Les Westerns 2ème partie
Publié : 14 mars 06, 23:10
J'entame un mois sous le signe du western, un genre que je ne connais absolument pas. Ainsi je me plonge dans un visionnage désordonné et boulimique, sans planification particulière sinon les films que j'ai à ma disposition.
Voici quelques brèves des derniers films vus :
Le grand Sam de Henry Hathaway
Le grand Sam se partage entre deux genres, le mélo et le western. L’un parasite l’autre pour offrir au final un métrage au charme certains, mais souffre tout de même d’un rythme perfectible qui entache quelque peu la réussite de ce western mineur. Toutefois, le film provoque un plaisir non feint, surtout dans l’élaboration de batailles de saloon dantesques – au nombre de deux – qui trouvent pleine mesure dans leur côté légèrement cartoonesque. Le grand Sam se pare d’une jolie réflexion sur les femmes, les hommes et le mariage où un John Wayne campe un cow-boy bougon et machiste sur les bords qui n’attend en réalité qu’une femme vienne chavirer son comportement grognon.
Au final, un film qui ne marquera certainement pas l’histoire du cinéma, qui peine à délivrer son intrigue en courant peut-être trop de lièvres à la fois. La partie à Seattle est trop longue et encombre le métrage de séquences dispensables. Un traitement plus elliptique aurait certainement convenu à sa bonne marche. Saluons toutefois le charme qui se dégage des situations ainsi que la relation entre Sam et Angel qui apportent au film la respiration nécessaire pour éviter de sombrer dans l’ennui. A noter un final absolument délicieux qui achève le métrage sous une note joyeuse.
Les fils du désert de John Ford
Sur un canevas très simple, Ford tisse une histoire touchante sur la paternité. Ford utilise la bible pour peindre et orienter le calvaire que vont endurer trois hommes pour sauver un bébé, dont la mère mourante leur a confié la responsabilité. Tout en étant en cavale pour avoir cambrioler une banque, il est savoureux de regarder ces trois hommes tenter de subvenir aux besoins de l’enfant en ayant finalement aucune connaissance en la matière. D’entendre ainsi les réflexions supposées d’époque sur la manière d’élever un bébé, on se prend de larges sourires. Mais l’histoire sait aussi se faire cruelle, impitoyable, mais possédant une pudeur qui touche l’espace de quelques secondes au sublime. Ce que l’on aurait pu penser pour du détachement, devient en réalité tragique.
Les fils du désert présente quelques légers problèmes de rythme, et une application peut-être un peu grossière de la bible, mais Ford délivre un western humain, plein de compassion et qui s’avère être au final un spectacle attendrissant teinté d’un humour délectable. Les trois acteurs principaux sont parfaits et la réalisation très juste. On ne criera peut-être pas au chef d’œuvre, mais on passera un bon moment, sans hésiter.
L’homme qui tua Liberty Valance de John Ford
Dès les premières minutes, on est envahit par un sentiment nostalgique tenu et une ambiance funèbre parfaitement retranscrit par un magnifique noir et blanc. Ce sentiment ne nous lâchera pas de tout le métrage, la tristesse imprime la pellicule comme l’histoire. Un sénateur revient vers la ville qui l’a vu naître politiquement parlant pour enterrer un homme, un ami. James Stewart campe avec merveille son personnage, plein de sagesse et de compassion dans le présent, et fougueux et idéaliste lorsqu’on le découvre dans le passé, alors qu’il raconte son histoire, ou plutôt celle de Tom Doniphon.
Le métrage, en plus de présenter des personnages haut en couleur ainsi que la naissance de la politique dans ces contrées oubliées, est une magnifique réflexion sur le pouvoir et le rapport à la justice. En effet, l’homme qui tua Liberty Valance propose la rencontre entre deux modes de réflexions opposées quant à sa démarche, mais identique sur le fond. Un rapport de force s’exerce entre les deux personnages possédant une volonté farouche. D’un côté se présente Ransom Stoddard, jeune avocat fraîchement sorti de l’école et s’étant fait volé et battu alors qu’il voyageait en diligence, et d’un autre Tom Doniphon qui incarne un peu le vieux cow-boy, encore emprunt des pensées d’une époque pourtant révolue. C’est la rencontre entre la vieille école et l’avenir que dresse Ford. Mais le réalisateur va plus loin dans sa démarche qu’une simple réflexion sur le progrès, il ajoute également la notion de pouvoir, de responsabilité.
Dans un contexte où la peur est une habitude, à cause des agissements de Liberty Valance – bandits notoires et reconnus, mais que pourtant personne n’arrête – Stoddard incarne au début l’utopie, le rêve d’une situation qui n’existe pas encore. Bercé par des faits, qui ne sont qu’illusions dans la région où il est tombé. Le film va alors savamment exposer la lente progression du personnage vers une notion plus direct de la justice et de son application. Le personnage va être finalement gangrené par l’environnement qu’il occupe. Sous ces airs aisés, Doniphon représente pourtant une époque passée, auquel il est censé appartenir, mais qui, en réalité, ne devrait plus exister. C’est pourtant le protagoniste le plus à l’aise au sein du métrage. Cette contradiction nourrit finalement le personnage de Stewart puisque c’est en puisant des sentiments qu’il répugne et congédie qu’il va finalement trouver sa pleine mesure.
Une note qui demeure également présente, bien après la vision du film, est l’évocation de cette politique en devenir qui a finalement encore du mal à cohabiter avec le monde sans loi du western. De savoir qu’un futur grand de la politique a finalement battis sa réputation sur un mensonge convenu donne un regard légèrement amusé de notre monde aujourd’hui.
L’homme qui tua Liberty Valance est une œuvre remarquable. Un western magnifique qui exerce un pouvoir de fascination impressionnant. Porté par la justesse de la réalisation, précise et sans faute, ainsi que l’interprétation remarquable des comédiens, le film entre dans le temple des œuvres importantes par l’emprunte qu’il laisse. Et finalement, ce sentiment nostalgique nous reste bien longtemps après le visionnage.
Rancho bravo de Andrew V. McLaglen
Petit western sympathique qui tient grâce au talent de Stewart. Sur une histoire simple et convenue, on suit un homme, conducteur de bêtes qui doit livrer un taureau anglais à son récent acquéreur. Mais il est accompagné malgré lui par une mère et sa fille, précédemment propriétaire de la bête anglaise. S’en suit un déroulement sans surprise mais qui dégage finalement de la sympathie. Certaines situations sont cocasses, surtout lorsque advient la partie dans le village où la rencontre avec un vieux Ecossais esquissera des sourires.
Pas grand à ajouter au demeurant d’un western mineur, qui ne contentera certainement pas tout le monde. Au final, on se retrouve avec une histoire attendrissante, qui vaut pour le personnage campé par Stewart. Et le réalisateur prend manifestement un plaisir non feint à filmer le fameux taureau qu’il parviendrait presque à rendre attachant ! Le métrage a pour mérite de ne pas perdre de temps et d’aller droit à l’essentiel. Un simple, petit et agréable moment à passer.
Les prairies de l’honneur de Andrew V. McLaglen
Sur fond de guerre sécession, une famille du sud, qui ne veut pas prendre partie se retrouve finalement confronter malgré elle. Le film pose la question de l’implication dans la guerre, son contexte et ses ravages. Comment cette famille prise dans le conflit, en viendra à perdre le calme et le bonheur qui les habitaient jusque là. Le métrage commence pourtant tellement bien, si ce n’est annonciateur de la tempête à venir.
Alors que le plus jeune est fait prisonnier par erreur, son père et ses frères et sœurs se lancent à sa poursuite avant qu’il ne soit emprisonné dans un établissement fédéral. Le réalisateur ne joue pas la carte de la pression, la poursuite haletante, mais sur l’évolution d’une situation en temps de guerre. Comment cette dernière fait ses ravages et pousse les hommes aux pires actions. Le film possède finalement un côté implacable qui pèse sur l’intégralité du métrage où personne n’est à l’abris. Avec une économie de moyen, le cinéaste parvient à être juste et précis.
Les prairies de l’honneur manque peut-être un peu d’ambition, et la réalisation semble trop statique par moment, mais la satisfaction d’avoir vu un film touchant est bien présente. Les différentes situations que le réalisateur décrit sonne vrai, porté par une considération précise sur les émotions qu’il tente de dégager. Un film peut-être un peu trop simple, mais juste
(la suite demain)
Voici quelques brèves des derniers films vus :
Le grand Sam de Henry Hathaway
Le grand Sam se partage entre deux genres, le mélo et le western. L’un parasite l’autre pour offrir au final un métrage au charme certains, mais souffre tout de même d’un rythme perfectible qui entache quelque peu la réussite de ce western mineur. Toutefois, le film provoque un plaisir non feint, surtout dans l’élaboration de batailles de saloon dantesques – au nombre de deux – qui trouvent pleine mesure dans leur côté légèrement cartoonesque. Le grand Sam se pare d’une jolie réflexion sur les femmes, les hommes et le mariage où un John Wayne campe un cow-boy bougon et machiste sur les bords qui n’attend en réalité qu’une femme vienne chavirer son comportement grognon.
Au final, un film qui ne marquera certainement pas l’histoire du cinéma, qui peine à délivrer son intrigue en courant peut-être trop de lièvres à la fois. La partie à Seattle est trop longue et encombre le métrage de séquences dispensables. Un traitement plus elliptique aurait certainement convenu à sa bonne marche. Saluons toutefois le charme qui se dégage des situations ainsi que la relation entre Sam et Angel qui apportent au film la respiration nécessaire pour éviter de sombrer dans l’ennui. A noter un final absolument délicieux qui achève le métrage sous une note joyeuse.
Les fils du désert de John Ford
Sur un canevas très simple, Ford tisse une histoire touchante sur la paternité. Ford utilise la bible pour peindre et orienter le calvaire que vont endurer trois hommes pour sauver un bébé, dont la mère mourante leur a confié la responsabilité. Tout en étant en cavale pour avoir cambrioler une banque, il est savoureux de regarder ces trois hommes tenter de subvenir aux besoins de l’enfant en ayant finalement aucune connaissance en la matière. D’entendre ainsi les réflexions supposées d’époque sur la manière d’élever un bébé, on se prend de larges sourires. Mais l’histoire sait aussi se faire cruelle, impitoyable, mais possédant une pudeur qui touche l’espace de quelques secondes au sublime. Ce que l’on aurait pu penser pour du détachement, devient en réalité tragique.
Les fils du désert présente quelques légers problèmes de rythme, et une application peut-être un peu grossière de la bible, mais Ford délivre un western humain, plein de compassion et qui s’avère être au final un spectacle attendrissant teinté d’un humour délectable. Les trois acteurs principaux sont parfaits et la réalisation très juste. On ne criera peut-être pas au chef d’œuvre, mais on passera un bon moment, sans hésiter.
L’homme qui tua Liberty Valance de John Ford
Dès les premières minutes, on est envahit par un sentiment nostalgique tenu et une ambiance funèbre parfaitement retranscrit par un magnifique noir et blanc. Ce sentiment ne nous lâchera pas de tout le métrage, la tristesse imprime la pellicule comme l’histoire. Un sénateur revient vers la ville qui l’a vu naître politiquement parlant pour enterrer un homme, un ami. James Stewart campe avec merveille son personnage, plein de sagesse et de compassion dans le présent, et fougueux et idéaliste lorsqu’on le découvre dans le passé, alors qu’il raconte son histoire, ou plutôt celle de Tom Doniphon.
Le métrage, en plus de présenter des personnages haut en couleur ainsi que la naissance de la politique dans ces contrées oubliées, est une magnifique réflexion sur le pouvoir et le rapport à la justice. En effet, l’homme qui tua Liberty Valance propose la rencontre entre deux modes de réflexions opposées quant à sa démarche, mais identique sur le fond. Un rapport de force s’exerce entre les deux personnages possédant une volonté farouche. D’un côté se présente Ransom Stoddard, jeune avocat fraîchement sorti de l’école et s’étant fait volé et battu alors qu’il voyageait en diligence, et d’un autre Tom Doniphon qui incarne un peu le vieux cow-boy, encore emprunt des pensées d’une époque pourtant révolue. C’est la rencontre entre la vieille école et l’avenir que dresse Ford. Mais le réalisateur va plus loin dans sa démarche qu’une simple réflexion sur le progrès, il ajoute également la notion de pouvoir, de responsabilité.
Dans un contexte où la peur est une habitude, à cause des agissements de Liberty Valance – bandits notoires et reconnus, mais que pourtant personne n’arrête – Stoddard incarne au début l’utopie, le rêve d’une situation qui n’existe pas encore. Bercé par des faits, qui ne sont qu’illusions dans la région où il est tombé. Le film va alors savamment exposer la lente progression du personnage vers une notion plus direct de la justice et de son application. Le personnage va être finalement gangrené par l’environnement qu’il occupe. Sous ces airs aisés, Doniphon représente pourtant une époque passée, auquel il est censé appartenir, mais qui, en réalité, ne devrait plus exister. C’est pourtant le protagoniste le plus à l’aise au sein du métrage. Cette contradiction nourrit finalement le personnage de Stewart puisque c’est en puisant des sentiments qu’il répugne et congédie qu’il va finalement trouver sa pleine mesure.
Une note qui demeure également présente, bien après la vision du film, est l’évocation de cette politique en devenir qui a finalement encore du mal à cohabiter avec le monde sans loi du western. De savoir qu’un futur grand de la politique a finalement battis sa réputation sur un mensonge convenu donne un regard légèrement amusé de notre monde aujourd’hui.
L’homme qui tua Liberty Valance est une œuvre remarquable. Un western magnifique qui exerce un pouvoir de fascination impressionnant. Porté par la justesse de la réalisation, précise et sans faute, ainsi que l’interprétation remarquable des comédiens, le film entre dans le temple des œuvres importantes par l’emprunte qu’il laisse. Et finalement, ce sentiment nostalgique nous reste bien longtemps après le visionnage.
Rancho bravo de Andrew V. McLaglen
Petit western sympathique qui tient grâce au talent de Stewart. Sur une histoire simple et convenue, on suit un homme, conducteur de bêtes qui doit livrer un taureau anglais à son récent acquéreur. Mais il est accompagné malgré lui par une mère et sa fille, précédemment propriétaire de la bête anglaise. S’en suit un déroulement sans surprise mais qui dégage finalement de la sympathie. Certaines situations sont cocasses, surtout lorsque advient la partie dans le village où la rencontre avec un vieux Ecossais esquissera des sourires.
Pas grand à ajouter au demeurant d’un western mineur, qui ne contentera certainement pas tout le monde. Au final, on se retrouve avec une histoire attendrissante, qui vaut pour le personnage campé par Stewart. Et le réalisateur prend manifestement un plaisir non feint à filmer le fameux taureau qu’il parviendrait presque à rendre attachant ! Le métrage a pour mérite de ne pas perdre de temps et d’aller droit à l’essentiel. Un simple, petit et agréable moment à passer.
Les prairies de l’honneur de Andrew V. McLaglen
Sur fond de guerre sécession, une famille du sud, qui ne veut pas prendre partie se retrouve finalement confronter malgré elle. Le film pose la question de l’implication dans la guerre, son contexte et ses ravages. Comment cette famille prise dans le conflit, en viendra à perdre le calme et le bonheur qui les habitaient jusque là. Le métrage commence pourtant tellement bien, si ce n’est annonciateur de la tempête à venir.
Alors que le plus jeune est fait prisonnier par erreur, son père et ses frères et sœurs se lancent à sa poursuite avant qu’il ne soit emprisonné dans un établissement fédéral. Le réalisateur ne joue pas la carte de la pression, la poursuite haletante, mais sur l’évolution d’une situation en temps de guerre. Comment cette dernière fait ses ravages et pousse les hommes aux pires actions. Le film possède finalement un côté implacable qui pèse sur l’intégralité du métrage où personne n’est à l’abris. Avec une économie de moyen, le cinéaste parvient à être juste et précis.
Les prairies de l’honneur manque peut-être un peu d’ambition, et la réalisation semble trop statique par moment, mais la satisfaction d’avoir vu un film touchant est bien présente. Les différentes situations que le réalisateur décrit sonne vrai, porté par une considération précise sur les émotions qu’il tente de dégager. Un film peut-être un peu trop simple, mais juste
(la suite demain)