kiemavel a écrit :Non, il y a des choses qui s'expliquent par l'époque et le milieu.
Oui, et d'autres pas.
kiemavel a écrit :Le "Génocide de poiscailles", c'était un procédé employé pour recenser les espèces présentes sur UN secteur donné.
Je sais, j'ai vu le film. Pour le coup le contexte explique les choses: à l'époque on devait penser que les espèces animales et les coraux dans la mer étaient infinis.
kiemavel a écrit :Il n'a pas fait péter la barrière de corail…(j'ignore si c'est encore le moyen utilisé aujourd'hui
Ils posent les charges dans le récif corallien... et bien sûr que non, aujourd'hui un biologiste ne ferait pas péter de la dynamite dans une barrière de corail. On touche le fond comme dirait Cousteau. Les documentaires de ce dernier ne t'ont manifestement pas appris grand chose. Les coraux, indispensables mais aujourd'hui menacés (principalement à cause de la pollution), c'est très protégé. Même si, hélas... Ça n'empêche pas d'en trouver en colliers de bijoux en faisant son marché quoi. Les chercheurs sont beaucoup moins intrusifs qu'autrefois ; de ce point de vue
Le Monde du silence présente tout ce qu'il ne faut pas faire. En gros, le corail abrite des espèces rares, ou nous protège également de certaines menaces venues de l'océan comme la houle, ou les tant détestés requins du film (les plages des îles, comme la Réunion, où tu peux te baigner sans craindre un requin sont les lagons qui, par définition, sont entourés de récifs coralliens). Quand on les voit casser du corail au marteau dans le film, ça aussi ça fait bizarre. Pour ce passage, on ne peut effectivement pas trop le leur reprocher pour l'époque. Mais quand même... l'image de scientifiques qui y vont au marteau, quoi...
kiemavel a écrit :"Génocide", tu peux éventuellement garder ça pour la sur-pèche actuelle de nombreuses espèces de poissons…qui était déjà dénoncée -et ce n'était pas paradoxal- par Cousteau. Même si on peut évidemment discuter ces méthodes scientifiques, assimiler les explorations de Cousteau … aux films de vacances d'un beauf façon Bronzés, c'est trop. Même s'il devait y avoir quelques beaufs en short et de "pseudo-biologistes" à bord, Cousteau a souvent embarqué des pointures parmi les centaines de scientifiques embarqués sur la Calypso.
Disons-le, ce n'est pas ce qui saute aux yeux dans ce film. Je ne juge que le film que j'ai vu, comme pour n'importe quel film.
kiemavel a écrit :Quant à son "manque incroyable de connaissances maritimes", pour le "à droite…", ce n'est pas très sérieux car en 1956 ce n'était pas un marin débutant (il était entré à l'école de marine de Brest à l'âge de 20 ans). Après, pour le jargon de marin, c'était pas le Cpt Haddock mais perso ça ne me choque pas.
Pour reprendre un commentaire sur le site où était posté l'article, du chargé des relations publiques à l'Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer : "L'IFREMER est un établissement de recherche, nous faisons 99% de science et 1% de communication, Cousteau c'est le contraire" (ce à quoi un chercheur du même centre aurait répondu : "T'es pas fou ? Cousteau n'a pas fait 1% de science"). Je ne m'en souviens déjà plus, mais les commentaires de Cousteau que j'ai entendu ressemblaient à ceux d'un stagiaire guide de musée qui improvise un peu. Et pour le passage où il dit "À droite toute", c'est sûrement parce que le film est conçu pour le grand public (c'est vrai que des mots comme bâbord, tribord sont des termes compliqués).
kiemavel a écrit :Quant à la Calypso qui heurte un cachalot ; ben oui, c'est très con mais ça s'appelle un accident.
Deux cachalots. Dont un lacéré, qu'on suit sous divers angles de caméras (j'imagine qu'ils n'ont pas mis cinq minutes à le filmer sous tous les angles, à la surface ou sous la mer) et récupéré ensuite à la gaffe (!) avant d'être achevé. J'adore ce moment qui suit, quand les requins débarquent, et qu'ils se disent: "Les requins, ces sales bêtes immondes. C'est intolérable de les voir manger un animal mort... Allez les gars, prenez tout ce qui vous passe par la main, des pelles, des bâtons, des haches... On les charcute, allez !!" Là ce n'est pas une question d'époque, c'est juste une belle brochette d'abrutis...
kiemavel a écrit :Alors il est où "L'artiste amoureux de la nature"
. On le trouve davantage dans d'autres films.
Pour reprendre ce que j'ai répondu à une amie qui me suggérait de lire du Marc Lévy (que "je finirai d'abord Maupassant mais ensuite je verrai si j'ai le temps"), là j'ai d'autres choses à voir, lire comme les excellents bouquins de Kersauson ou faire à la mer mais promis, après je verrai si j'ai le temps...
kiemavel a écrit :Pour le reste, les "gros cons", je les vois aussi mais je garde ça pour les scènes affligeantes dans lesquels les plongeurs et hommes d'équipage maltraitent les tortues ; pour le massacre des requins et pour un truc qui devait être dans ce film il me semble (le harponnage d'un cétacé par un membre d'équipage qui avait servi sur un baleinier)
…À propos de tortue, tiens, Pierre Desproges racontait qu'en Algérie pendant les "évènements", il a assisté à des courses de tortue singulières. À chaque soldat, sa tortue. Tu perces un trou dans la carapace. Tu y glisses une mèche et tu allumes ; puis tu lâches les bestioles…À coté, l'équipage de la Calypso, c'était juste des petits cons. Pour le reste, cinématographiquement je suis d'accord, c'est vraiment pas terrible et surtout ça sonne faux, le jeu des "acteurs" est emprunté, etc…Alors oui, OK, vu d'aujourd'hui,
Le monde du silence est difficilement regardable...
Si on commence à comparer avec le maltraitement des animaux par des militaires, les Chinois, les scientifiques avec les lapins de laboratoire, etc., on n'a pas fini. Pour le reste, tu dis que tu es d'accord avec moi, quoi...
tenia a écrit :Dale Cooper a écrit :Edit: Un frère antisémite qui dirigeait un hebdomadaire collaborationniste pendant la guerre, lui-même pas très net pendant cette période, et des tribunaux de la science où des experts lui reprochaient des erreurs et raccourcis approximatifs mensongers... inutile de préciser que tout ça ne donne pas très envie de prolonger mes découvertes sur Cousteau.
Comme je dis toujours, chaque fois que j'écoute Billie Jean et Thriller ou que je regarde Chinatown, ma conscience ne me dit pas que je devrais avoir honte de me plonger dans les oeuvres d'artistes à la vie si juridiquement discutable.
Entre ceux qui ré-évaluent toute une filmo à cause d'une bouse, et ceux qui commencent à juger l'artiste sur sa vie perso (ou celles de ses proches), on ne va plus s'en sortir.
Oh mais je suis le premier à dire ça (et un des premiers à avoir défendu Polanski à l'époque) comme le rappelait kiemavel. Mais 1. Polanski ne se met pas en scène devant sa caméra en train de massacrer du poisson avec un esprit festif, car le documentaire tourne autour de la personnalité de Cousteau, en grand marin avec sa pipe et son bonnet rouge, et 2. C'est surtout la dernière partie de ma phrase (que des scientifiques lui reprochent ses raccourcis ou ses erreurs) qui est importante puisque c'est le sujet de ses documentaires, et apprendre ça, du coup ça ne donne pas envie.
Il faudrait peut-être faire un topic Cousteau...