Jacques Demy (1931-1990)
Publié : 16 nov. 08, 01:07
Je sais qu'il y a un topic sur le coffret DVD, mais je propose d'en ouvrir un autre où on ne parlera que de ses films et non des spécificités techniques des galettes qui viennent de sortir.
Une Chambre en ville (82)
Demy avait écrit avec le compositeur Michel Colombier le "livret" de ce film en 1976. Il avait essayé de le monter avec Deneuve, Depardieu et Signoret. En vain. Il faut dire que l''échec de L'Evénement le plus important depuis que l'homme a marché sur la lune n'avait bien sûr pas aidé. Le film est sorti à l'automne 1982 sous les applaudissements de la critique, mais aussi sans la présence du public.
De ce film, je ne connaissais que la partition de Colombier. Quand je dis "connaissais', c'est vraiment "connaissais", c'est à dire le film en entier par coeur. J'avais tellement écouté le double album trouvé d'occasion quand j'étais gamin, qu'à force je m'étais fait le film dans ma tête. Aujourdhui', j'ai pu enfin le découvrir. J'avoue que j'avais un peu peur d'être déçu, surtout quand on n'est même plus certain de l'avoir vu ou non tellement on l'a imaginé. Et bien je peux dire que la déception n'a pas du tout été au RDV, bien au contraire. Le film a tenu toutes ses promesses, et même bien au-delà.
J'ai vraiment été épaté par toutes les idées de mises en scène de Demy, par sa façon totalement naturelle de faire évoluer ses comédiens à travers ses mots qu'il avait écrits plusieurs années auparavant et cette musique superbe de Colombier. Même s'ils sont doublés, les acteurs sont tous formidables, avec une mention spéciale à Danielle Darrieux qui n'avait pas volé sa nomination aux Césars à l'époque. Elle n'a beau faire que du play back (avec l'avantage d'être la seule avec Fabienne Guyon à avoir sa vraie voix), on oublie totalement qu'elle chante et tout coule le plus naturellement du monde; D'ailleurs c'est aussi vrai pour les autres comédiens qui sont complètement en phase avec le projet et la mise en scène de Demy (alors qu'il ne m'avait jamais vraiment étonné au début de sa carrière, j'ai trouvé que R. Berry été d'une justesse incroyable dans ses expressions alors qu'il a la voix de J. Revaux!).
Une Chambre en ville est un film qui reprend qq éléments des grands opéra ou des pièces du répertoire où souvent tout va très vite. Ici c'est le cas, mais jamais on n'est géné par la précipitation des événements ou des sentiments : Ca fait un mois que Berry est à Nantes, et déjà il semble être un habitué de l'usine avec un collègue qu'il est son meilleur ami, ça fait une nuit que Berry et Sanda sont tombés amoureux et déjà ils veulent tout quitter pour vivre l'un avec l'autre, ça fait un mois que Sanda et Piccoli sont mariés, et déjà il la bat et elle veut divorcer, ça fait une nuit que Sanda a quitté Piccoli et celui-ci ne peut plus vivre sans elle et il se tue.... bref, peu importe, cette précipitation sert le film et lui apporte une réelle émotion (Cette émotion, on la retrouvera notamment aussi quand Berry annoncera à F. Guyon qu'il la quitte).
Avec Une Chambre en ville, Demy réussit une histoire d'amour très forte ainsi qu'un film très pertinent sur les conflits sociaux et de classe. Un film très ambitieux donc, avec une musique à la hauteur de cette ambition.
Peut être son plus grand film.
6/6
Une Chambre en ville (82)
Demy avait écrit avec le compositeur Michel Colombier le "livret" de ce film en 1976. Il avait essayé de le monter avec Deneuve, Depardieu et Signoret. En vain. Il faut dire que l''échec de L'Evénement le plus important depuis que l'homme a marché sur la lune n'avait bien sûr pas aidé. Le film est sorti à l'automne 1982 sous les applaudissements de la critique, mais aussi sans la présence du public.
De ce film, je ne connaissais que la partition de Colombier. Quand je dis "connaissais', c'est vraiment "connaissais", c'est à dire le film en entier par coeur. J'avais tellement écouté le double album trouvé d'occasion quand j'étais gamin, qu'à force je m'étais fait le film dans ma tête. Aujourdhui', j'ai pu enfin le découvrir. J'avoue que j'avais un peu peur d'être déçu, surtout quand on n'est même plus certain de l'avoir vu ou non tellement on l'a imaginé. Et bien je peux dire que la déception n'a pas du tout été au RDV, bien au contraire. Le film a tenu toutes ses promesses, et même bien au-delà.
J'ai vraiment été épaté par toutes les idées de mises en scène de Demy, par sa façon totalement naturelle de faire évoluer ses comédiens à travers ses mots qu'il avait écrits plusieurs années auparavant et cette musique superbe de Colombier. Même s'ils sont doublés, les acteurs sont tous formidables, avec une mention spéciale à Danielle Darrieux qui n'avait pas volé sa nomination aux Césars à l'époque. Elle n'a beau faire que du play back (avec l'avantage d'être la seule avec Fabienne Guyon à avoir sa vraie voix), on oublie totalement qu'elle chante et tout coule le plus naturellement du monde; D'ailleurs c'est aussi vrai pour les autres comédiens qui sont complètement en phase avec le projet et la mise en scène de Demy (alors qu'il ne m'avait jamais vraiment étonné au début de sa carrière, j'ai trouvé que R. Berry été d'une justesse incroyable dans ses expressions alors qu'il a la voix de J. Revaux!).
Une Chambre en ville est un film qui reprend qq éléments des grands opéra ou des pièces du répertoire où souvent tout va très vite. Ici c'est le cas, mais jamais on n'est géné par la précipitation des événements ou des sentiments : Ca fait un mois que Berry est à Nantes, et déjà il semble être un habitué de l'usine avec un collègue qu'il est son meilleur ami, ça fait une nuit que Berry et Sanda sont tombés amoureux et déjà ils veulent tout quitter pour vivre l'un avec l'autre, ça fait un mois que Sanda et Piccoli sont mariés, et déjà il la bat et elle veut divorcer, ça fait une nuit que Sanda a quitté Piccoli et celui-ci ne peut plus vivre sans elle et il se tue.... bref, peu importe, cette précipitation sert le film et lui apporte une réelle émotion (Cette émotion, on la retrouvera notamment aussi quand Berry annoncera à F. Guyon qu'il la quitte).
Avec Une Chambre en ville, Demy réussit une histoire d'amour très forte ainsi qu'un film très pertinent sur les conflits sociaux et de classe. Un film très ambitieux donc, avec une musique à la hauteur de cette ambition.
Peut être son plus grand film.
6/6