Re: Tay Garnett (1894-1977)
Publié : 20 févr. 12, 13:08
Il a vraiment l'air fort sympathique ce film. Qui plus est avec Bogart au casting...
Ca à l'air d'être un rôle atypique dans sa carrière des années 30. Et puis en lui même le film à l'air vraiment sympa!Ann Harding a écrit :C'est vraiment une bonne comédie. Mais, Bogey n'y est qu'un second rôle, assez sarcastique.
Oui, ça fait un moment d'ailleurs, je ne l'ai jamais vu dispo...Ann Harding a écrit : Le film est sorti en DVD aux USA. Mais, il est maintenant épuisé...
Voilà, entièrement d'accord avec tout. Garnett réussit le pari de réaliser à la fois un magnifique film (mélo) romantico-poétique en même temps qu'une comédie brillante aux personnage attachants et à la réalisation enlevée et inspirée. Le tout en 67 minutes !Ann Harding a écrit :Après cette belle découverte de Okay America, j'ai eu envie de revoir ce qui est certainement un des tous meilleurs films de Garnett.
One Way Passage (Voyage sans retour, 1932) de Tay Garnett avec Kay Francis, William Powell, Frank McHugh, Aline McMahon et Warren Hymer
Dan (W. Powell) et Joan (K. Francis) se sont rencontrés alors qu'ils traversent le Pacifique de Hong-Kong à San Francisco. Ils tombent amoureux l'un de l'autre. Mais, ils savent que leur histoire sera sans lendemain. Joan est gravement malade et Dan est un criminel recherché par la police voué à la peine de mort...
Ce film produit par la Warner est un délice. Dès les tous premiers plans, on sait qu'on va passer un moment tout à fait exceptionnel. La caméra se promène, arérienne, dans un bar de Hong Kong, s'attarde un moment sur un groupe de trois chanteurs qui ramassent les pièces qu'on leur jette, puis poursuit le long d'un comptoir où un barman loquace prépare un cocktail. Nous découvrons Dan (W. Powell) qui trébuche face à une femme inconnue, Joan (K. Francis), et au premier coup d'oeil tombe amoureux. Ce simple prémisse est le début d'un des plus beaux films d'amour produits par Hollywood. Nous sommes sur un paquebot en partance pour San Francisco et le voyage de ces deux condammnés sera leur dernière étincelle avant la fin de leur existence. En contrepoint de cette histoire d'amour poignante, il y a le couple comique et nettement moins élégant formé par Aline McMahon, en aventurière qui se fait passer pour une comtesse, et Frank McHugh, un pick-pocket toujours alcoolisé. Le comique apporté par ces deux acteurs permet au film d'échapper aux conventions du mélodrame. McHugh passe tout le film à boire (au goulot) et McMahon chaparde avec dextérité dans les poches de ses victimes. Powell et Francis forment le couple le plus élégant qui soit avec une sorte d'ironie légère et sophistiquée. La concision même du film est l'une de ses qualités premières. Il n'y a pas de sentimentalisme excessif et on reste dans une sorte d'apesanteur durant ces délicieuses 67 min. Le plan final du film est inoubliable: deux verres se brisent sur un comptoir à Agua Caliente où les deux amants s'étaient donnés rendez-vous, tout en sachant qu'ils ne pourraient s'y rendre. Cependant ces deux verres signifient qu'ils ont réussi à venir de l'au-delà. Un vrai bonheur.
Il faut que je revois au plus vite ce One way passage, déjà qu'immédiatement après l'avoir découvert, je m'étais demandé si je n'avais pas raté un truc.bruce randylan a écrit :Voilà, entièrement d'accord avec tout. Garnett réussit le pari de réaliser à la fois un magnifique film (mélo) romantico-poétique en même temps qu'une comédie brillante aux personnage attachants et à la réalisation enlevée et inspirée. Le tout en 67 minutes !Ann Harding a écrit :Après cette belle découverte de Okay America, j'ai eu envie de revoir ce qui est certainement un des tous meilleurs films de Garnett.
One Way Passage (Voyage sans retour, 1932) de Tay Garnett avec Kay Francis, William Powell, Frank McHugh, Aline McMahon et Warren Hymer
Dan (W. Powell) et Joan (K. Francis) se sont rencontrés alors qu'ils traversent le Pacifique de Hong-Kong à San Francisco. Ils tombent amoureux l'un de l'autre. Mais, ils savent que leur histoire sera sans lendemain. Joan est gravement malade et Dan est un criminel recherché par la police voué à la peine de mort...
Ce film produit par la Warner est un délice. Dès les tous premiers plans, on sait qu'on va passer un moment tout à fait exceptionnel. La caméra se promène, arérienne, dans un bar de Hong Kong, s'attarde un moment sur un groupe de trois chanteurs qui ramassent les pièces qu'on leur jette, puis poursuit le long d'un comptoir où un barman loquace prépare un cocktail. Nous découvrons Dan (W. Powell) qui trébuche face à une femme inconnue, Joan (K. Francis), et au premier coup d'oeil tombe amoureux. Ce simple prémisse est le début d'un des plus beaux films d'amour produits par Hollywood. Nous sommes sur un paquebot en partance pour San Francisco et le voyage de ces deux condammnés sera leur dernière étincelle avant la fin de leur existence. En contrepoint de cette histoire d'amour poignante, il y a le couple comique et nettement moins élégant formé par Aline McMahon, en aventurière qui se fait passer pour une comtesse, et Frank McHugh, un pick-pocket toujours alcoolisé. Le comique apporté par ces deux acteurs permet au film d'échapper aux conventions du mélodrame. McHugh passe tout le film à boire (au goulot) et McMahon chaparde avec dextérité dans les poches de ses victimes. Powell et Francis forment le couple le plus élégant qui soit avec une sorte d'ironie légère et sophistiquée. La concision même du film est l'une de ses qualités premières. Il n'y a pas de sentimentalisme excessif et on reste dans une sorte d'apesanteur durant ces délicieuses 67 min. Le plan final du film est inoubliable: deux verres se brisent sur un comptoir à Agua Caliente où les deux amants s'étaient donnés rendez-vous, tout en sachant qu'ils ne pourraient s'y rendre. Cependant ces deux verres signifient qu'ils ont réussi à venir de l'au-delà. Un vrai bonheur.
Ce sens du récit, de la concision, cette capacité à faire vivre des personnages, à faire croire à leurs états d'âmes, à leurs motivations en si peu de temps témoignent d'un véritable génie qui n'a plus beaucoup d'équivalent maintenant. Garnett fait largement confiance à la complicité du spectateur avec les conventions du genre pour poser en acquis la magie que d'autres auraient développé sur des dizaines de minutes. D'où une absence de cynisme pour une sincérité qui donne un lyrisme délicieux qui devient sublime dans les derniers instants. L'ultime plan est inoubliable avec en plus une virtuosité dont la rapidité de la caméra renforce la dimension fantastique de cet instant magnifique.
Ce qui est remarquable c'est qu'on est ému (voire bouleversé) alors que l'histoire d'amour ne représente à peine un tiers du récit, Garnett ayant l'élégance et l'intelligence de donner les beaux rôles aux seconds justement. Tous les acteurs sont d'ailleurs formidables jusqu'au moindre figurant.
Admirable.
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Jamais entendu parler du Dieterle (celà dit pour la petite dizaine de ses films que j'ai vu, je suis loin d'être fan).feb a écrit :One Way Passage est un superbe film porté par le couple Francis/Powell mais il souffre de 2 "défauts" :
- Frank McHugh est assez insupportable.
- La comparaison avec Jewel Robbery, petite pépite que je trouve supérieure au film de Garnett...en tout cas j'ai eu le malheur de le voir après le film de Dieterle et le film de Garnett m'a paru un poil moins enthousiasmant.
Je te le conseille vivement bruce car, si tu as aimé One Way Passage, tu ne seras pas insensible au charme de Jewel Robbery. Le Pre-Code est toujours présent (mais ici c'est la comédie qui prend le dessus) et le couple vedette est un pur régal à regarderbruce randylan a écrit :Jamais entendu parler du Dieterle (celà dit pour la petite dizaine de ses films que j'ai vu, je suis loin d'être fan).feb a écrit :One Way Passage est un superbe film porté par le couple Francis/Powell mais il souffre de 2 "défauts" :
- Frank McHugh est assez insupportable.
- La comparaison avec Jewel Robbery, petite pépite que je trouve supérieure au film de Garnett...en tout cas j'ai eu le malheur de le voir après le film de Dieterle et le film de Garnett m'a paru un poil moins enthousiasmant.
ah ben j'allais justement en parler.Ann Harding a écrit :
Her Man (Son Homme, 1930) de Tay Garnett avec Phillips Holmes, Helen Twelvetrees, Marjorie Rambeau et Ricardo Cortez