Dvdclassik : cinéma et DVD

Moonee a 6 ans et un sacré caractère.
Lâchée en toute liberté dans un motel de la banlieue de Disney world, elle y fait les 400 coups avec sa petite bande de gamins insolents.
Ses incartades ne semblent pas trop inquiéter Halley, sa très jeune mère.
En situation précaire comme tous les habitants du motel, celle-ci est en effet trop concentrée sur des plans plus ou moins honnêtes pour assurer leur quotidien

Film qu'on pourrait rangé dans la catégorie indé/feel good avec enfants mais qui évite tous les pièges que l'on rencontre dans ce genre de production. Pas de gamins en singes savants virtuoses, pas de musique pop balancée à tout moment ni de réconfort. Sean Baker décrit patiemment son univers et laisse au spectateur la découverte de la richesse de son récit, à la fois incursion sociale et géographique dans cette Amérique cauchemardesque. Si on peut déplorer une ligne de dialogue illustrant le propos et une fin inutilement sous tension, le réalisateur sait se maintenir en équilibre entre réalisme cru et montage/photo vivifiant (chef op de Post tenebras Lux).
Les acteurs sont tous au top entre Willem Dafoe et les débutants...avec des enfants vraiment enfant.

Je vais essayer de lui redonner une chance à Sean Baker. Son précédent film m'avait irrité au plus haut point.

J'avais écrit ça au sujet de Tangerine :

Tangerine a tout du syndrome de film ultra racoleur, vide de tout propos, artificiellement cool car "sex/racial minorities power" et trash. Le film se contente de juxtaposer des plans mal composés, mal montés et qui n'ont strictement rien à dire quant à la transgression supposée de ces personnages par rapport à leur individualité et leur inscription dans la société américaine. Passons rapidement sur les autres qualités cinématographiques extraordinaires (sic) : une "photographie" qui n'est en fait qu'un ignoble color grading After effects jaune pisse raté, une interprétation lamentable et totalement fake de la plupart des acteurs, une playlist décousue et sans aucun sens quant à toute notion d'écriture narrative et musicale. La "Mandarine" de Sean Baker est une sorte de mélange complètement raté du pire des défauts - exagérés - de Death proof (dialogues), Tarnation (traitement visuel), Crank 2 (et sans être drôle). Au secours.

Starlet son 1er était très réussi.

Dans la continuité de Tangerine, et j'ai beaucoup aimé aussi.
Les gamins sont effectivement de vrais gamins, avec ce que ça implique d'envie de les claquer de temps en temps, mais on est prêt à les excuser. Tandis que la mère, elle, j'ai eu constamment envie de lui taper la tête contre les murs tant elle est irresponsable. C'est d'ailleurs mon grief principal envers le film, ce gros problème d'empathie et d'identification envers ce personnage que j'aurais préféré ne même pas voir. Parce que lorsque Baker s'intéresse uniquement à sa petite bande de gamins espiègles, on tient le vrai coeur du film, un trip vivifiant, coloré et dynamique qui donne la pêche (et les larmes aux yeux à la fin).
Quant à Willem Dafoe, il y est merveilleux en figure bienveillante, réconfortante et protectrice (excellente séquence avec le vieux pédophile).

Je suis moyennement emballé même s'il y a pleins de belles choses... Sur le plan pictural, spatial, c'est très réussi dans la représentation de cet univers de motels à la sinistrose sucrée, le personnage de Dafoe est très très attachant, mais j'ai trouvé ceux de Moonee et de sa mère moyennement convaincants (les deux actrices, la direction?), ainsi que la propension du film à les mettre au centre après un portrait social plus global, pour révéler à petite dose ce qui est le plus douloureux, avec des flashs plus cashs un peu calculés. Le film souffre globalement d'un aspect chronique souvent intéressant, qui peine à se mêler aux "rebondissements" un peu artificiels

Spoiler (cliquez pour afficher): (la maison cramée, la brouille entre la mère et son amie voisine)

... De même le final a une très très belle idée

Spoiler (cliquez pour afficher): (cette plongée go pro / caméra cachée à Disneyworld dans un faux lyrisme)

, mais plaquée de manière pas très convaincante.

Déception pour moi aussi. Ça se regarde sans souci mais le film ne sort jamais du cadre de la "petite" chronique sur l'enfance dont l'innocence est - forcément - mise à mal par le monde des adultes. Vu le contexte white trash, je m'attendais à quelque chose d'un peu plus documentaire et sociologique (le film évite heureusement tout misérabilisme), plutôt qu'aux 400 coups d'une bande de gamins. Je ne suis pas sûr que l'angle choisi par le réal pour explorer cette Amérique des laissés-pour-compte ait été pertinent. Reste que ça fait plaisir de voir Willem Dafoe dans un rôle totalement positif.

La séquence finale

Spoiler (cliquez pour afficher): avec cette échappée (qu'on devine imaginaire) au beau pays de Mickey

clôt tout de même assez joliment la chose.

G.T.O a écrit :The Florida Project, 7/10
Chronique douce amère remarquablement ancrée, esthetiquement superbe, sonnant comme un subtil et entêtant mélodrame, portée par l’énergie communicative de ses acteurs, tous très bons. Derrière la modestie apparente du film, un regard juste et complexe sur les laissés pour compte du rêve américain.

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The Florida Project (Sean Baker - 2017)

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Re: The Florida Project (Sean S. Baker - 2017)

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