Re: Anthony Asquith (1902-1968)
Publié : 12 avr. 16, 11:18
Il me semble qu'il traine sur mon disque dur, wait and see.
Content de trouver un autre adorateur du film et de voir que je ne suis pas le seul à avoir pensé au Blake Edwards.Profondo Rosso a écrit :The Young Lovers (1954)
Sur tous ces points le film constitue un beau précurseur du superbe et trop méconnu The Tamarind Seeds de Blake Edwards, tout aussi romantique mais plus virtuose et ironique dans sa vision des jeux d'espions (la phrase finale d'Anna annonce explicitement le film de Blake Edwards).
Rashomon a écrit :Et selon moi aussi! Je l'ai vu à la Fondation Seydoux lors des dernières journées "Toute la Mémoire du Monde".John Holden a écrit :
selon Ann Harding !
Un bijou qui offre en plus un précieux aperçu de ce qu'était le tournage d'un film muet. Confirmation après Dartmoor que Asquith était bien le seul rival sérieux de Hitchcock sur la scène anglaise de l'époque.
bruce randylan a écrit :
l'étranger / The demi-paradise (1943) est en revanche plus mineur, c'est une sorte de décalque de Ninotchka doublé du cahier des charges "effort de guerre" qui va avec son année de production. C'est parfois amusant, ça se moque gentiment de certains traits de caractères anglais ou russes. Mais ça manque d'originalité, de vigueur, de subtilité et ça ne mérite clairement pas presque deux heures de durée malgré le charme des acteurs et quelques beaux plans (la mère jouant du violoncelle dehors en pleine nuit alors que les avions allemands s'en vont bombarder Londres) ou séquences (les travellings accompagnant Laurence Olivier qui ne sait pas encore que la Russie est en guerre ; son malaise devant un sketch se moquant de la musique russe).
Tout ce que je peux te dire c'est que j'ai largué le premier au profit du second mais honnêtement je ne me souviens plus du tout si la différence de qualité était significative ou pas. Avec ça tu es bien avancé ... Si, quand même, je te mets quelques caps du Carlotta (à env 3 min, 5 min, 7 min et 15 min)John Holden a écrit : ↑22 déc. 20, 02:19 Petite question, sauriez vous me dire s'il existe une différence de qualité de copie entre cette édition (Lancaster, 2007)
Et celle ci (Carlotta, 2008) :
Merci.
Actuellement sur Mycanal/TCM jusque Mardi.bruce randylan a écrit : ↑31 mars 15, 16:14 Toujours découverts dans ce cycle TCM
The Winslow Boy (1948) est une autre réussite bien que la réalisation demeure d'un flegmatisme à tout épreuve, au risque parfois de le rendre un peu distant. Mais je ne vais pas me plaindre d'avoir une oeuvre qui fait le choix, souvent payant, de la retenu et de la pudeur ; des traits de caractères qui correspondent à la psychologie de ce père aimant et entièrement dédié à sauver la réputation de son fils à qui il voue une foi sans faille. Avec la même conviction et la même pugnacité calme, le cinéaste dresse un passionnant portrait de son époque, une société en pleine transformation qu'il évoque avec un fabuleux travail d'intégration à la trame général (l'émancipation des femmes, réforme du système judiciaire, l'éducation, la place du citoyen et de ses droits...). Cette intelligence se retrouve non seulement dans les thèmes mais aussi dans son traitement même du scénario qui n'hésite pas à seulement évoquer les scènes cruciales plutôt que de les montrer : aucune reconstitution des faits, pas de flash-backs, la grande plaidoirie - comme le discours devant les journalistes - seront traités en ellipse avec un délicieux sens du pied de nez.
Et pour parachever ce bilan largement positive, l’interprétation est un régal.
Profondo Rosso a écrit : ↑2 sept. 12, 04:11 The Browning Version (1951)
Contraint de prendre sa retraite d’une école publique britannique, un professeur de grec austère doit faire face à ses échecs en tant que professeur, époux, et en tant qu’homme…
Au cinéma pour ce qui est de la description du métier d'enseignant, plusieurs visions sont possibles et ont déjà été exploitées. Celle rêvée du professeur charismatique et exalté, surhomme capable de susciter l'éveil d'une classe fascinée (Le Cercle des poètes disparus de Peter Weir l'archétype de cette approche), le vieil enseignant ennuyeux et bourré de tics moqués par ses élèves plutôt prétexte à grosse comédie et celle plus réaliste qui tente de retranscrire la relation élève/professeur avec justesse et sans forcer le trait mais pas forcément la plus dramatiquement intéressante (Derrière les murs). The Browning Version s'essaie courageusement à la deuxième solution pour un tirer un drame bouleversant.
Anthony Asquith adapte ici la pièce éponyme de Terence Rattigan qui en signe également le scénario. On assiste ici au portrait quelque peu pathétique d'Andrew Crocker-Harris (Michael Redgraves) un homme usé par la vie et son métier qu'il pratique sans aucune flamme ni passion, son attitude éteinte déteignant sur ses élèves qu'ils ennuient, ses collègues qui ne le respectent pas et surtout sa femme (Jean Kent) qui le méprise. Anthony Asquith souligne cet aspect dès les premières minutes où il retarde longuement la première apparition de Crocker-Harris. Son nom n'est évoqué que par moquerie (The Crock) ou consternation par les élèves et différents protagonistes tandis que défilent des figures séduisantes de professeurs le cours de science enjoué du personnage de Nigel Patrick ou le jeune successeur interprété par Ronald Howard. Quand arrive effectivement Crocker-Harris, le fossé est d'autant plus cruel par rapport à ce qui a précédé. Tout dans l'attitude de ce dernier concourt à créer un mur infranchissable entre lui et ses élèves avec son attitude austère, son phrasé ennuyeux, son approche sans attrait de sa discipline pourtant si riche (les lettres classiques) et au final le plus important (ce qu'une réplique appuiera) le manque d'humanité.
Crocker-Harris vit ses dernières heures dans cet établissement pour cause de santé et va alors se confronter à ses échecs. Brutalement mis face au mépris et à la piètre opinion que les autres ont de lui par diverses humiliations (notamment le déplacement de son discours d'adieu aux élèves) cet homme que les ans ont rendu indifférent à son environnement va devoir douloureusement se remettre en question. Crocker-Harris est en quelque sorte l'anti Mr Chips, où dans le film de Sam Woods (1939) Robert Donat réussissait à surmonter les mêmes défauts en en faisant une excentricité qui amusait et le rapprochait finalement de ses élèves. Crocker-Harris n'a plus cette force là tant son foyer le ramène également à son échec (au contraire de Mr Chips dont le renouveau correspond à une rencontre amoureuse) avec une épouse qui le déteste et le trompe ouvertement. Michael Redgraves donne une interprétation fabuleuse de ce personnage éteint, le pas lourd et le regard sans vie derrière ses épaisses lunettes. Tous les procédés narratifs et la mise en scène d'Asquith n'auront eu de cesse à souligner l'isolement auquel est condamné Crocker-Harris par ce caractère, par cette absence du début, la manière de le détacher de son interlocuteur dans l'échelle de plan (et la profondeur de champ), les champs contre champs lourd de sens de lui seul face à une entité collective (le discours final, les scènes de classe) ou son monologue face à son successeur.
Derrière la pitié que suscite Crocker-Harris, quelques motifs d'espoirs sont néanmoins amorcés avec la manière dont le bouscule Nigel Patrick et surtout les tentatives d'un élève de susciter son attention. C'est ce dernier point qui donne les moments les plus poignants, ceux où Crocker-Harris laisse enfin ses sentiments plus que la simple fonction s'exprimer derrière son attitude. Son visage s'illumine pour la première fois lorsqu'il raconte la traduction qu'il fit d'Agamemnon dans sa jeunesse et craque même totalement après toutes les contrariétés qui ont précédés lorsque son élève lui en offre une traduction, cette Browning Version qui donne son titre au film.Si le chemin de la rédemption semble encore long, Terence Rattigan semble tout de même faire preuve de plus d'optimisme à travers les changements qu'il apporte au film par rapport à la pièce. Celle-ci s'achevait avant le discours final de Crocker-Harris qui nous est cette fois montré en forme de poignante catharsis et une ultime entrevue avec le jeune Taplow peut nous laisser croire que peut-être notre héros saura enfin partager son savoir avec l'étincelle indispensable à son noble métier. 5,5/6
Le prix du dvd a baissé sur Amazon, je suis tenté de le prendre depuis un moment. Je ne connais pas bien Michael Redgrave mais il y a l’excellent Wilfrid Hyde-White au casting.Profondo Rosso a écrit : ↑2 sept. 12, 04:11 The Browning Version (1951)
Contraint de prendre sa retraite d’une école publique britannique, un professeur de grec austère doit faire face à ses échecs en tant que professeur, époux, et en tant qu’homme…
Au cinéma pour ce qui est de la description du métier d'enseignant, plusieurs visions sont possibles et ont déjà été exploitées. Celle rêvée du professeur charismatique et exalté, surhomme capable de susciter l'éveil d'une classe fascinée (Le Cercle des poètes disparus de Peter Weir l'archétype de cette approche), le vieil enseignant ennuyeux et bourré de tics moqués par ses élèves plutôt prétexte à grosse comédie et celle plus réaliste qui tente de retranscrire la relation élève/professeur avec justesse et sans forcer le trait mais pas forcément la plus dramatiquement intéressante (Derrière les murs). The Browning Version s'essaie courageusement à la deuxième solution pour un tirer un drame bouleversant.
Anthony Asquith adapte ici la pièce éponyme de Terence Rattigan qui en signe également le scénario. On assiste ici au portrait quelque peu pathétique d'Andrew Crocker-Harris (Michael Redgraves) un homme usé par la vie et son métier qu'il pratique sans aucune flamme ni passion, son attitude éteinte déteignant sur ses élèves qu'ils ennuient, ses collègues qui ne le respectent pas et surtout sa femme (Jean Kent) qui le méprise. Anthony Asquith souligne cet aspect dès les premières minutes où il retarde longuement la première apparition de Crocker-Harris. Son nom n'est évoqué que par moquerie (The Crock) ou consternation par les élèves et différents protagonistes tandis que défilent des figures séduisantes de professeurs le cours de science enjoué du personnage de Nigel Patrick ou le jeune successeur interprété par Ronald Howard. Quand arrive effectivement Crocker-Harris, le fossé est d'autant plus cruel par rapport à ce qui a précédé. Tout dans l'attitude de ce dernier concourt à créer un mur infranchissable entre lui et ses élèves avec son attitude austère, son phrasé ennuyeux, son approche sans attrait de sa discipline pourtant si riche (les lettres classiques) et au final le plus important (ce qu'une réplique appuiera) le manque d'humanité.
Crocker-Harris vit ses dernières heures dans cet établissement pour cause de santé et va alors se confronter à ses échecs. Brutalement mis face au mépris et à la piètre opinion que les autres ont de lui par diverses humiliations (notamment le déplacement de son discours d'adieu aux élèves) cet homme que les ans ont rendu indifférent à son environnement va devoir douloureusement se remettre en question. Crocker-Harris est en quelque sorte l'anti Mr Chips, où dans le film de Sam Woods (1939) Robert Donat réussissait à surmonter les mêmes défauts en en faisant une excentricité qui amusait et le rapprochait finalement de ses élèves. Crocker-Harris n'a plus cette force là tant son foyer le ramène également à son échec (au contraire de Mr Chips dont le renouveau correspond à une rencontre amoureuse) avec une épouse qui le déteste et le trompe ouvertement. Michael Redgraves donne une interprétation fabuleuse de ce personnage éteint, le pas lourd et le regard sans vie derrière ses épaisses lunettes. Tous les procédés narratifs et la mise en scène d'Asquith n'auront eu de cesse à souligner l'isolement auquel est condamné Crocker-Harris par ce caractère, par cette absence du début, la manière de le détacher de son interlocuteur dans l'échelle de plan (et la profondeur de champ), les champs contre champs lourd de sens de lui seul face à une entité collective (le discours final, les scènes de classe) ou son monologue face à son successeur.
Derrière la pitié que suscite Crocker-Harris, quelques motifs d'espoirs sont néanmoins amorcés avec la manière dont le bouscule Nigel Patrick et surtout les tentatives d'un élève de susciter son attention. C'est ce dernier point qui donne les moments les plus poignants, ceux où Crocker-Harris laisse enfin ses sentiments plus que la simple fonction s'exprimer derrière son attitude. Son visage s'illumine pour la première fois lorsqu'il raconte la traduction qu'il fit d'Agamemnon dans sa jeunesse et craque même totalement après toutes les contrariétés qui ont précédés lorsque son élève lui en offre une traduction, cette Browning Version qui donne son titre au film.Si le chemin de la rédemption semble encore long, Terence Rattigan semble tout de même faire preuve de plus d'optimisme à travers les changements qu'il apporte au film par rapport à la pièce. Celle-ci s'achevait avant le discours final de Crocker-Harris qui nous est cette fois montré en forme de poignante catharsis et une ultime entrevue avec le jeune Taplow peut nous laisser croire que peut-être notre héros saura enfin partager son savoir avec l'étincelle indispensable à son noble métier. 5,5/6