Re: Sueurs froides - Vertigo (Alfred Hitchcock - 1958)
Publié : 29 oct. 09, 17:52
Et puis ça lave les yeux de Mic-Mac à tire-Larigot...
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cela fait toujours plaisir de lire des avis aussi élogieux, avis que je partage puisque ce film est pour moi le plus beau de l'histoire du cinéma..Demi-Lune a écrit :Oui, laisse mûrir ce film dans ton esprit, il le mérite. Je suis toujours un peu déçu de voir quelqu'un qui le découvre ne pas en tomber immédiatement amoureux, mais je respecte ton opinion. C'est une véritable oeuvre-somme et labyrinthique dont les subtilités structurelles n'apparaissent pas forcément dès la première vision. Mais bon, je suis forcément partial, Vertigo étant mon film fétiche, et à mon sens, le plus beau du cinéma.
Très belle analyse, à laquelle je souscris. La partition de Herrmann, notamment, renforce précisément la dimension spectrale qui émane du film et du personnage de Madeleine. Il faut réécouter la musique de la scène dans la forêt, puis la revoir : étrange, cette scène, non ? On a presque l'impression de voir des fantômes derrière les immenses troncs d'arbre . Il en va de même dans la séquence silencieuse du musée : en ne nous montrant pas Madeleine de face, en nous dissimulant son visage, ce qu'elle regarde précisément, Hitchcock crée une atmosphère presque terrifiante autour de ce personnage étrangement fixe. Je me suis toujours demandé si les inquiétants voisins immobiles dans les toilettes du Locataire de Polanski n'étaient pas une espèce de résurgeance cinéphile de Madeleine, ce fantôme immobile qui contemple la toile de Carlotta. Et maintenant que j'y pense, Hitchcock filme la découverte du cadavre de Mme Bates, dans Psychose, de la même façon qu'il filme Madeleine au musée : une vue de dos, où le spectateur déduit, par rapport à la chevelure, qu'il s'agit bel et bien d'une personne vivante, alors qu'il s'agit en réalité - artifice génial ! - d'un cadavre momifié.Kimm a écrit :cela fait toujours plaisir de lire des avis aussi élogieux, avis que je partage puisque ce film est pour moi le plus beau de l'histoire du cinéma..Demi-Lune a écrit :Oui, laisse mûrir ce film dans ton esprit, il le mérite. Je suis toujours un peu déçu de voir quelqu'un qui le découvre ne pas en tomber immédiatement amoureux, mais je respecte ton opinion. C'est une véritable oeuvre-somme et labyrinthique dont les subtilités structurelles n'apparaissent pas forcément dès la première vision. Mais bon, je suis forcément partial, Vertigo étant mon film fétiche, et à mon sens, le plus beau du cinéma.
Outre la trame policière, c'est certainement l'aspect quasi surréaliste de l'oeuvre qui me fascine le plus, avec un traitement presque fantômatique de l'héroïne. Et qui dit fantôme, peut souvent dire illusion, message qu'Hitchcock nous délivre dés l'apparition de Kim Novak, lorsque son reflet apparait dans un mirroir, à la sortie du restaurant. D'ailleurs, ne glisse-t-elle pas, lorsqu'elle se meut, dans cette scène culte?
Pourquoi le traitement fantastique m'interresse-t-il? C'est parce qu'il est étroitement lié à l'amour; selon certains médiums, l'esprit revient généralement vers toutes personnes aimées (c'est le sujet de FANTOME D' AMOUR de Dino Risi, 1980 ou encore du PORTRAIT DE JENNIE William Dieterle, 1948). Dans VERTIGO, point de fantastique cependant, mais un traitement qui s'y rapproche, avec deux êtres qui se cherchent continuellement, et qui finissent par se retrouver : ainsi, Judy opère deux magnifiques actes manqués, l'un de garder le collier , l'autre de rester dans une ville dans laquelle elle est suceptible de retrouver Scottie.
Et comme pour toute héroïne romantique, la mort au bout de l'histoire, qui vient sacraliser la rencontre de deux êtres dont nous gageons que les âmes n'ont pas fini de tourbillonner dans une valse echevelée...
J'ai énormément aimé ce petit moment d'hésitation qu'il y a lorsque Madeleine disparaît derrière l'arbre. Ce plan amène le doute et l'on se surprendrait presque à croire qu'elle n'est qu'un fantôme qui vient de disparaître. Puis Scotty découvre qu'elle est en fait appuyée contre un autre arbre, caché par le premier. C'est vraiment très intelligent comme c'est amené.Demi-Lune a écrit :la scène dans la forêt, puis la revoir : étrange, cette scène, non ? On a presque l'impression de voir des fantômes derrière les immenses troncs d'arbre .
Ah oui, je l'avais oublié, celui-là. En effet, c'est une scène à nouveau très déstabilisante : par quel artifice Madeleine a-t-elle pu sortir de cet hôtel dont la seule issue semble être le hall d'entrée, surveillé par la tenancière ? Tu fais bien de mentionner cette scène, Colqhoun, car c'est en effet une nouvelle démonstration du caractère surréaliste, mystique, du personnage campé par Kim Novak. "Disparition fantômatique", c'est une formulation qui me plaît.Colqhoun a écrit : Autre passage, nettement plus mystérieux celui-ci, c'est l'évaporation pure et simple de Madeleine du petit hôtel lorsque Scottie la suit. J'avoue avoir un peu de peine à saisir la signification de cette scène. Vision de l'au-delà, pur fantasme de la part de Scottie, disparition fantômatique... ?
Je trouve au contraire que "débarrassé" de son intrigue, le film gagne en révélations et en nouvelles pistes d'analyse à chaque nouveau visionnage. On peut par exemple se concentrer uniquement sur son aspect formel (y'a de quoi faire, ne serait-ce que sur le traitement des couleurs, des formes et des figures), ou bien sur l'affliction de Scottie.Akrocine a écrit :...j'ai pris moins de plaisir à le revoir étant donné que je connait déjà l'histoire, je trouve que le film perd un peu de son charme. Mais cela reste quand même un de mes Hitchcock préféré
Absolument ! Et en plus, c'est si bien dit. Ce film est d'une richesse interprétative telle qu'on peut le regarder avec un oeil différent à chaque fois, se focaliser sur la réalisation d'Hitchcock, certains thèmes, certains personnages, certaines pistes de réflexion qui n'apparaissent pas dès les premières visions, sans pour autant qu'on éprouve une quelconque lassitude. Comme pour Blade Runner, on ne finit jamais d'explorer les méandres de Vertigo !Memento a écrit :Je trouve au contraire que "débarrassé" de son intrigue, le film gagne en révélations et en nouvelles pistes d'analyse à chaque nouveau visionnage. On peut par exemple se concentrer uniquement sur son aspect formel (y'a de quoi faire, ne serait-ce que sur le traitement des couleurs, des formes et des figures), ou bien sur l'affliction de Scottie.Akrocine a écrit :...j'ai pris moins de plaisir à le revoir étant donné que je connait déjà l'histoire, je trouve que le film perd un peu de son charme. Mais cela reste quand même un de mes Hitchcock préféré
L'intrigue principale n'est que le vernis apparent des nombreuses sous-couches qui constituent cette oeuvre et forment son ADN.
C'est clair, c'est déstabilisant...Demi-Lune a écrit :Ah oui, je l'avais oublié, celui-là. En effet, c'est une scène à nouveau très déstabilisante : par quel artifice Madeleine a-t-elle pu sortir de cet hôtel dont la seule issue semble être le hall d'entrée, surveillé par la tenancière ? Tu fais bien de mentionner cette scène, Colqhoun, car c'est en effet une nouvelle démonstration du caractère surréaliste, mystique, du personnage campé par Kim Novak. "Disparition fantômatique", c'est une formulation qui me plaît.Colqhoun a écrit : Autre passage, nettement plus mystérieux celui-ci, c'est l'évaporation pure et simple de Madeleine du petit hôtel lorsque Scottie la suit. J'avoue avoir un peu de peine à saisir la signification de cette scène. Vision de l'au-delà, pur fantasme de la part de Scottie, disparition fantômatique... ?
Tout à fait, mais le but 1er est quand même l'histoire et cela vaut encore plus pour un film d'Hitchcock! Mais je n'étais certainement pas dans un bon jour de concentration pour le regarder avec un œil avertis...Demi-Lune a écrit :Absolument ! Et en plus, c'est si bien dit. Ce film est d'une richesse interprétative telle qu'on peut le regarder avec un oeil différent à chaque fois, se focaliser sur la réalisation d'Hitchcock, certains thèmes, certains personnages, certaines pistes de réflexion qui n'apparaissent pas dès les premières visions, sans pour autant qu'on éprouve une quelconque lassitude. Comme pour Blade Runner, on ne finit jamais d'explorer les méandres de Vertigo !Memento a écrit :
Je trouve au contraire que "débarrassé" de son intrigue, le film gagne en révélations et en nouvelles pistes d'analyse à chaque nouveau visionnage. On peut par exemple se concentrer uniquement sur son aspect formel (y'a de quoi faire, ne serait-ce que sur le traitement des couleurs, des formes et des figures), ou bien sur l'affliction de Scottie.
L'intrigue principale n'est que le vernis apparent des nombreuses sous-couches qui constituent cette oeuvre et forment son ADN.
Ce que tu dis est à la fois vrai, et en même temps, pas tout à fait : bien entendu, on peut revoir un film qu'on a déja vu pour retrouver le plaisir de la première vision, se laisser emmener par l'intrigue, émouvoir par les personnages, et retrouver, souvent à un niveau amoindri, l'émotion d'un film qu'on verrait pour la première fois. Mais pour que ça marche, mieux vaut espacer la révision, histoire d'oublier un peu le film, de redevenir "un spectateur vierge" de toute connaissance du film. Sinon, l'ennui peut vite venir.Akrocine a écrit :Tout à fait, mais le but 1er est quand même l'histoire et cela vaut encore plus pour un film d'Hitchcock! Mais je n'étais certainement pas dans un bon jour de concentration pour le regarder avec un œil avertis...
Je n'y manquerais pas! Ce n'est pas pour rien que j'ai acheté le coffret Zone 1 Mais comme je l'ai dit il était tard et mon cerveau ne ce prêtait pas au jeu de l'analyse, cepandant j'ai quand même passé un bon moment en redécouvrant ce film...cinephage a écrit :En espérant que la prochaine fois que tu reverras Vertigo, tu feras moins attention à l'intrigue, et plus au jeu d'Hitchcock sur les attentes du spectateur, à la complexité de la relation Scottie/Maddy et Alfred/Kim, au jeu formel complexe sur les rouges, les verts et les ors, à l'usage de la spirale comme figure majeure de l'intrigue, ou à d'autres choses encore qui m'échappent... Sous cet angle, je suis certain que tu prendras un plaisir égal, quoique d'un ordre différent, à celui de ta première découverte du film.
En effet, encore une très bonne raison de revoir les films que j'ai oublié de mentionner : notre expérience de spectateur évoluant, on perçoit des choses différentes, références, ou influences, quand on revoit un film. Sans parler d'un regard critique qui s'affine avec le temps et l'expérience.Akrocine a écrit :Comme tu as su très bien l'expliquer, le week end dernier j'ai regardé 2001 Space Odyssey pour la 3ème fois car ce film se laisse murir au fil des ans, et je me suis étonné de découvrir un bon nombre de plans ou d'idées recopiés plus tard par James Cameron, Ridley Scott, ect... Je n'ai pu m'en rendre compte que par mon expérience cinématographique grandissante au fur et à mesure des mois et des années.