Re: Notez les films naphtas
Publié : 9 mars 16, 23:58
THE MAN IN THE WHITE SUIT (Alexander Mackendrick, 1951) découverte
Le film de Mackendrick est à la fois une comédie burlesque, une fable sociale à la Capra et un drame. Le problème, c'est que tous ces genres se côtoient mais ne s'additionnent pas. Le réalisateur hésite, passe de l'un à l'autre par une petite passerelle visible à l'écran. Quand il a l'opportunité de pleinement embrasser l'un des genres, il fait machine arrière pour ne pas vexer les autres. Amusant mais pas drôle, touchant mais pas émouvant, la première heure retarde au maximum l'invention d'Alec Guinness sans pour autant combler le temps d'attente. Une fois le costume créé, Mackendrick a son sujet, choisit finalement le conte social et rattrape son retard dans la demi-heure qui suit, superbement complexe. Le monde a-t-il besoin de génie ? L'inventivité est-elle admise dans ce monde d'après-guerre qui n'aspire qu'au calme et la normalité ? Le réalisateur y répond par cette séquence où le scientifique est chassé par une meute de miliciens pour avoir osé créer. Une milice socialement disparate, composée de hauts bourgeois comme de prolétaires. Tous vont finir par rire de lui, par le déplumer au sens propre comme figuré. Mais cette union n'a pas le même but, les uns conserve leurs privilèges, les autres leurs emplois. La seule vraie victime, c'est la pensée, l'invention, l'imaginaire. Constat terrible, heureusement contrecarré par l’empathie du réalisateur pour son personnage principal qui, lunaire, ne voit pas qu'on ne veut pas de lui et qui court vers ses rêves sans regarder dans le rétroviseur. En une demi-heure tout se joue, alors tant pis pour la première heure. 7,5/10
BELLO, ONESTO, EMIGRATO AUSTRALIA SPOSEREBBE COMPAESANA ILLIBATA (Luigi Zampa, 1971) découverte
Le cinéma n'est pas une science exacte. Prenez un grand cinéaste (Michael Powell tiens), une comédie romantique et un paysage australien de dépliant et vous avez un ratage (They're a Weird Mob). Prenez un cinéaste plus modeste (Luigi Zampa tiens) dans ces mêmes conditions et le bougre s'en sort avec moins de dégâts, voir avec quelques éclats. Faut dire qu'un duo Alberto Sordi/Claudia Cardinale ça pose un film et il suffit au réalisateur de lâcher son cabotin d'acteur et sa divine comédienne dans la nature pour obtenir un résultat concluant. Sordi est un italien qui tourne en rond en Australie, Cardinale une prostituée qui rêve de la grande vie, le téléphone arabe va les unir, enfin... l'un le sait l'autre pas. Un cadenas mignon et le film l'est indéniablement. Le duo marche à 300%, fait tout le charme du film même si le scénario a du mal à suivre. La banane tout le long du film, il est difficile de faire la fine bouche devant le métrage, qui plus est quand Piero Piccioni pond un score cocktail, qui entre dans l'oreille pour ne jamais en sortir. Un parfum de rom-com américaine (on pense à It Happened One Night) contrecarré par sa dernière demi-heure, plus mordante et italienne, où les deux personnages s'unissent non pas en acceptant les différences de l'autre (morale us) mais par défaut, par qu'elle ne peut pas rentrer en Italie, parce qu’il a déjà trop dépensé pour elle. S'en fout des coups de mou, des crises d'épilepsie longuets de Sordi, c'est du longue rigolo tout ce qu'il y a d'envoutant. 8,5/10