Je viens de découvrir au cinéma, aujourd'hui-même :
Fear and desire (Stanley Kubrick, 1953)
Ce premier film de Kubrick est une curiosité intéressante, parfois maladroite (notamment dans son utilisation un peu sentencieuse de la voix off et son côté un peu théâtral, peu aidé par le jeu approximatif de certains des acteurs, notamment Paul Mazursky, futur réalisateur de
Une femme libre et de
Bob et Carole et Ted et Alice) mais qui comporte déjà en germe plusieurs des composantes essentielles de son cinéma, comme le refus du sentimentalisme, l'absurdité d'un système (ici la guerre) que l'homme a lui-même créé, la gestion d'une situation de conflit. Le regard du cinéaste américain observe déjà l'humanité avec une froide lucidité, regard qui restera le même tout au long de sa filmographie. On pense parfois à
Apocalypse now de Coppola en visionnant ce film réalisé avec un très faible budget et en toute indépendance, par sa tendance à l'abstraction et son côté fable. Et certains plans sont stupéfiants, comme ceux de la première tuerie ou ceux de la scène entre Mazursky et la jeune autochtone, notamment les gros plans très expressifs sur les victimes. Le tout est magnifiquement photographié, surtout les plans sur l'eau et la nature environnante, dangereuse et mystérieuse à la fois. Bref,
Fear and desire est une sorte de brouillon des films à venir, une oeuvre bancale mais passionnante. A découvrir absolument !