Blow Up (Michelangelo Antonioni - 1966)
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Blow Up (Michelangelo Antonioni - 1966)
Quels sont vos avis sur ce film de Antonioni ?
- Jeremy Fox
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Je l'ai déjà dit : s'il faut que je le redécouvre quand même, vu à l'âge de 20 ans et j'en garde un excessivement mauvais souvenir alors que tous les autres Antonioni vu à la même époque m'avait laissé une agréable impression (cycle Antonioni au cinéma de minuit).
Voilà pour l'instant mais je ne désespère pas de changer d'avis à l'occasion.
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- John Anderton
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Et bien moi j'ai adoré. L'atmosphère du film (avec les fous dans les rues de Londres), la lenteur, les cadrages très "photographiques", la façon avec laquelle Antonioni filme les femmes, etc. L'histoire en elle-même est très simple et aurait pu faire un court-métrage, mais Antonioni en profite pour nous faire entrer dans la vie de Thomas le photographe, et nous faire entrer dans son univers, celui de la mode. J'ai adoré.
Mais qu'il y a-t-il derrière ces photos?
10/10 et oui.
Mais qu'il y a-t-il derrière ces photos?
10/10 et oui.
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- Charles Foster Kane
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Heuuuu... Vu et aimé autrefois à sa sortie en salle (pour diverses raisons pas forcément cinématographiques), c'était la mode du grain en photo, Jean-Loup Sieff et d'autres, les premiers reflex Nikon (immortalisés aussi dans Z de Costa-Gavras), les agrandissements de Tri-X, le mythe du photographe beau gosse, pantalons pattes d'eph, la Mini-Moke, etc... Revu il y a quelques années à la télé : aie aie aie ! Les films à la mode ont le défaut de se démoder très vite, et celui-ci a redoutablement supporté le décalage horaire ! Anecdotiquement, Jane Birkin jeunette y fait une apparition dévétue !
PareilStar Maker a écrit :Mortifiant d'ennui dans mon souvenir du cinéma de minuit. Une image léchée et creuse. A vérifier mais je n'en ai malheureusement ni le temps ni l'envie.
le seul truc bien, ce sont les Yardbirds.
et Leone ??c'est peut-être le seul grand cinéaste italien de la deuxième moitié du 20e siècle dont j'apprécie un minimum les films...
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Personnellement j'adore. Un film empreint d'une fausse légèreté, dont le noeud central est la quête, mais aussi le rapport à l'image, celui qui montre/celui qui est montré, qu'est-ce que la vérité, etc ?
Cet homme superficiel, riche et blasé, qui rêve de photographier des ouvriers pour donner une densité à son travail... et qui est enfin confronté au mensonge. Est-il acteur ? Est-il voyeur ? Est-il manipulé ?
Un film trouble qui contraste avec des couleurs pimpantes, tranchantes et pourtant glaçantes. L'association blanc/rouge à quelque chose de tragique.
Pour moi, un chef d'oeuvre que je n'ai pas fini d'explorer, comme tous les Antonioni, ce qui m'intéresse, c'est l'os à ronger.
Cet homme superficiel, riche et blasé, qui rêve de photographier des ouvriers pour donner une densité à son travail... et qui est enfin confronté au mensonge. Est-il acteur ? Est-il voyeur ? Est-il manipulé ?
Un film trouble qui contraste avec des couleurs pimpantes, tranchantes et pourtant glaçantes. L'association blanc/rouge à quelque chose de tragique.
Pour moi, un chef d'oeuvre que je n'ai pas fini d'explorer, comme tous les Antonioni, ce qui m'intéresse, c'est l'os à ronger.
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Bravo Sergius!
Il est temps que l'on oublie le côté "fashion" de ce film qui n'a rien d'un film kitsch (l'argument est beaucoup plus pertinent pour des films comme Modesty Blaise de Losey...) pour en découvrir la richesse inouïe.
Selon moi, Blow up n'est pas un film sur les "swinging sixties" mais une oeuvre qui anticipe avec une acuité terrifiante l'évolution de nos sociétés à l'heure de l'image reine.
La quantité de thèmes explorés par ce film justifie pleinement sa durée, même si l'argument de départ (basé sur une nouvelle de Julio Cortazar, excellent écrivain argentin) aurait pu se contenter d'un traitement sous forme de court-métrage.
En effet, il y est question du pouvoir de l'artiste et de son impuissance paradoxale à être de plain pied avec le monde réel, du refroidissement généralisé des rapports humains (la seule relation amoureuse du film est précisément celle qui entraîne un assassinat, les autres relations étant glaciales ou simplement pulsionnelles), de l'omniprésence de la technologie et de la perte de contact avec le réel qui s'ensuit.
Evidemment, le thème central du film réside dans le paradoxe qui veut que plus les moyens que l'on a sa disposition pour étendre ses capacités visuelles sont étendus, moins la vision obtenue est satisfaisante : il en résulte un doute grandissant, une paranoia diffuse qui se généralise peu à peu.
La scène clé du film est celle où le photographe procède aux agrandissements des clichés pris dans le parc d'un couple se disputant. Les agrandissements permettent d'abord au héros, grâce à une observation des regards mise en scène avec maestria, de constater la présence d'un troisième personnage armé caché dans les buissons. Il s'agit probablement d'un guet-apens tendus par la femme et son amant contre l'homme avec qui elle se dispute.
Cependant, plus les agrandissements sont forts, et plus la scène perd en réalité et en visibilité jusqu'à une atomisation totale du cliché et sa transformation en un magma abstrait.
Dès lors, la constatation du cadavre pendant la nuit et sa disparition le lendemain rendent le héros perplexe : sa croyance dans les images est telle qu'il en vient à douter de ce qu'il a vu de ses propres yeux.
La disparition du négatif des photos fait retourner l'événement au néant, comme si rien ne s'était passé : il n'ira pas au commissariat pour déposer un témoignage de ce qu'il doute d'avoir vu...
Hormis ces scènes, le film dans son entier est la constatation de la perte de connexion du héros (et par extension, de la société en général) avec la réalité.
Les scènes d'anthologie illustrant cet état de fait sont légion (les mimes qui envahissent Londres, la soirée entre drogues et alcool, le concert des Yardbirds, la scène finale...) et l'ironie s'y fait cinglante (le film n'est pas dénué d'humour, même si corrosif...).
Je conseille donc à tous de retourner voir ce film afin d'y déceler, à travers les compositions picturales d'Antonioni (quelle utilisation de la couleur!), les nombreuses richesses qui s'y trouvent et nous concernent tous.
Blow up n'est rien moins qu'un chef d'oeuvre d'anticipation, l'oeuvre d'un artiste visionnaire.
Il est temps que l'on oublie le côté "fashion" de ce film qui n'a rien d'un film kitsch (l'argument est beaucoup plus pertinent pour des films comme Modesty Blaise de Losey...) pour en découvrir la richesse inouïe.
Selon moi, Blow up n'est pas un film sur les "swinging sixties" mais une oeuvre qui anticipe avec une acuité terrifiante l'évolution de nos sociétés à l'heure de l'image reine.
La quantité de thèmes explorés par ce film justifie pleinement sa durée, même si l'argument de départ (basé sur une nouvelle de Julio Cortazar, excellent écrivain argentin) aurait pu se contenter d'un traitement sous forme de court-métrage.
En effet, il y est question du pouvoir de l'artiste et de son impuissance paradoxale à être de plain pied avec le monde réel, du refroidissement généralisé des rapports humains (la seule relation amoureuse du film est précisément celle qui entraîne un assassinat, les autres relations étant glaciales ou simplement pulsionnelles), de l'omniprésence de la technologie et de la perte de contact avec le réel qui s'ensuit.
Evidemment, le thème central du film réside dans le paradoxe qui veut que plus les moyens que l'on a sa disposition pour étendre ses capacités visuelles sont étendus, moins la vision obtenue est satisfaisante : il en résulte un doute grandissant, une paranoia diffuse qui se généralise peu à peu.
La scène clé du film est celle où le photographe procède aux agrandissements des clichés pris dans le parc d'un couple se disputant. Les agrandissements permettent d'abord au héros, grâce à une observation des regards mise en scène avec maestria, de constater la présence d'un troisième personnage armé caché dans les buissons. Il s'agit probablement d'un guet-apens tendus par la femme et son amant contre l'homme avec qui elle se dispute.
Cependant, plus les agrandissements sont forts, et plus la scène perd en réalité et en visibilité jusqu'à une atomisation totale du cliché et sa transformation en un magma abstrait.
Dès lors, la constatation du cadavre pendant la nuit et sa disparition le lendemain rendent le héros perplexe : sa croyance dans les images est telle qu'il en vient à douter de ce qu'il a vu de ses propres yeux.
La disparition du négatif des photos fait retourner l'événement au néant, comme si rien ne s'était passé : il n'ira pas au commissariat pour déposer un témoignage de ce qu'il doute d'avoir vu...
Hormis ces scènes, le film dans son entier est la constatation de la perte de connexion du héros (et par extension, de la société en général) avec la réalité.
Les scènes d'anthologie illustrant cet état de fait sont légion (les mimes qui envahissent Londres, la soirée entre drogues et alcool, le concert des Yardbirds, la scène finale...) et l'ironie s'y fait cinglante (le film n'est pas dénué d'humour, même si corrosif...).
Je conseille donc à tous de retourner voir ce film afin d'y déceler, à travers les compositions picturales d'Antonioni (quelle utilisation de la couleur!), les nombreuses richesses qui s'y trouvent et nous concernent tous.
Blow up n'est rien moins qu'un chef d'oeuvre d'anticipation, l'oeuvre d'un artiste visionnaire.
"There is Paramount Paris and Metro Paris, and of course the real Paris. Paramount's is the most Parisian of all."
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Pour moi le plus beau film d'antonioni , le plus complexe, et un de mes films préférés. blow up est un film à l'atmosphére mystérieuse et envoutante , traversé de fantomes dans un Londres presque abstrait où les gens se rassemblent pour d"étranges cérémonies. c'est aussi une magnifique méditation sur les rapports illusion/réalité/fantasme.
EWS de kubrick dans sa structure ( dèméler au petit matin les fantasmes nocturnes) y fait penser. D'ailleurs KEEP YOUR EYES SHUT , c'est ce que dit le photographe à ses modèles dans blow up.
EWS de kubrick dans sa structure ( dèméler au petit matin les fantasmes nocturnes) y fait penser. D'ailleurs KEEP YOUR EYES SHUT , c'est ce que dit le photographe à ses modèles dans blow up.
- vic
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Ce film passe en ce moment, j'espère que le nombrerestreint de forumeurs présents prouve que vous êtes tous devant la télé à mater la 3 (et non la 6 par exemple). Re-vision pour ma part.
Et bien je redis ce que j'ai écrit dans le topic "sélection de la semaine" :
Je viens de regarder le début de Blow Up (je l'enregistre), ce film a certes sacrément vieilli mais je lui reprocherais certainement pas ce défaut. Je trouve au contraire que ça lui donne du charme. On est pratiquement dans un autre univers, et ça ne me déplaît pas.
Et bien je redis ce que j'ai écrit dans le topic "sélection de la semaine" :
Je viens de regarder le début de Blow Up (je l'enregistre), ce film a certes sacrément vieilli mais je lui reprocherais certainement pas ce défaut. Je trouve au contraire que ça lui donne du charme. On est pratiquement dans un autre univers, et ça ne me déplaît pas.
- Xavier
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