Superbe critique de
L'assassin habite au 21 ! Je me suis régalé du début à la fin.
Plus je le revois, plus il est mon Clouzot préféré (allez, à égalité avec
Quai des orfèvres) et ça doit être quelque chose de le visionner dans le BR Gaumont.
La localisation et les personnages ont beau avoir été francisés,
parisianisés même, l'atmosphère typically british est restée : ruelles étroites humides, pension de famille très
bed & breakfast, galerie de zozos plus excentriques les uns que les autres (le génial Roquevert ferait un parfait vieux colonel des Indes) et bien entendu l'ineffable, suprêmement élégant et désinvolte personnage de l'inspecteur campé par le fabuleux Fresnay dont l'identité à consonance russo-polonaise
(cf plus bas) est délicieusement antinomique tant on s'attendrait plutôt à le voir se présenter sous le nom de Mortimer Jamieson, Delroy Muybridge, Angus McFarlane ou tout simplement...
(cf plus bas aussi)
Au final,
L'assassin habite au 21 fait paradoxalement plus authentiquement british que
Drôle de drame.
Très sympa d'avoir retranscrit le dialogue sur le lampadaire avec l'excellent Bubu. Dialogue qui ne serait pas aussi réjouissant si l'interprète du brave cogne n'avait été Gabriello, autre épatant second couteau "à voix" d'alors.
Bien aimé l'allusion à Hitchcock car j'ai toujours fait un rapprochement entre la séquence au montage dramatique crescendo de la "révélation" de Mila Malou et celle du concert avec Doris Day à la fin de
L'homme qui en savait trop. Et puis que de points communs entre les deux réalisateurs : des perfectionnistes qui couchaient tout en détail sur le papier avant de passer à une réalisation millimétrée, l'influence de l'expressionnisme allemand, un sens du raccourci évocateur (dont le plus bel exemple chez Clouzot est l'envol brusque du papier à cigarette précédant le son de l'explosion du camion dans
Le salaire de la peur), l'étude des faces les plus cachées de l'âme humaine (envie, suspicion, jalousie, désir sexuel ou meurtrier...), l'art du suspens, une crudité certaine, le goût des expérimentations visuelles...
Pour finir et juste pour le plaisir, le nom complet de l'inspecteur : Wenceslas Vorobeïtchik. De mémoire, il me semble que Fresnay ne le prononce qu'une seule fois, au début du film, avant qu'il ne soit plus question que de "Wens". Court... mais efficace.
C'est plus commode.
Etonnante ressemblance avec un très british héros télévisuel de la génération suivante, isn't it ?
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Et maintenant que j'y pense, ce petit carton posé avec humour m'en rappelle d'autres...
Wens, you're needed !