Re: Top 20 Shaw Brothers
Publié : 19 août 08, 21:56
The Big Holdup ( Chu Yuan - 1975 )
Etonnant faux polar qui prouve que Chu Yuan était loin d'être uniquement un spécialiste du film de sabre.
Tout commencer de manière bien nerveuse pendant une demi-heure efficace et prenante où 5 malfrats ayant commis un holdup sont dénoncés à la police par le cerveau de l'affaire. Commence alors la fuite...
Pas de souci, Chu maitrise les ficelles du genre et sait bien poser son suspens avec une certaine jubilation ( le passage du fils du policier au commissariat est un joli moment d'ironie ). Et malgré la presque douzaine de personnage, on ne s'égare jamais dans une narration qui passe par les changements de point de vue pour fluidifier son récit ( utilisant habillement le zoom au passage ). Bref, on se prend au jeu d'autant plus que la musique est pour une fois réussie.
Et puis, comme les choses ne sont jamais si simples avec Chu Yuan, le film bascule rapidement dans le drame psychologique quand le passé des différents protagonistes sont exposés dans des flash-backs d'une grande réussite plastique qui tranche avec l'ambiance nocturne de la fuite. Ce n'est guère subtile, ni original ou même crédible mais à l'image des personnages qu'ils croisent lors de la traque et qui évoluent bien trop vite, on s'émeut pour la bonne raison que le réalisateur sait diriger ses acteurs et que sa démarche est sincère...
Et c'est aussi que sa vision de la société devient de plus en plus pessimiste et désabusé : les espérances que les hommes avaient mis dans le holdup s'effondrent devant la réalité d'un monde contemporain peu tendre avec les perdants ou les exclus. De l'ancienne star de cinéma déchu, au jeune qui veut sortir son frère de la drogue, en passant par l'ancien pilote automobile dont la copine n'a plus que 6 mois à vivre ou l'ado dont la mère se prostitue et le beau-père est alcoolique, on peut dire que l'univers de Chu Yuan est bel et bien désespéré. Je ne parle même des jeunes blasés qui se réfugient dans le sexe ou le meurtre pour palier un manque de tendresse et de reconnaissance...
C'est bien ce lyrisme dépressif qui fait passer la pilule des incohérences car quand le destin frappe tour à tour les différents voleurs, il est dur de ne pas se montrer remuer...
Et cette noirceur ne fait en plus que monter progressivement pour éclater dans un final incroyablement pessimiste et violent. La mort ou la folie semblent même être les seules échappatoires dignes...
Les artifices ont beau être un brin artificiel, l'univers dépressif du cinéaste offre un joyau tout aussi naïf que culotté et sublimé par une photo ( tournée en décor naturel ) où l'obscurité devient un personnage principal.... le seul personnage gagnant d'ailleurs de cette histoire qui n'épargnera ni les policiers, ni les criminelles, ni même la famille.
Etonnant faux polar qui prouve que Chu Yuan était loin d'être uniquement un spécialiste du film de sabre.
Tout commencer de manière bien nerveuse pendant une demi-heure efficace et prenante où 5 malfrats ayant commis un holdup sont dénoncés à la police par le cerveau de l'affaire. Commence alors la fuite...
Pas de souci, Chu maitrise les ficelles du genre et sait bien poser son suspens avec une certaine jubilation ( le passage du fils du policier au commissariat est un joli moment d'ironie ). Et malgré la presque douzaine de personnage, on ne s'égare jamais dans une narration qui passe par les changements de point de vue pour fluidifier son récit ( utilisant habillement le zoom au passage ). Bref, on se prend au jeu d'autant plus que la musique est pour une fois réussie.
Et puis, comme les choses ne sont jamais si simples avec Chu Yuan, le film bascule rapidement dans le drame psychologique quand le passé des différents protagonistes sont exposés dans des flash-backs d'une grande réussite plastique qui tranche avec l'ambiance nocturne de la fuite. Ce n'est guère subtile, ni original ou même crédible mais à l'image des personnages qu'ils croisent lors de la traque et qui évoluent bien trop vite, on s'émeut pour la bonne raison que le réalisateur sait diriger ses acteurs et que sa démarche est sincère...
Et c'est aussi que sa vision de la société devient de plus en plus pessimiste et désabusé : les espérances que les hommes avaient mis dans le holdup s'effondrent devant la réalité d'un monde contemporain peu tendre avec les perdants ou les exclus. De l'ancienne star de cinéma déchu, au jeune qui veut sortir son frère de la drogue, en passant par l'ancien pilote automobile dont la copine n'a plus que 6 mois à vivre ou l'ado dont la mère se prostitue et le beau-père est alcoolique, on peut dire que l'univers de Chu Yuan est bel et bien désespéré. Je ne parle même des jeunes blasés qui se réfugient dans le sexe ou le meurtre pour palier un manque de tendresse et de reconnaissance...
C'est bien ce lyrisme dépressif qui fait passer la pilule des incohérences car quand le destin frappe tour à tour les différents voleurs, il est dur de ne pas se montrer remuer...
Et cette noirceur ne fait en plus que monter progressivement pour éclater dans un final incroyablement pessimiste et violent. La mort ou la folie semblent même être les seules échappatoires dignes...
Les artifices ont beau être un brin artificiel, l'univers dépressif du cinéaste offre un joyau tout aussi naïf que culotté et sublimé par une photo ( tournée en décor naturel ) où l'obscurité devient un personnage principal.... le seul personnage gagnant d'ailleurs de cette histoire qui n'épargnera ni les policiers, ni les criminelles, ni même la famille.