoir dans une belle édition, ce film. La fin est en effet stratosphérique (on a presque envie de se pincer).
Un ciné club dans Paris l'a passé, ça fumait, ça buvait, ça parlait, ça rigolait et quand cette fin est arrivée, crack ! Un silence de mort. Quand tu connais le film, ça te fait rire doucement. :mrgreen:

Re: Richard Brooks (1912-1992)

Publié : 4 janv. 18, 20:46
par Thaddeus
Alexandre Angel a écrit :
Thaddeus a écrit :À la recherche de Mr Goodbar (Richard Brooks, 1977)À un monde (l’Amérique de 1977, captée tel un instantané sociologique) qui n’est plus permissif mais juste indifférent, le cinéaste oppose une héroïne en révolte contre les carcans puritains où l’on tente de l’étouffer et dont l’éducation catholique demeure le symbole originel. Pourtant cette jeune femme est double, et ce qui la fait courir de bar en boîte de nuit, de sex-shop en partouze, c’est la recherche confuse de l’autodestruction, la quête d’un plaisir sans tabou qui se définit par la disparition progressive de la lumière et s’achève dans un noir et blanc stroboscopique. D’une amertume sans recours, d’une lucidité anxieuse qui évite l’humanisme crédule comme le psychologisme moralisant, le film est une odyssée crue, angoissée, donnant à voir de surcroît tout le talent d’une très grande actrice, Diane Keaton.
...mais évite-t-il une forme de puritanisme sacrificiel?
C'est juste une question mais je me la suis toujours posée.
Pour moi, clairement non, mais je crois savoir que le film subit parfois ce reproche. Il serait séduisant d'appliquer à l'héroïne la grille, toujours tentante dans sa facilité, de l'interprétation psychanalytique, et que viendrait corroborer tout au long du récit son double comportement. Et de ce point de vue, le cinéaste pose bien quelques jalons (ne serait-ce que les fantasmes de la jeune femme et à l'intérieur de ceux-ci les avatars de l'image du père) mais ils sont moins explicatifs que volonté de décrire un personnage dans sa totalité. Ce qui l'intéresse, avec la générosité, l'attention inquiète que l'on sait chez lui, c'est de saisir au mieux (et avec quelle maîtrise) et globalement l'itinéraire de l'enseignante de sa situation de victime innocente à celle de victime lucide. Rien n'est rassurant ici. Une initiation amoureuse avec un enseignant qui n'entend pas sacrifier son confort matrimonial pour une rencontre agréable, qui sera suivie (apprentissage de la jalousie et suicide fantasmé) d'autres rencontres moins agréables. Rien, ou pas loin : l'anecdote, la peine de coeur dont on se remet avec plus ou moins de bonheur. Jusqu'au moment où Theresa décide de se faire stériliser. L'irréversibilité de l'acte laisse entrevoir la tragédie. La jeune femme se laisse emporter, en toute conscience, sur le versant nocturne de son histoire. La lumière claire du début en baigne la salle de classe, le monde "normal", mais de surface, où l'héroïne évolue et tente de faire progresser les choses, c'est-à-dire de faire reculer l'infirmité de ses élèves, laquelle n'est pas qu'affaire de physiologie mais aussi de société (les plus fortunés ou les moins défavorisés entendront toujours mieux que les autres), cette lumière-là s'efface peu à peu de l'écran, comme rongée par l'univers nocturne où elle s'engloutit. Là où certains liront dans le dénouement de cette trajectoire une punition d'ordre moral, je perçois l'ultime mise en cause de l'Amérique, avec ses pourvoyeurs de drogue et de bonne parole, ses voyous et ses honnêtes gens, son inutile liberté et sa formidable indifférence qui exigeait moins de nuances que le portrait d'une enfant déchue.

Re: Richard Brooks (1912-1992)

Publié : 4 janv. 18, 21:20
par Alexandre Angel
Pardon Thaddeus, mais je comprends mal ta conclusion
Thaddeus a écrit : Là où certains liront dans le dénouement de cette trajectoire une punition d'ordre moral, je perçois l'ultime mise en cause de l'Amérique, avec ses pourvoyeurs de drogue et de bonne parole, ses voyous et ses honnêtes gens, son inutile liberté et sa formidable indifférence qui exigeait moins de nuances que le portrait d'une enfant déchue.
Peux-tu éclairer ton serviteur, STP :D ?

Re: Richard Brooks (1912-1992)

Publié : 4 janv. 18, 23:10
par Thaddeus
L'adjectif "inutile" est en effet très mal approprié. Je voulais dire par là que le projet de Brooks me semble relever d'une tradition naturaliste qui est celle du réquisitoire, non seulement contre la permissive society, la licence sexuelle et morale, mais aussi et d'abord contre l'hypocrite rigorisme qui par contrecoup lui a donné naissance (c'est ce que souligne la maladie héréditaire de Theresa, que son père refuse d'admettre : noter en passant l'écho à Zola). Là se situent la richesse du propos, son refus du manichéisme et de la distanciation confortable. Le cinéaste a soin de diriger Diane Keaton de sorte que le spectateur, quelles que soient les circonstances, s'identifie avec elle, sympathise avec elle, souffre avec elle. Que le film puisse paraître manquer de nuances par ailleurs (la manière acérée dont il dépeint les personnages masculins, par exemple, relève d'une logique non équitable - mais polémique, donc assumée) m'importe moins que la précision et la proximité dont la mise en scène fait preuve pour dépeindre le parcours de son héroïne.
... Est-ce un peu plus clair ? J'ai un doute... :?