Battlestar Galactica (2003)
Publié : 2 juin 06, 06:26
I. Battlestar Galactica : Mini-série (2003) et introduction à la Saison 1 :
"Are you alive ?"
C'est l'interrogation que pose l'envoyée des cylons à l'ambassadeur humain, dès la première minute de la mini-série, faisant office de pilote. Une question pour le moins inversée, tant on pourrait penser qu'il reviendrait plutôt à l'émissaire humain de la poser. La surprise de cette nouvelle version de Battlestar Galactica vient de l'humanité des cylons, ils ont évolué jusqu'à une apparence proche de la nôtre. Le thème de l'humanité des cylon et leur "Plan" change radicalement l'esprit de la série d'origine, pour aborder par la suite des sujets plus profonds dans les saisons qui vont suivre, lorgnant même vers Philip K Dick. Le message est clair : cette fois les enfants de l'humanité reviennent et cherchent la confrontation.
Eloge du passé.
L'attaque cylon paralyse toutes les défenses coloniales, grace aux informations rapportées par Numéro Six auprès de Gaius Baltar. Les cylons utilisent des méthodes de guerre électronique en exploitant une brèche du système informatique (backdoor) des défenses coloniales, paralysant tous les appareils de défense de la flotte, se retrouvant à leur merci. Le Battlestar Galactica (BSG-75) est le seul mothership survivant de l'hécatombe. Destiné à devenir un musée le BSG-75 reprend son service en pleine cérémonie d'adieux. En vieux briscard qu'il est, son commandant (censé partir à la retraite ce jour-là) avait toujours tenu à ce que les ordinateurs du vaisseau ne soient pas connectés en réseau, fonctionnant de manière isolée et utilisant des systèmes de navigation rudimentaires dans le but d'échapper aux pénétrations informatiques des cylons. C'est l'ancien matériel qui sauve les derniers militaires, les éprouvés Vipers Mark II (et quelques Mark VII sans mise à jour) utilisant l'ancien système de navigation ne subissent pas les attaques électroniques.
Grande leçon du darwinisme belliqueux, la survie du plus adapté ne passe pas forcément par la sophistication, ce qui est obsolète est parfois meilleur. Il y a dans ce passé une sagesse et une force inexploitée, à l'image du commandant Adama et à l'image du respect qu'affiche le "remake" pour son modèle originel (même s'il s'en éloigne) et dont il parsème des clins d'oeil. Ici on fait du neuf avec du vieux.
Spiritualité et féminité.
Sous l'égide de Ronald D. Moore (Star Trek TNG, DS9), la nouvelle série reprend la dimension biblique de la saga de 1978, l'exode vers la Terre promise et le Grand Dessein de l'humanité. Moore y introduit un élément encore plus mystérieux, cette dualité dans la personnalité de Gaius Baltar. La présence du Numéro Six dans l'esprit de ce dernier amène des interrogations quasi-métaphysiques (fuyez la VF et l'effet d'écho ajouté à la voix de Numéro 6).
Battlestar Galactica est une série très féminisée, de nombreux postes-clés sont occupés par des femmes (Roslin, Starbuck, Number 6, Elosha), la maladie de Laura est en outre un cancer du sein, la présidente est condamnée par le biais de sa féminité... Même si l'esprit est élogieux envers le passé et la rusticité, on est paradoxalement aussi dans un show de SF tourné vers la modernité, une SF longtemps "réservée" aux hommes (piou-piou, baoum, piou-piou craaasshh) et qui cherche à conquérir un auditoire féminin et plus adulte.
"The war is over, and we lost."
Mélodies atmosphériques, chants féminins élégiaques comme des lamentations, percussions tribales... le score ne ressemble pas aux bandes-sonores de la SF traditionnelle, le ton est différent, l'heure est au drame, au traumatisme et à la lutte pour la survie. Non pas avec les honneurs d'une fanfare militaire mais avec le sang et les trippes, avec l'énergie du désespoir. Dans une ambiance de fin du monde, les sentiments sont exacerbés, et voué à un avenir incertain, on n'hésite pas à se jeter dans les bras d'un(e) inconnu(e) qui nous plaît (Dualla et Billy).
Le massacre de l'humanité se fait sans aucune pitié, un immense holocauste nucléaire des douze colonies, une vision d'apocalypse tout droit sortie d'un SDF-Macross (qui reprenait d'ailleurs le principe de la série originelle, son exode), le ton est résolument noir. L'orgueil militaire n'est pas au rendez-vous, il faut abandonner lâchement les appareils sans propulsion hyperluminique et leurs civils à un massacre en ordre ("I hope you people rot in hell for this"). Hangars en désordre, cabines sombres, couloirs exigus et mal éclairés comme dans la saga de jeux Wing Commander... Ronald D. Moore, le repreneur et créateur de cette nouvelle mouture s'attache à souligner le caractère dramatique de l'exode en se concentrant sur les survivants, contrairement à la série-mère de 1978 dont les protagonistes visitaient d'autres cultures et leur venaient en aide. Et tout comme dans SDF-Macross, il y a une violence non feinte et la constante confrontation des intérêts civils face aux intérêts militaires.
Développant les thématiques d'un univers post-apocalyptique, l'oeuvre de Ron Moore est le récit des derniers Hommes. Une humanité réduite à une poignée d'individus sans cesse pourchassés et menacés d'anéantissement total. Ceux qui sont condamnés à errer et à fuir. Ceux qui se raccrochent à leurs institutions et à leur substitut de démocratie comme autant de souvenirs d'un âge révolu, dans le but de maintenir un semblant de lien alors que tout s'écroule.
Abandonnez tout espoir car il est déjà trop tard. Battlestar Galactica est une série qui commence là où s'arrêtent toutes les autres... à la fin du monde.
- You can run if you'd like, this ship will stand and it will fight.
- I'm gonna be straight with you here. The human race is about to be wiped out. We have 50 000 people left and that's it. Now, if we are even going to survive, as a species, then we need to get the hell out of here and we need to start having babies.
"Are you alive ?"
C'est l'interrogation que pose l'envoyée des cylons à l'ambassadeur humain, dès la première minute de la mini-série, faisant office de pilote. Une question pour le moins inversée, tant on pourrait penser qu'il reviendrait plutôt à l'émissaire humain de la poser. La surprise de cette nouvelle version de Battlestar Galactica vient de l'humanité des cylons, ils ont évolué jusqu'à une apparence proche de la nôtre. Le thème de l'humanité des cylon et leur "Plan" change radicalement l'esprit de la série d'origine, pour aborder par la suite des sujets plus profonds dans les saisons qui vont suivre, lorgnant même vers Philip K Dick. Le message est clair : cette fois les enfants de l'humanité reviennent et cherchent la confrontation.
Eloge du passé.
L'attaque cylon paralyse toutes les défenses coloniales, grace aux informations rapportées par Numéro Six auprès de Gaius Baltar. Les cylons utilisent des méthodes de guerre électronique en exploitant une brèche du système informatique (backdoor) des défenses coloniales, paralysant tous les appareils de défense de la flotte, se retrouvant à leur merci. Le Battlestar Galactica (BSG-75) est le seul mothership survivant de l'hécatombe. Destiné à devenir un musée le BSG-75 reprend son service en pleine cérémonie d'adieux. En vieux briscard qu'il est, son commandant (censé partir à la retraite ce jour-là) avait toujours tenu à ce que les ordinateurs du vaisseau ne soient pas connectés en réseau, fonctionnant de manière isolée et utilisant des systèmes de navigation rudimentaires dans le but d'échapper aux pénétrations informatiques des cylons. C'est l'ancien matériel qui sauve les derniers militaires, les éprouvés Vipers Mark II (et quelques Mark VII sans mise à jour) utilisant l'ancien système de navigation ne subissent pas les attaques électroniques.
Grande leçon du darwinisme belliqueux, la survie du plus adapté ne passe pas forcément par la sophistication, ce qui est obsolète est parfois meilleur. Il y a dans ce passé une sagesse et une force inexploitée, à l'image du commandant Adama et à l'image du respect qu'affiche le "remake" pour son modèle originel (même s'il s'en éloigne) et dont il parsème des clins d'oeil. Ici on fait du neuf avec du vieux.
Spiritualité et féminité.
Sous l'égide de Ronald D. Moore (Star Trek TNG, DS9), la nouvelle série reprend la dimension biblique de la saga de 1978, l'exode vers la Terre promise et le Grand Dessein de l'humanité. Moore y introduit un élément encore plus mystérieux, cette dualité dans la personnalité de Gaius Baltar. La présence du Numéro Six dans l'esprit de ce dernier amène des interrogations quasi-métaphysiques (fuyez la VF et l'effet d'écho ajouté à la voix de Numéro 6).
Battlestar Galactica est une série très féminisée, de nombreux postes-clés sont occupés par des femmes (Roslin, Starbuck, Number 6, Elosha), la maladie de Laura est en outre un cancer du sein, la présidente est condamnée par le biais de sa féminité... Même si l'esprit est élogieux envers le passé et la rusticité, on est paradoxalement aussi dans un show de SF tourné vers la modernité, une SF longtemps "réservée" aux hommes (piou-piou, baoum, piou-piou craaasshh) et qui cherche à conquérir un auditoire féminin et plus adulte.
"The war is over, and we lost."
Mélodies atmosphériques, chants féminins élégiaques comme des lamentations, percussions tribales... le score ne ressemble pas aux bandes-sonores de la SF traditionnelle, le ton est différent, l'heure est au drame, au traumatisme et à la lutte pour la survie. Non pas avec les honneurs d'une fanfare militaire mais avec le sang et les trippes, avec l'énergie du désespoir. Dans une ambiance de fin du monde, les sentiments sont exacerbés, et voué à un avenir incertain, on n'hésite pas à se jeter dans les bras d'un(e) inconnu(e) qui nous plaît (Dualla et Billy).
Le massacre de l'humanité se fait sans aucune pitié, un immense holocauste nucléaire des douze colonies, une vision d'apocalypse tout droit sortie d'un SDF-Macross (qui reprenait d'ailleurs le principe de la série originelle, son exode), le ton est résolument noir. L'orgueil militaire n'est pas au rendez-vous, il faut abandonner lâchement les appareils sans propulsion hyperluminique et leurs civils à un massacre en ordre ("I hope you people rot in hell for this"). Hangars en désordre, cabines sombres, couloirs exigus et mal éclairés comme dans la saga de jeux Wing Commander... Ronald D. Moore, le repreneur et créateur de cette nouvelle mouture s'attache à souligner le caractère dramatique de l'exode en se concentrant sur les survivants, contrairement à la série-mère de 1978 dont les protagonistes visitaient d'autres cultures et leur venaient en aide. Et tout comme dans SDF-Macross, il y a une violence non feinte et la constante confrontation des intérêts civils face aux intérêts militaires.
Développant les thématiques d'un univers post-apocalyptique, l'oeuvre de Ron Moore est le récit des derniers Hommes. Une humanité réduite à une poignée d'individus sans cesse pourchassés et menacés d'anéantissement total. Ceux qui sont condamnés à errer et à fuir. Ceux qui se raccrochent à leurs institutions et à leur substitut de démocratie comme autant de souvenirs d'un âge révolu, dans le but de maintenir un semblant de lien alors que tout s'écroule.
Abandonnez tout espoir car il est déjà trop tard. Battlestar Galactica est une série qui commence là où s'arrêtent toutes les autres... à la fin du monde.
- You can run if you'd like, this ship will stand and it will fight.
- I'm gonna be straight with you here. The human race is about to be wiped out. We have 50 000 people left and that's it. Now, if we are even going to survive, as a species, then we need to get the hell out of here and we need to start having babies.