Synopsis Allociné: A Bangkok, la rue Thaniya est un haut lieu de la prostitution, fréquenté par des Japonais. Luck, l’une des reines du quartier, y retrouve Ozawa, ancien client et amant japonais déraciné. Ensemble, ils vont tenter de vivre leur amour aux confins du pays, à la frontière du Laos. Mais leur quête du paradis perdu se heurte aux traces partout présentes du passé colonial.
Sorti fin février au Japon, je suppose que le dernier film de Tomita ne devrait pas tarder à avoir une date de sortie française (festival de Locarno, présence de producteurs français).
En ce qui me concerne, il y a longtemps qu'un film récent ne m'avait pas enthousiasmé de la sorte. Ce qui frappe tout d'abord, et peut même faire peur, est sa durée de 3 heures. Durée inhabituelle pour un film indépendant fauché nippon. Mais Katsuya Tomita a sillonné la Thaïlande, exploré la face cachée de ce qui est vendu comme un paradis sur terre pour Japonais friqués, et en conséquence a tellement à raconter que l'on ne s'y ennuie jamais. On passe de la romance entre Ozawa le japonais errant et Luck la courtisane, aux projets hoteliers fumeux de hommes d'affaires nippons, en passant par les blessures de la campagne thaïlandaise avec une énergie débordante.
Katsuya Tomita ne cherche ni à dénoncer le comportement des touristes japonais et occidentaux, ni à raconter une histoire d'amour sur fond de spleen urbain comme le cinéma asiatique en a regorgé. Il cherche juste à raconter le monde qu'il a vu, et au passage à déclarer son amour pour cette région du monde, l'Asie du Sud-Est, dont on ne parle souvent que pour les aspects les plus superficiels (tourisme de masse) ou les plus sombres (drogues, prostitution). Un témoignage contemporain et brut, beau mais jamais esthétisant, qui parle d'amour sans être romantique, de prostitution sans complaisance glauque, qui compense son petit budget par une énergie folle et communicative.
Chef-d'oeuvre? J'utilise ce terme avec parcimonie, mais je serais tenté dans ce cas. Un film qui je l'espère bénéficiera d'une sortie digne de ce nom (on peut rêver), qui mérite d'être vu car personnel et unique.
Au Japon, il n'est sorti que dans 2 salles. Pourtant, même à une séance du mercredi midi, la salle où je l'ai vu affichait complet, et certains spectateurs avaient même payé pour le voir debout
On peut donc parier sur un succès d'estime qui permettra à Tomita de se lancer dans d'autres projets 
