Chu Yuan
Publié : 17 juil. 16, 00:06
Ah Chu Yuan (ou Chor Yuen selon la langue), le Mario Bava du Wu Xia Pian, le Terence Fisher de la Shaw Brother, le Feuillade hong-kongais et le Vincente Minnelli des rivalités entre clans !
Longtemps inconnu du public occidental, il fut pourtant l'un des piliers du cinéma hong-kongais, connus pour ses Wu xia Pian sur-esthétisés (même s'il aborda d'autres genres). Il débuta tout d'abord à la Cathay dont les films sont toujours difficilement trouvables avec des sous-titres anglais puis s'imposa bien-sûr à la Shaw Brothers pour un style immédiatement reconnaissable avec ses tournages en studios délicieusement bariolés, brillant d'une poésie volontairement artificielle et bénéficiant d'un soin décoratif maniaque. Le tout souvent écrit par le grand scénariste Ni Kuang qui adapta lui-même quantité de romans de Gu Long, l'Alexandre Dumas chinois. Une association à succès tant publique que critique mais qui commença à se reposer un peu trop sur une formule durant la fin des années 1970 ; début 1980.
Outre ses talents de plasticiens, la grande qualité du cinéma de Chu Yuan est l'immense fluidité de sa narration. Face à la complexité des scénarios de la guerre des clans, le sabre infernal ou encore le tigre de Jade, le cinéaste réussit à ne jamais perdre le public, à avancer avec clarté, concision et lisibilité malgré des rebondissements perpétuels et une vingtaine de protagonistes !
Duel for Gold (1970) est l'un des premiers films qu'il a réalisé pour la Shaw Brothers, si ce n'est le premier. L'occasion de juger l'évolution de son cinéma.
Ici, en effet, le cinéaste reste assez sage au niveau de la forme et ne tire pas son film vers le fantastique par l'exploitation de ses décors et de sa photographie. En revanche, il possède déjà un talent évident pour composer des cadres en cinémascope et pour utiliser les éléments et accessoires du décor. Il s'en sert d'ailleurs beaucoup durant les scènes d'actions où le mobilier est durement traité et vraiment intégré aux chorégraphies. Ce n'atteint toutefois pas le brio du final de The bastard que le cinéaste tourna 3 ans plus tard.
En parlant des chorégraphies, il faut reconnaître que celles-ci ont assez vieillies et qu'elles ne rivalisent pas avec les grands standards de l'époque. A la rigueur, ça ne serait pas vraiment un problème si, ironiquement, les combats n'étaient pas si nombreux car ils demeurent de ce fait un peu trop répétitif avec assez peu de variation dans les styles d'affrontement. Au moins, on ne peut pas dire que le film manque de rythme car l'action doit représenter tout de même presque les 2/3 du récit !
Pour parler de l'histoire, le "MacGufin" est plutôt original pour un Wu Xia Pian avec toute une ribambelle de personnes convoitant des caisses d'or, d'où une petite ambiance western pas désagréable. On retrouve tout de même l'ossature de nombreux films à film du duo Chu Yuan/Ni Kuang avec une multitude de complots, traquenard, trahisons et autres rebondissements. Ils sont plutôt mécaniques durant la première moitié mais gagne vraiment en puissance durant la dernière demi-heure alors que le nombre de survivants se réduit et qu'on se ramène à un canevas assez simple mais permettant beaucoup d'alliances et de coups fourrés. Il en ressort une intensité dramatique stupéfiante de hargne, de virulence et de misanthropie qui laisse pantois par sa radicalité (sans parler de la violence physique qui est particulièrement sanglante pour ne pas dire gore!). Le film va très loin dans sa charge contre la convoitise et l'avarice de l'être humain en conférant à l'histoire une ampleur shakespearienne (et parvient ainsi à utiliser intelligemment l'incontournable décor de la pagode utilisé dans pléthore de films du studios).
La dimension tragique est à ce titre annoncée dès le début du film par une voix-off qui va nous introduire l'histoire par un long flash-back.
Pour un coup d'essai à la Shaw Brothers, ce duel for gold montre un Chu Yuan en gestation qui n'a pas encore défini son style mais qui possède une ambition tant narrative que visuelle qui prouve qu'il était déjà un très grand cinéaste avec une personnalité, du caractère et des choses à dire.
Ce duel for gold est sorti à HK uniquement (Zone 3 donc) VOSTA et dans très belle copie.
Faudra que je vienne de temps en temps poster des anciens avis sur ses films.
Longtemps inconnu du public occidental, il fut pourtant l'un des piliers du cinéma hong-kongais, connus pour ses Wu xia Pian sur-esthétisés (même s'il aborda d'autres genres). Il débuta tout d'abord à la Cathay dont les films sont toujours difficilement trouvables avec des sous-titres anglais puis s'imposa bien-sûr à la Shaw Brothers pour un style immédiatement reconnaissable avec ses tournages en studios délicieusement bariolés, brillant d'une poésie volontairement artificielle et bénéficiant d'un soin décoratif maniaque. Le tout souvent écrit par le grand scénariste Ni Kuang qui adapta lui-même quantité de romans de Gu Long, l'Alexandre Dumas chinois. Une association à succès tant publique que critique mais qui commença à se reposer un peu trop sur une formule durant la fin des années 1970 ; début 1980.
Outre ses talents de plasticiens, la grande qualité du cinéma de Chu Yuan est l'immense fluidité de sa narration. Face à la complexité des scénarios de la guerre des clans, le sabre infernal ou encore le tigre de Jade, le cinéaste réussit à ne jamais perdre le public, à avancer avec clarté, concision et lisibilité malgré des rebondissements perpétuels et une vingtaine de protagonistes !
Duel for Gold (1970) est l'un des premiers films qu'il a réalisé pour la Shaw Brothers, si ce n'est le premier. L'occasion de juger l'évolution de son cinéma.
Ici, en effet, le cinéaste reste assez sage au niveau de la forme et ne tire pas son film vers le fantastique par l'exploitation de ses décors et de sa photographie. En revanche, il possède déjà un talent évident pour composer des cadres en cinémascope et pour utiliser les éléments et accessoires du décor. Il s'en sert d'ailleurs beaucoup durant les scènes d'actions où le mobilier est durement traité et vraiment intégré aux chorégraphies. Ce n'atteint toutefois pas le brio du final de The bastard que le cinéaste tourna 3 ans plus tard.
En parlant des chorégraphies, il faut reconnaître que celles-ci ont assez vieillies et qu'elles ne rivalisent pas avec les grands standards de l'époque. A la rigueur, ça ne serait pas vraiment un problème si, ironiquement, les combats n'étaient pas si nombreux car ils demeurent de ce fait un peu trop répétitif avec assez peu de variation dans les styles d'affrontement. Au moins, on ne peut pas dire que le film manque de rythme car l'action doit représenter tout de même presque les 2/3 du récit !
Pour parler de l'histoire, le "MacGufin" est plutôt original pour un Wu Xia Pian avec toute une ribambelle de personnes convoitant des caisses d'or, d'où une petite ambiance western pas désagréable. On retrouve tout de même l'ossature de nombreux films à film du duo Chu Yuan/Ni Kuang avec une multitude de complots, traquenard, trahisons et autres rebondissements. Ils sont plutôt mécaniques durant la première moitié mais gagne vraiment en puissance durant la dernière demi-heure alors que le nombre de survivants se réduit et qu'on se ramène à un canevas assez simple mais permettant beaucoup d'alliances et de coups fourrés. Il en ressort une intensité dramatique stupéfiante de hargne, de virulence et de misanthropie qui laisse pantois par sa radicalité (sans parler de la violence physique qui est particulièrement sanglante pour ne pas dire gore!). Le film va très loin dans sa charge contre la convoitise et l'avarice de l'être humain en conférant à l'histoire une ampleur shakespearienne (et parvient ainsi à utiliser intelligemment l'incontournable décor de la pagode utilisé dans pléthore de films du studios).
La dimension tragique est à ce titre annoncée dès le début du film par une voix-off qui va nous introduire l'histoire par un long flash-back.
Pour un coup d'essai à la Shaw Brothers, ce duel for gold montre un Chu Yuan en gestation qui n'a pas encore défini son style mais qui possède une ambition tant narrative que visuelle qui prouve qu'il était déjà un très grand cinéaste avec une personnalité, du caractère et des choses à dire.
Ce duel for gold est sorti à HK uniquement (Zone 3 donc) VOSTA et dans très belle copie.
Faudra que je vienne de temps en temps poster des anciens avis sur ses films.