Dvdclassik : cinéma et DVD

Demi-Lune a écrit :Si vous êtes fans de la shaky-cam, c'est sûr que vous en aurez pour votre argent. Moi, ça m'a juste flanqué l'estomac à l'envers.

Anorya a écrit :* Démineurs - 4,5/6. Je me suis plus concentré sur l'aspect technique que narratif cette fois. Je sais plus qui disait (mon cher Panda avec son fanatisme Greengrass je crois ) que c'était inspiré de Greengrass mais en fait oui et non. Je m'explique et risque de spoiler un peu cet immense film qu'est Vol 93 donc balises.

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Si je prend la fin de Vol 93, Greengrass part d'un espace confiné au possible et maîtrise celui-ci dans les moindres domaines d'angles et de vue grâce au montage implacable et à un fractionnage de courts et bref plans-séquences --telle cette séquence où les spectateurs poussent le terroriste et qu'un plan très bref lui succède qui renvoit à un autre terroriste où la peur et l'incrédulité se lit maintenant sur le visage. Le génie de Greengrass est d'avoir tiré un enchaînement parfaitement fluide des causes et conséquences dans le montage et l'espace, ce que n'avait pas compris un film comme Quantum of Solace qui réduisait les plans à une suite souvent informe et illisible : je prend l'exemple de la poursuite d'ouverture, Bond évite les tirs, actionne le levier de vitesse de la tuture, celle-ci zig-zag entre les camions et véhicules divers.

Sauf que.

Sauf que comparé à Greengrass qui saisit les actions dans l'ensemble avec cohérence, les plans dans le Bond ne respirent pas : trop courts, trop brefs, trop hachés, presque paresseux, on saute de cadrages décalés à des discordances pas nettes. Les plans ne capturent pas (ou rarement) une vision d'ensemble qui permettrait de mieux apprécier la poursuite à plusieurs niveaux. Et c'est dommage parce que ce type de filmage où les conséquences s'enchaînent à des échelles diverses et trop fracturées marche du tonnerre dans la scène des échaffaudages : c'est comme certains duels chez les samouraïs, ça doit être net et rapide. Dans cette scène, ça l'est, les échaffaudages fonctionnent comme un jenga déglingé et jouissif et l'on ne perd jamais de vue l'adversaire comme Bond pour finir magistralement sur un coup de feu final dégainé comme un coup de sabre.


Bon, revenons à Démineurs.
En fait oui, ça peut paraître inspiré du style Greengrass, l'ouverture est assez piège en ça. Mais Bigelow choisit de prendre une nouvelle voie en parallèle qui finit par ne plus rien devoir au génial réalisateur qu'est Greengrass. Chez Bigelow et pendant quasiment tout le film pour bien faire comprendre l'absurdité de cette guerre (qui finit d'ailleurs par rendre maboul notre héros : remarquable séquence où il s'invite chez une famille en tentant de venger le jeune Beckam et s'aperçoit qu'il est complètement à côté de la plaque), les plans d'ensembles seront à 90% volontairement parasités.
Bigelow alterne les courts zoom rapides à des plans moyens où c'est souvent le fusil qui guide la direction de la caméra et du spectateur (le tout caméra à l'épaule). Les rares plans d'ensemble sont soit contemplatifs (le désert avec les snipers, la ville brouillée dans la fumée), soit pour les moments de déperdition (le personnage face à une rangée de 12158 marques de corn-flakes, l'appel manqué à evangeline lilly sur fond de crépuscule), soit pour les ralentis. D'ailleurs, et c'est très subtil, il n'y a que deux moments de ralentis dans le film : Pour la séquence d'ouverture et la séquence de fin. Soit pour mettre un parallèle entre la mort du premier démineur et ce qui aurait pu tuer James à cause d'une bombe humaine. Ce parallèle et ce ralenti ne fait que redoubler le suspense (James va t'il crever comme pour le premier démineur au début du film ? :nooo: ).

Voilà pourquoi pour moi Bigelow choisit une autre voie, bien différente que ce que j'ai pu voir qui était inspiré très souvent du style de Greengrass. Et techniquement, c'est impressionnant. Si on voulait comparer, je dirais que Greengrass fait surgir son style dans une construction réfléchie à la fois pendant le filmage et le montage là où Bigelow improvise sur le moment pour ensuite voir ce que ça donne au montage. C'est casse gueule donc mais vu la maîtrise technique de la réalisatrice c'est impressionnant. Je précise que j'aime bien les deux styles.

rajout rapide :

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Autre comparaison qui différencie les deux styles : Greengrass choisit quelque chose en progression qui va de plus en plus dans le phénoménal (comme des accords de boléro avec un fuckin' final) là où Bigelow crée une ouverture et fermeture (les ralentis) avec un point central en son centre (les snipers dans le désert, LA meilleure séquence on sera tous d'accord ). Mais les deux manières sont géniales.

Et ne parlons pas du son (dans un bon home-cinéma, ça fout une claque) et du travail sonore, fabuleux. Bon par contre quand on l'a déjà vu, il y a moins de surprise. Ma mère a été par contre assez secoué, elle avait pas ressenti ça depuis la guerre des mondes (spielby version).

Demi-Lune a écrit :
Le Château ambulant, Hayao Miyazaki

Anorya a écrit :Prends tout Miyazaki je te dis, tu ne le regretteras jamais.

Demi-Lune a écrit :

Anorya a écrit :Prends tout Miyazaki je te dis, tu ne le regretteras jamais.

Je te crois sur parole, mais mon compte en banque n'est pas à rallonge, malheureusement !
Donc, pour le moment, c'est au compte-goutte. Totoro ne devrait pas tarder à être mien également.