Re: Top 20 Shaw Brothers
Publié : 14 janv. 20, 23:55
The Fastest Sword (Pan Lei aka Poon Lui - 1969)
Ding Menghao, un redoutable épéiste trop arrogant et belliqueux, perd un défi que lui lance un moine. Plutôt que lui prendre la vie, ce dernier impose à Ding Menghao d'être son assistant durant 3 années. Au début réticent à cette retraite, il finit par s'ouvrir à la philosophie et l'art. Mais quand il revient dans le monde, sa réputation n'a pas été oublié et de nombreux experts en quête de gloire le provoque en duel. Fatigué de devoir tuer, Ding Menghao se retire sous une fausse identité dans un petit village.
Pan Lei - cinéaste ayant fait sa carrière à Taïwan - n'est pas le cinéaste de la Shaw Brothers ayant le plus marqué les esprits, il semble pourtant avoir quelques pièces importantes à son actif. C'est le cas de ce formidable wu xia pian qui s'inspire de La Cible Humaine d'Henry King pour offrir une oeuvre passionnant, entre le film de sabre, le western, le drame et réflexion sur la condition humaine et la culpabilité. Son grand avantage est de ne pas être un simple décalque du classique de King mais d'apporter une sensibilité plus "asiatique" avec la dimension initiatique de la première partie. On pense ainsi à l'évolution de Miyamoto Musashi par exemple qui à l'instar de Ding Menghao ne cherche qu'à être un bretteur sans rival avant de s'ouvrir doucement à l'introspection pour mieux se remettre en question et gagner une maturité sur la vacuité de son propre passé.
Bien que fortement condensé ici à quelques dizaines de minutes, ce récit initiatique fonctionne parfaitement avec ce qu'il faut d’ellipses pour une narration tenue et dense, avec même des ruptures assez brutale qui accompagne parfaitement le traumatisme et la prise de conscience du héros. Les seconds rôles sont vivants et enrichissent le portrait du protagoniste. La seconde moitié perd un peu en originalité et profondeur pour se reposer sur un schéma plus traditionnel. Cependant les dilemmes et les relations de Menghao parviennent à dépasser ses conventions. De plus, le tournage à Taïwan est l'occasion de voir des décors plus sauvages et désolés que ceux des studios Hong-Kong de la Shaw Brothers, ce qui soulignent encore l'originalité du récit et la rigueur de sa mise en scène.
La mélancolie et l’atmosphère désenchantée ont traversé les décennies sans encombre et font oublier des chorégraphies loin des standards actuels. Elles demeurent cela dit solidement mise en scène malgré et donnent surtout une réelle intensité narrative et psychologique. Il faut croire que Pan Lei a retenu la leçon de Sergio Leone qui accordait autant d'importance aux scènes d'actions qu'à leur mise en place.
Par chance, ce titre existe encore en DVD via une édition taïwanaise en VOSTA mais malheureusement en letterbox. Il se trouve encore sur yesasia
Ding Menghao, un redoutable épéiste trop arrogant et belliqueux, perd un défi que lui lance un moine. Plutôt que lui prendre la vie, ce dernier impose à Ding Menghao d'être son assistant durant 3 années. Au début réticent à cette retraite, il finit par s'ouvrir à la philosophie et l'art. Mais quand il revient dans le monde, sa réputation n'a pas été oublié et de nombreux experts en quête de gloire le provoque en duel. Fatigué de devoir tuer, Ding Menghao se retire sous une fausse identité dans un petit village.
Pan Lei - cinéaste ayant fait sa carrière à Taïwan - n'est pas le cinéaste de la Shaw Brothers ayant le plus marqué les esprits, il semble pourtant avoir quelques pièces importantes à son actif. C'est le cas de ce formidable wu xia pian qui s'inspire de La Cible Humaine d'Henry King pour offrir une oeuvre passionnant, entre le film de sabre, le western, le drame et réflexion sur la condition humaine et la culpabilité. Son grand avantage est de ne pas être un simple décalque du classique de King mais d'apporter une sensibilité plus "asiatique" avec la dimension initiatique de la première partie. On pense ainsi à l'évolution de Miyamoto Musashi par exemple qui à l'instar de Ding Menghao ne cherche qu'à être un bretteur sans rival avant de s'ouvrir doucement à l'introspection pour mieux se remettre en question et gagner une maturité sur la vacuité de son propre passé.
Bien que fortement condensé ici à quelques dizaines de minutes, ce récit initiatique fonctionne parfaitement avec ce qu'il faut d’ellipses pour une narration tenue et dense, avec même des ruptures assez brutale qui accompagne parfaitement le traumatisme et la prise de conscience du héros. Les seconds rôles sont vivants et enrichissent le portrait du protagoniste. La seconde moitié perd un peu en originalité et profondeur pour se reposer sur un schéma plus traditionnel. Cependant les dilemmes et les relations de Menghao parviennent à dépasser ses conventions. De plus, le tournage à Taïwan est l'occasion de voir des décors plus sauvages et désolés que ceux des studios Hong-Kong de la Shaw Brothers, ce qui soulignent encore l'originalité du récit et la rigueur de sa mise en scène.
La mélancolie et l’atmosphère désenchantée ont traversé les décennies sans encombre et font oublier des chorégraphies loin des standards actuels. Elles demeurent cela dit solidement mise en scène malgré et donnent surtout une réelle intensité narrative et psychologique. Il faut croire que Pan Lei a retenu la leçon de Sergio Leone qui accordait autant d'importance aux scènes d'actions qu'à leur mise en place.
Par chance, ce titre existe encore en DVD via une édition taïwanaise en VOSTA mais malheureusement en letterbox. Il se trouve encore sur yesasia