Les vedettes féminines des films musicaux

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Jordan White
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Message par Jordan White »

Merci pour cette précision Music Man. :wink:
Je croyais même que c'était Marilyn en fait sur la pochette. :oops:
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Je vote pour Victoria Romanova
Music Man
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Message par Music Man »

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Lors du portrait consacré à la chanteuse-actrice Gitte Haenning, j'évoquais le film danois "la mante rouge"de Gabriel Axel, connu pour son "festin de Babette". Je signale à Julien qu'il est sorti en DVD en ....Russie! Mais j'ignore tout des sous-titres disponibles. On peut le commander là, si on parvient à déchiffrer l'alphabet cyrillique! :
http://www.ozon.ru/context/detail/id/2789026/
julien
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Message par julien »

Merci pour cette information cher Music Man ! On peut plus facilement commander ce film sur ce site russe qui est traduit en anglais :

http://idcdeal.com/productdetail.asp?productid=5310

Le film est donc proposé en langue suédoise ou russe au choix. Je me demande pourquoi j'ai pas pris l'option russe en seconde langue au collège. :|
Music Man
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Message par Music Man »

Merci beaucoup Julien pour ce lien! :D
Dommage, en effet, que la plupart des DVDS ne comportent pas de sous-titre.
Music Man
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Siw Malmkvist

Message par Music Man »

Siw Malmkvist…voici un nom d’artiste assez difficile à retenir et à prononcer pour un public français ! Si elle n’est guère connue chez nous, cette chanteuse suédoise continue de rencontrer beaucoup de succès en Scandinavie et en Allemagne.
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Née en 1936, dans une famille nombreuse très modeste, la petite Siw quitte l’école à 14 ans pour travailler dans des bureaux puis participe à un concours de chant qui lui vaut un contrat avec la firme métronome qui cherche une concurrente à opposer à la chanteuse Alice Babs qui fait les beaux jours de la compagnie discographique Decca.
L’adaptation suédoise d’un tube de Connie Francis « everybody somebody’s fool » lui ouvre les portes du succès en 1960. La même année, Siw tourne son premier (et seul) film en vedette au Danemark « Amoureux à Copenhague », une charmante comédie musicale en couleurs de Finn Henriksen. Frais et léger comme tout, on ne risque pas d’attraper un mal de crâne : l’intrigue tiendrait au dos d’une carte postale. Le film ressemble d’ailleurs à une jolie carte postale un peu trop colorisée comme on en faisait autrefois, en exploitant tous les clichés et les immanquables de la capitale danoise : on aperçoit au fil du film la statue de la petite sirène, les rues colorées du port, la parc Tivoli.
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La ritournelle phare du film rappelle vaguement la mélodie enfantine qu’entonnait Danny Kaye dans Hans Christian Andersen : tout est mignon et si léger, qu’on n’a aucune surprise de voir la nacelle du manège où chante Siw Malmkvist se décrocher pour effectuer un survol de Copenhague by night. Sourcils broussailleux, air rêveur, Siw n’a pas la beauté classique des ingénues du moment, mais justement c’est son atout : en tous les cas, elle chante vraiment très bien. Le film, ressorti en DVD (sans sous titres, mais à quoi bon, on comprend tout), obtiendra un gros succès en Scandinavie et sera exploité en Belgique et en Allemagne.
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Si le 45 T qu’elle enregistre en français passe totalement inaperçu chez nous, Siw devient progressivement une très grosse vedette en Allemagne où on la présente comme die grosse knüller vom Sweden -la plus grande sensation de Suède (mais le terme knüller signifiant quelque chose de très différent et de très vulgaire en Suède, la chanteuse sera déconcertée en découvrant l’affiche !).Siw paraît en guest dans plusieurs schlagerfilms, spécialité toute germanique, où elle place quelques uns de ses derniers succès : Que fait donc papa en Italie (1961) avec Peter Kraus, un rocker terriblement aseptisé, trois lettres d’amour du Tyrol (1962) avec Udo Jürgens, un des ares chanteurs autrichiens connu chez nous et L’Extravagante prison (1962) avec la danoise Vivi Bach.
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En 1964, Siw triomphe au festival de Baden Baden avec « liebeskummer »qui devient le plus gros tube de l’année en Allemagne. Elle va encore enregistrer de nombreux tubes pour le public germanique (notamment Arlekin en 1969), mélodies un peu trop faciles sur des rythmes basiques avec lesquelles elle tentera plusieurs fois l’Eurovision de la chanson (où elle représente tantôt l’Allemagne ou la Suède). On comprend pourquoi, pour sa carrière en Scandinavie, Siw préfèrera un répertoire différent, certainement plus classe (comme une belle adaptation de l’ode to Billie Joe ou de succès de Burt Bacharach) qui met en valeur son réel talent de vocaliste. Son show de 1968 avec Lee Hazlewood (récemment disparu), dont on trouve plusieurs extraits sur youtube, marque le sommet de sa carrière.
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Lasse de l’utilisation de plus en plus systématique du playback dans les shows télé, Siw se tourne vers le théâtre dans les années 70. Pendant deux ans (et à la demande expresse de l’auteur) elle va incarner sur scène le célèbre personnage de Fifi Brindacier, gamine délurée, et beau souvenir d’enfance télévisuel.
Depuis 3 ans, Siw a effectué un come-back aussi inattendu que spectaculaire auprès de deux autres vedettes scandinaves (Gitte et Wencke Myhre) qui fait salle comble en Allemagne et Autriche.
Sur youtube, Siw et Lee Hazlewood dans une (trop) lente version de « you’ve lost that loving feeling » popularisé par l’excellent Scott Walker.
Dernière modification par Music Man le 20 avr. 08, 11:20, modifié 1 fois.
Music Man
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Danielle Darrieux

Message par Music Man »

Danielle Darrieux est certainement une de nos plus prestigieuses comédiennes, une des rares à avoir été célèbre dans le monde entier. Toujours aussi vive et spirituelle, cette femme de 90 printemps poursuit une remarquable carrière internationale depuis…plus de 75 ans déjà ! Bien évidemment, un topicest déjà consacré à cette fabuleuse actrice, néanmoins, il était impératif que Miss DD figure parmi les portraits d'artistes de films musicaux.
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Née en 1917, Danielle Darrieux est très tôt encouragée par sa maman, prof de chant, à embrasser une carrière artistique. Après avoir réussi des tests aux studios d’Epinay, elle fait ses débuts à l’écran à 14 ans dans une production franco allemande de Wilhelm Thiele, le Bal (1931). En effet, au tout début du cinéma parlant, les studios français étaient encore mal équipés pour la nouvelle technique et de nombreux films étaient tournés à Berlin, en versions multiples. La très jeune Danielle va s’illustrer dans plusieurs comédies produites par la UFA, souvent chantées. Des spectacles fort populaires à l’époque, mais qui ont pris un sacré coup de vieux. Elle remplace notamment Martha Eggerth dans la version française de j’aime toutes les femmes (1935) dont le fameux ténor polonais Jan Kiepura (extrêmement populaire dans toute l’Europe) tient la vedette.
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On se souvient davantage du mauvais garçon (1936) en raison de la très célèbre java qu’elle y chante avec Henry Garat, et de la crise est finie (1934) de Robert Siodmak avec Albert Préjean. Même si le film, destiné à booster le moral des spectateurs en pleine dépression, s’inspire un peu des thèmes des musicals hollywoodiens de la Warner, les tableaux de la revue font pâle figure à coté de ceux de Busby Berkeley. Mais Danielle déborde déjà d’enthousiasme et il est clair qu’une belle carrière s’ouvre devant elle. Le beau mélo Mayerling (1936), avec Charles Boyer, le plus populaire acteur français dans le monde entier va faire d’elle une star du cinéma français et lui apporter la consécration à l’étranger :
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Hollywood fait immédiatement appel à ses services. Le slogan du film est efficace : « 40 millions de français ne peuvent pas se tromper ! » Elle y tourne une très bonne screwball comédie « la coqueluche de Paris » d’Henry Koster (1938) avec Douglas Fairbanks Jr où son charme et sa vivacité font merveilles : Vraiment Danielle a tout le piquant et l’énergie nécessaires pour sérieusement concurrencer Carole Lombard ou Jean Arthur. Cependant, refusant les contraintes d’un contrat de 7 ans, et très amoureuse du cinéaste Henri Decoin (son premier mari), elle retourne à Paris pour tourner sous la direction de ce dernier. Force est de constater le talent de ce réalisateur certes inégal, mais pas toujours reconnu à sa juste valeur.
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Un film comme Battements de cœur (où Danielle prend ses cours dans une école de pickpocket) est vraiment un petit bijou de comédie légère. Premier rendez-vous (1941) sera un des plus gros succès de l’occupation. Produite par la firme Continental (avec des capitaux allemands), il s’agit également d’un charmant film illuminé par la présence de la spirituelle comédienne. La chanson que Danielle entonne avec sa voix éthérée (ou pisse-vinaigre comme pourront dire ses détracteurs) marquera les esprits : Danielle l’enregistrera aussi en allemand (même si elle feint ne plus bien s’en souvenir). Avec Suzy Delair et Junie Astor, elle se rend à Berlin pour un festival de cinéma, et pour montrer les parfaites relations existant entre les industries cinématographiques françaises et allemandes… Difficile de juger les acteurs qui se sont ainsi plus ou moins compromis avec l’occupant. C’est un sujet épineux dont on pourrait débattre des heures. En tous les cas, il faut bien souligner qu’aucun des films tournés par la Continental ne contient la moindre once de propagande.
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Dans chacune de ses comédies, Danielle case au moins une chanson, souvent vouée au succès : dans mon cœur dans retour à l’aube (un très beau film), il peut neiger dans Katia (dont on revoit souvent à la télé le remake avec Romy Schneider), Charade de Battements de cœur, et le populaire tango « les fleurs sont des mots d’amour » qu’elle fredonne dans la Fausse maîtresse après un audacieux strip-tease sur trapèze volant. A la voix aiguë de Miss Darrieux, il est permis de préférer les versions qu’en ont données d’autres artistes contemporaines comme Lucienne Delyle ou Marjane (cette dernière a eu l’extrême gentillesse de m’adresser un autographe qui m’a beaucoup touché). Séparée de Decoin, elle épouse en 1942 Rubirosa, ambassadeur de St Domingue et play-boy mondain de grande renommée. Ce dernier étant soupçonné d’espionnage contre l’Allemagne, Danielle passe la fin de la guerre loin des caméras, sous haute surveillance à Megève.
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Son retour après guerre est un peu difficile, mais Occupe toi d’Amélie (1949) la remet sur les rails du succès. En 1951, Danielle fait un retour à Hollywood et dans un musical produit par la prestigieuse MGM, en plein âge d’or : le film Riche, jeune et jolie où elle incarne la maman de Jane Powell (alors que seuls 12 ans séparent les deux actrices !) n’est pourtant pas un chef d’œuvre. Un marivaudage quelconque dans un milieu très friqué. Peu impressionnée par le chouchou de ces dames, Fernando Lamas, qui tient le rôle de son chevalier servant, Danielle sera beaucoup plus séduite par l’intelligence de Wendell Corey. Si dans le film, Danielle interprète la jolie ballade « Dark is the night », la vedette Jane Powell lui piquera la chanson sur le 33 T.
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Après cette aimable récréation, Danielle atteint le sommet de sa carrière dans trois magnifiques films de Max Ophuls : la ronde, le plaisir et surtout Madame de (1953) où elle est sublime. Des Chefs d’ouvres absolus comme dirait un de mes amis !
On se souvient aussi du Rouge et le noir (1953), Marie Octobre (1958) et de nombreuses comédies françaises d’un cinéma français un peu au creux de la vague à la fin des années 50.
Peut être un peu déçue par ses derniers films, Danielle revient alors à ses premières amours et enregistre plusieurs 33 T pour la firme Pathé : des reprises de succès de la belle époque, ou des succès du moment comme l’Olivier de Rika Zaraï. Parmi ses meilleurs enregistrements figure une ravissante version de Moon River du film « Diamants sur canapé ».
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En 1966, Danielle, toujours aussi ravissante et éblouissante, joue la maman des jumelles dans les « Demoiselles de Rochefort », bel hommage rendu par Jacques Demy au musical hollywoodien. Au fil des années, l’actrice peine à trouver des rôles intéressants : elle se tourne surtout vers la scène et va même avoir le rare privilège de reprendre la succession de Katharine Hepburn dans un musical de Broadway sur Coco Chanel. Même si le spectacle ne tiendra pas longtemps à l’affiche (les chansons écrites à l’origine pour une comédienne sans expérience du chant ne sont pas mélodiques), aucune star française ne peut se vanter d’avoir réalisé un tel exploit !
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Toujours très concernée par le sujet qui nous intéresse, Danielle n’hésitera pas à participer aux fort rares tentatives de films musicaux réalisées en France. Divine (1975) de Dominique Delouche, est une sorte d’opérette où elle tient le rôle d’une ancienne star esseulée genre Garbo. Si Danielle est incroyablement belle et fait facilement 20 ans de moins que son âge, cette ringardise (avec la sympathique Georgette Plana en soubrette) a le coté naphtaliné d’un show de Pascal Sevran. Une chambre en ville (1982) de Jacques Demy est une tentative ambitieuse de filmer, un drame de la vie quotidienne « tout en chanté ». Par exemple, Darrieux répond en chantant à Dominique Sanda « tu me prends pour une conne ? ». A l’époque, l’échec du film, pourtant récompensé par de multiples prix, fera l’objet d’une polémique de la part de cinéphiles amers de constater le triomphe d’un film beaucoup plus facile comme l’As des as, sorti en même temps.
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Toujours plus rare à l’écran, Danielle chante encore dans le film de Paul Vecchiali « en haut des marches » et beaucoup plus récemment dans Huit femmes de François Ozon, où elle interprète avec beaucoup d’émotion la superbe chanson de Brassens « il n’y a pas d’amour heureux » : une des meilleures performances du film. Sur un plan discographique, Danielle a aussi chanté pour le conte musical Emile Jolie de Philippe Chatel et sur le CD de Patrick Bruel consacré aux chansons d’avant-guerre. Alors que le chanteur aurait souhaité à l’origine reprendre avec Danielle le premier rendez-vous, la star a craqué pour la chanson de Lys Gauty du film 14 juillet.
Une carrière phénoménale, qui a de surcroît touché à moult reprises au cinéma musical, sous toutes ses formes. Une femme splendide et vivante qu’on espère encore voir longtemps illuminer nos écrans.
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Vice et impétueuse, Danielle avec Albert Préjean :
Dernière modification par Music Man le 20 avr. 08, 11:25, modifié 2 fois.
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Dercy Gonçalves

Message par Music Man »

Cette année, on célèbre le 100ème anniversaire de plusieurs stars de cinéma : John Wayne, Katharine Hepburn, Barbara Stanwyck, Zarah Leander, avec à la clef parfois de belles rééditions en DVDs, et dans certains cas, le silence de l’oubli.
Au Brésil, c’est en grandes pompes qu’on a fêté les 100 ans de Dercy Gonçalves. Il faut dire que la grande vedette des comédies musicales des années 50 est toujours bien vivante et qu’elle ne passe pas inaperçue. Débordante de vitalité, délirante, d’une rare vulgarité, la fantaisiste qui fut souvent comparée à Mae West continue d’attirer l’attention des médias. Un petit hommage s’imposait pour cette « grande gueule » dans tous les sens du terme, qui plaira peut être à Yaplusdesaisons.
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Née en 1907, Dercy Gonçalves est issue d’une famille fort pauvre (père tailleur, grand père fossoyeur). Sa mère a quitté le domicile et son père n’a pas de temps à lui consacrer, à tel point que l’actrice déclarera plus tard qu’elle a été élevée toute seule, avec les poules. Fascinée par les actrices du cinéma muet, la jeune fille scandalise son entourage par le maquillage outrancier dont elle se farde pour imiter ses idoles. Après avoir volé un peu d’argent à son père, elle s’enfuit de chez elle, et parcourt une partie du pays en tant que passager clandestin dans un train. Après avoir mangé beaucoup de vache enragée, et accepté de danser « contre une assiette de nourriture », Dercy rencontre le chanteur Eugenio Pascoal qui devient son amant et avec lequel elle monte un numéro sur scène. A la mort de ce dernier, elle continue seule le chemin des tournées.
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De tréteaux en cabarets, elle grimpe les marches du succès en chantant et dansant la samba dans de nombreuses revues. Son sens de la répartie et sa gouaille lui valant la ferveur d’un public très populaire. En 1943 elle fait ses débuts à l’écran, et va tourner beaucoup de films, surtout à la fin des années 50 : c’est l’âge d’or des chanchadas « pochades », comédies musicales brésiliennes, souvent tournées dans des conditions fort rudimentaires par le studio Atlantis. Des spectacles faciles, destinés à un public très populaire, voire illettré, réputés davantage pour leur drôlerie que pour la qualité des numéros musicaux (sambas filmées avec trop peu de moyens). Même s’ils sont destinés avant tout à divertir, ces films ne sont toutefois pas exempts de certains éléments de critique sociale.
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Dercy est toujours la rigolotte de service, irrésistible, quand elle tord sa bouche comme la comédienne américaine Martha Raye à laquelle elle sera souvent comparée. C’est un phénomène assez difficile à maîtriser, et le plus souvent les rôles sont conçus spécialement pour elle. Parmi ses films (ressortis en DVDs au Brésil), A baronesa transviada (la baronne dévoyée), dans lequel elle incarne une simple manucure qui hérite d’une fortune considérable. Dans Absolument sûr, elle joue avec et sous la direction d’Anselmo Duarte, l’acteur le plus aimé du moment : une comédie amusante sur un jeune homme qui a appris par cœur l’annuaire téléphonique pour passer à un concours télévisé.
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La grande vedette (1958) est une parodie de Sunset Boulevard, où Dercy a souvent l’occasion de faire le clown en star déchue persuadée qu’elle est toujours admirée. Une façon de jouer la comédie qui ne fait pas dans la dentelle, et consterne les intellectuels. L’actrice grimace à souhait (ce qui lui vaudra aussi plus tard des comparaisons avec notre Louis de Funes !).
Dans le seul drame de sa carrière, Dona Violanta Miranda (1960), Dercy se tire bien d’affaires en tenancière de bordel qui élève avec beaucoup d’affection une orpheline comme la sienne, qui à l’âge adulte la rejettera avec beaucoup d’ingratitude.
Au milieu des années 60, Dercy se tourne avec un énorme succès vers la télévision. Son talk show (Dercy beaucoup) fait un tabac : 90% d’audimat ! Pendant de longues années, l’artiste va poursuivre les one woman shows, délectant son public mais irritant les critiques lui reprochant sa grossièreté, et surtout de toujours niveler ses shows vers le bas.
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En 1991, Dercy scandalise en dansant les seins nus (à 84 ans !) au carnaval de Rio. Repoussant toujours plus loin les limites du convenable, la vielle dame indigne, dont on ne compte plus les liftings et opérations de chirurgie esthétique, accepte à 92 ans une série de photos en déshabillé qui va mettre en émoi tout le Brésil puis annonce en 2001 (à 94 ans), qu’elle va poser nue dans Penthouse, assise sur sa tombe.
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J’ignore si Dercy a réellement mis sa menace à exécution, mais ses extravagances ont certainement contribué à la popularité persistante de la vielle actrice qui continue toujours d’animer un show sur TV Globo.
Elle a fêté ses 100 ans dans une boîte gay de Rio et a confié aux journalistes qu’il était fort possible qu’elle soit âgée en réalité de 102 ans, car lors du recensement effectué lors de sa petite enfance l’âge qu’on lui avait donné avait été approximatif !
Voici donc un phénomène de longévité, une personnalité unique à découvrir en DVD à condition de comprendre le portugais, et de commander au Brésil, ce qui est fort compliqué !
On peut se contenter de quelques extraits sur Youtube :

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Une vieille dame indigne.
Dercy Goncalves est décédée en 2008 des suites d'une pneumonie(101 ans).
Dernière modification par Music Man le 9 nov. 08, 22:53, modifié 2 fois.
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Teresa Brewer

Message par Music Man »

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Teresa Brewer, chanteuse américaine très populaire pendant les années 50 est décédée cette semaine à l’âge de 76 ans. Sa voix acidulée et pointue, et sa façon très malicieuse et mutine d’interpréter des chansons rythmées évoque sensiblement Helen Keane, la « boop-boop-a –doop girl, inspiratrice de Betty Boop mais préfigure aussi un créneau qu’occuperont plus tard Brenda Lee puis Emmylou Harris et Cindy Lauper.
Après avoir été un enfant prodige, comme Shirley Temple, et chanté dans de nombreux music-halls, Teresa Brewer devient célèbre en enregistrant Music, Music (1949) un fox-trot endiablé, avec une gouaille toute particulière. Durant toutes les années 50, Teresa sera abonnée aux hits parades avec des valses country comme Till I waltz again with you (plus forte vente de disques aux USA en 1953, repris chez nous par Lucienne Delyle) ou le plus souvent des « novelties », chansonnettes sautillantes, sur un rythme syncopé, qui annoncent déjà le rock’n roll. A la fin de cette décennie, elle a surtout mis à son répertoire des airs de R n’B enregistrés sur divers petits labels par des artistes blacks, en les dénaturant et les adaptant pour les rendre plus commerciaux. Pendant quelques années, ses versions (et celles de Georgia Gibbs ou Pat Boone) se vendront bien plus que les VO avant que, juste retour des choses, le public ne revienne aux vrais créateurs.
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En 1953, la Paramount lance un jeu-concours en demandant au public de sélectionner la chanteuse la plus populaire du pays pour lui confier un rôle à l’écran, et naturellement Teresa parvient en tête de liste.
Elle se retrouve dès lors vedette d’un musical en technicolor et en 3 dimensions :Ah ! les belles rouquines avec Rhonda Fleming. Un musical champêtre et belle époque qui misait surtout sur la nouveauté : le cinéma en relief, et des artistes tout frais sortis des charts comme Miss Brewer ou Guy Mitchell (connu pour sa p’tite folie). Rien de spécialement mémorable dans les numéros musicaux du film. Lors des projections, des lunettes spéciales étaient distribuées aux spectateurs, mais le système était si défectueux que souvent, pour éviter un dédoublement des images, ceux-ci étaient obligés de fermer un œil. Un critique acerbe commenta qu’ils n’auraient rien perdu s’ils avaient fermé les deux. Teresa Brewer davantage intéressée par sa famille et ses enfants que par une carrière à l’écran refusera de signer un contrat de 7 ans avec la Paramount
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Supplantée par Connie Francis, elle continuera néanmoins son métier, avec l’appui de son mari, président de sa maison de disque, jusque dans les années 90. En 1965, elle a enregistré un album de chansons de films avec des versions personnelles des airs de Mary Poppins, Diamants sur canapé, et même 4 garçons dans le vent. Dans les années 70 et 80, elle s’est essentiellement consacrée au jazz, et avait même fait un album avec Stéphane Grapelli, Count Basie et Duke Ellington.
Une voix mutine et tonique qui a marqué les années juke-box, et qui survivra grâce à ses nombreux disques. Notamment sa dynamique version de New Orleans , tout à fait stupéfiante.
Sur youtube, un de ses tubes très fifties : a sweet old fashioned girl » :
Dernière modification par Music Man le 20 avr. 08, 11:26, modifié 1 fois.
Nomorereasons
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Re: Dercy Gonçalves

Message par Nomorereasons »

En effet, quel personnage excentrique que cette Darcy Gonçalvès! Et quel topic extraordinaire que je viens de découvrir, Music Man; ça me console d'avoir prêté mon exemplaire des "Venus de melos" sans qu'on ne me l'ait rendu...
Music Man a écrit :Elle a fêté ses 100 ans dans une boîte gay de Rio

Les boîtes gays, c'est aussi un peu l'ANPE des vedettes féminines...
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Message par Music Man »

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Dercy Gonçalves

Merci Y'aplusd'saisons :wink:
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Diana Dors en DVD

Message par Music Man »

Une bonne surprise sur le DVD Box de la vamp anglaise Diana Dors : des sous-titres anglais optionnels! :D Certes, en français ce serait mieux encore, mais c'est déjà très bien
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Hélas, dans mon DVDbox, il y a eu confusion et j'ai deux fois Lady Godiva et pas Peine capitale!
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Eleanor Powell

Message par Music Man »

Il est temps de rendre hommage à Eleanor Powell, la plus grande danseuse à claquettes d’Hollywood et les aficionados du musical hollywoodien ne me contrediront pas ! Même si elle n’avait pas la personnalité juvénile et attachante de Ruby Keeler, ni la féminité d’Ann Miller, sur un plan purement technique, Eleanor Powell était certainement la plus douée. Certes, ses talents se limitaient aux numéros dansés (elle était souvent doublée pour le chant, et assez insipide dans les scènes de comédie), mais sa vivacité, sa précision et son énergie ont beaucoup apporté au tap-dancing.
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Née en 1912, Eleanor Powell a débuté enfant en dansant dans de nombreux spectacles. Même si ces goûts la portent plutôt vers le ballet classique et la danse de salon, elle se met aux claquettes, pour pouvoir trouver plus facilement du travail (à la fin des années20, les producteurs recherchaient en priorité des tap dancers). On raconte que ses professeurs lui attachaient des sacs de sable aux pieds pour éviter des mouvements trop larges.
Vedette de plusieurs revues, Eleanor Powell triomphe notamment dans les « George White scandals » en 1934. Aussi, lors de l’adaptation à l’écran de cette revue par la Fox en 1935, un numéro de claquettes lui est confié (hélas, elle ne participe pas au meilleur moment du film, une parodie du continental de la Joyeuse divorcée, où les danseurs balancent en l’air leurs partenaires comme des poupées de chiffon) . La première apparition de la jeune femme à l’écran (en pantalon, pour éviter des mouvements acrobatiques disgracieux) passe pourtant inaperçue.
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Louis B Mayer, le patron de la MGM, bien décidé à miser de nouveau sur le genre musical qui avait connu une désaffection du public au début des années 30, propose à la jeune artiste d’être la vedette d’un film baptisé Broadway Melody of 36, en hommage au premier succès musical du studio. Après avoir subi des soins intensifs en instituts de beauté (toutes les bios semblent indiquer qu’à l’origine, c’était un vilain petit canard. Pourtant, elle m’a paru très mignonne dans George White Scandals of 35), la jeune femme entame le tournage. Bien secondée par divers artistes de talent, Eleanor devient une vedette de l’écran du jour au lendemain. Chacun se souvient de la finale, avec Eleanor descendant à grandes enjambées un escalier en colimaçon, dans un décor de navire avec des canons en carton pâte. Pourtant, je préfère le charment numéro, bien moins tape à l’œil qu’elle danse sur le toit d’un immeuble (sing before breakfast). Le triomphe du film vaudra à Eleanor un contrat de 7 ans avec la firme du lion.
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L’amiral mène la danse (1936) vaut surtout pour les magnifiques chansons de Cole Porter et tant pis si l’intrigue ne tient pas debout. (Eleanor incarne une danseuse qui remplace au pied levé la capricieuse chanteuse Virginia Bruce dans un show).
Le règne de la joie(1937) figure à mon avis parmi les sommets artistiques d’Eleanor. Le numéro final est particulièrement éblouissant : quelle énergie et quelle précision dans le geste ! Contrairement à certaines de ses collègues qui dansent les claquettes en faisant de nombreux tours sur elles-mêmes, Eleanor nous propose une chorégraphie beaucoup plus inventive et élaborée, acrobatique tout en restant infiniment classe, et toujours avec un glorieux sourire. En outre, elle se charge toute seule de la chorégraphie, veillant sur l’emplacement des caméras, et le montage des séquences : fait rare à Hollywood ! Je n’ai pas vu Rosalie (1937) avec Nelson Eddy mais le film est surtout connu pour l’extravagance du numéro final avec 2000 figurants et 27 caméras pour filmer Eleanor.
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En 1940, c’est la rencontre au sommet : Fred Astaire le plus grand danseur du monde partage avec Eleanor l’affiche de Broadway qui danse. Certains critiques seront déçus par le manque d’alchimie entre les 2 danseurs, chacun se concentrant sur ses propres pas, sans qu’il y ait de réelle symbiose comme entre Fred et Ginger ou Rita. Pourtant, certains numéros sont admirables, notamment celui de « begin the beguine », d’abord en rumba puis en swing, une véritable leçon d’élégance et d’efficacité : un des must de l’histoire du film musical.
De divorce en musique (1941) on retiendra surtout la grandiose finale élaborée par le génial Busby Berkeley et un charmant numéro au cours duquel Eleanor danse avec un fox-terrier : craquant.
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Depuis le début de sa carrière à la MGM, il semble que ses patrons n’aient jamais fait totalement confiance à Eleanor pour mener à bien un film (compte tenu de ses talents de comédienne plutôt limités), en l’encadrant de nombreux chanteurs (Frances Langford, Judy Garland, etc..) et comiques. A partir de 1942, il semble qu’ils misent bien davantage sur le comique Red Skelton, qui a plus de scènes que la danseuse dans Croisière mouvementée (1942). Pourtant le numéro dansé de « toréador » d’Eleanor vaut 100 fois les pitreries stupides du clown Skelton. Il semble que le torchon brûle ensuite entre Eleanor et sa hiérarchie. Prévu d’abord en couleurs (il n’en subsiste qu’une scène qui sera intégrée dans la Parade aux étoiles), Mlle ma femme (1943) atteindra finalement les écrans en noir et blanc avec beaucoup de passages copiés-collés pompés dans d’anciens films d’Eleanor !(on retiendra pourtant le seul numéro original du film, où la danseuse manie le lasso tout en dansant avec une dextérité qui laisse pantois. Chapeau !).
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Le contrat de 7 ans avec la MGM vient alors à expiration, sans être renouvelé. C’est la vivace Ann Miller, maîtresse de Louis B Mayer, qui prendra le relais, mais sans jamais tenir la tête d’affiche.
Swing circus (1945) tourné pour l’United Artist n’a pas le prestige ni le budget des films de la MGM, mais n’est pas dépourvu d’intérêt sur un plan musical. Ici, c’est avec un cheval au trot et dans un flipper géant que danse Eleanor, et là aussi, c’est impeccable.
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Mariée avec le jeune acteur Glenn Ford, Eleanor Powell délaisse alors sa carrière pour se consacrer à son mari (hormis une courte et bien décevante apparition en 1950 dans jamais deux sans toi), son petit garçon et ses activités religieuses qui vont beaucoup l’accaparer. Fervente catholique, l’actrice va même écrire des scripts pour des émissions religieuses à la télé. Divorcée de Glenn Ford (un coureur de jupons impénitent qui ne savait pas résister au charme des ses partenaires à l’écran), Eleanor décide de faire un come-back sur scène dans les années 60 pour épater son fils. Après un régime draconien (elle avait en effet pris beaucoup de poids), Eleanor, plus belle que jamais, triomphe pendant quelques mois dans les cabarets de Las Vegas, avant d’abandonner définitivement le monde du spectacle. La reine des claquettes décèdera d’un cancer en 1982.
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Si pour le moment seul Broadway qui danse est disponible en DVD, il semble qu’un DVD-box dédié à Eleanor soit en cours de confection. On pourra trouver sans doute beaucoup à redire sur la qualité intrinsèque des comédies musicales qui ont fait sa gloire, mais ses talents de danseuse et de chorégraphe sont tout simplement sensationnels.
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Anna Neagle

Message par Music Man »

En juin dernier est sorti en Angleterre un DVDBox consacré à Anna Neagle, l'actrice britannique la plus populaire de l’après guerre. L’occasion pour beaucoup de (re)découvrir une gracieuse comédienne qui s’est illustrée dans deux styles tout à fait différents : la comédie musicale et la biographie historique, avec plus ou moins de bonheur, mais toujours sous la direction un peu pesante de son compagnon puis mari Herbert Wilcox. Un cas assez rare dans les anales du cinéma de collaboration à long terme, car à de rares exceptions près, Wilcox n’a tourné qu’avec Miss Neagle.
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Née en 1904, Anna Neagle est apparue sur scène et dans plusieurs revues avant d’entamer au début des années 30 une carrière à l’écran, déjà sous la direction d’Herbert Wilcox. Goodnight Vienna, son premier film important est une comédie plutôt inconsistante mais regardable, où le sémillant Jack Buchanan, l’acteur britannique le plus aimé des années 30 tient le rôle de son chevalier servant. Le coté suranné et extrêmement démodé confère un certain charme à cette production. Très vite les relations entre le réalisateur, pourtant marié et l’actrice prennent une tournure personnelle (ils ne se marieront qu’en 1943 après le divorce de Wilcox), et l’actrice se voit attribuée d’office le premier rôle de tous les films qu’il met en scène.
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Si la petite demoiselle (1933) choque en raison de la robe transparente portée par l’actrice et la première version de l’opérette de Noël Coward « Bitter sweet » n’a rien de remarquable, le succès remporté par Nell Gwynn (1934), biographie romancée de la maîtresse du roi Charles II, va fermement installer et pour longtemps Anna Neagle dans la liste des acteurs préférés des britanniques. Pour être exploité aux USA et obtenir son visa de censure, sans heurter le code Hays, les producteurs demanderont qu’une scène supplémentaire soit rajoutée montrant le mariage entre le roi et Nell Gwyn et que les passages où Anna porte un décolleté trop plongeant soient coupés. Devant le refus de Wilcox de travestir ainsi la réalité historique, le film ne sera exploité outre Atlantique que dans des petits réseaux, avec une scène rajoutée, jouée par une doublure, où Nell Gwynn la pécheresse périt dans le ruisseau avec cette sentence finale « elle a vécu comme elle a voulu, elle est morte comme elle le méritait ».La morale(?) est sauve.
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Après quelques comédies musicales, inédites chez nous, où les talents de danseuse d’Anna rattrapent largement une voix ténue et haut perchée, un peu bigote, le couple Wilcox-Neagle s’attaque à la biographie de la Reine Victoria, encore très présente dans les mémoires au Royaume Uni. Ce film assez pompeux remportera un énorme succès commercial, non seulement en Angleterre mais aussi en Europe et aux USA. Le public sera particulièrement sensible aux efforts accomplis par Anna pour ressembler physiquement à la célèbre souveraine, de sa jeunesse à la fin de sa vie. Les critiques seront un peu moins élogieuses et certains compareront Anna a un élégant automate sur roulettes venu faire son numéro. Comme suite au succès inattendu du film aux USA, la firme RKO signera avec le couple Wilcox-Neagle un contrat pour sortir leurs productions suivantes aux USA. Afin de battre le fer tant qu’il est chaud, on aura droit à une suite (60 années glorieuses) l’année suivante, avec d’autres épisodes de la vie de la Reine Victoria, et en technicolor (pas tout à fait au point). Pendant la guerre, les deux films seront remontés et coupés afin de n’en faire qu’un : A chaque fois ce sera un succès, le public ne semblant pas rassasié !
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En 1939, Anna entame une longue série de films à la gloire de grandes dames courageuses en incarnant Edith Cavell, infirmière et espionne britannique exécutée par les allemands pendant la première guerre mondiale (il semble que Piaf lui doive son prénom). Anna y fournit une prestation convaincante, quoique assez froide. Le coté anti-germanique fera le succès du film à une époque où les cinéastes anglais et américains restaient encore très prudents et réservés dans leurs relations avec l’Allemagne. En 1940, Anna et Herbert se rendent aux USA, pour le tournage de 3 comédies musicales, dans les studios même où Fred Astaire et Ginger Rogers ont écrit les plus belles pages de la comédie musicale : C’est sûr Anna Neagle ne risque pas de les faire oublier ni de les égaler !
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Irène (1940).comédie plutôt ennuyeuse sera pourtant un joli succès commercial, ce qui montre à quel point le public avait besoin de se divertir. Dans un joli passage, on y voit Anna danser seule dans un jardin, avec infiniment de grâce et d’élégance. l’utilisation du ralenti permet de donner plus de lyrisme à la séquence.. et sera du coup utilisé à maintes reprises dans les autres films musicaux de Wilcox. Le meilleur du lot est probablement « Mardi gras »1941, charmante comédie qui offre à Anna un très beau numéro avec Ray Bolger, où la star tourbillonne avec légèreté dans une robe blanche vaporeuse avant de se livre à un numéro d’équilibriste sur un cheval. L’adaptation filmée de l’opérette No no Nanette est en revanche bien piteuse : le fait d’avoir retiré ou tronqué presque toutes les chansons rend le film particulièrement creux. Après cet échec, le couple Wilcox prend la courageuse décision de retourner en Angleterre en pleine guerre, geste qui sera infiniment apprécié par les Britanniques.
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Grosvenor square (1944) qui raconte la passion d’une jeune anglaise pour un GI en permission à Londres qui perd la vie dans un crash est un film didactique très visiblement destiné à rendre un coup de chapeau aux américains venus épauler la Grande Bretagne pour lutter contre l’Allemagne. On en dégage quelques bons moments, avec des détails de l’époque qui sonnent vrais, ce qui donne à l’ensemble un côté documentaire. Anna Neagle perdue entre son fiancé (Rex Harrison) et le jeune américain qu’elle a rencontré donne une de ses meilleures performances.
Après la libération, le couple Wilcox-Neagle va enchaîner une série de comédies très british ou plus précisément très londoniennes avec des titres fleurant bon l’exotisme comme Maytime in Mayfair ou l’incident de Piccadilly. Rien de bien palpitant, dans ces films un peu guindés et affreusement démodés : pourtant les anglais se précipiteront dans les salles pour se changer les idées et y admirer Anna, au sommet de sa gloire, et Michael Wilding, qui partage très souvent l’affiche avec elle : Un couple de cinéma adulé par les anglais, pour des raisons qui m’échappent, je dois l’avouer.
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Après cette parenthèse d’après-guerre , c’est le retour aux biographies « historiques ». Après Edith Cavell, Anna incarne Odette(1950), résistante française torturée par les nazis. (Celle-ci a d’ailleurs supervisé personnellement le tournage : il en ressort une œuvre assez étonnante et authentique, de loin le meilleur film du couple Neagle-Wilcox), puis Florence Nightingale (1951), missionnaire. (A noter qu’Odette ressort en DVD en décembre).
Au milieu des années 50, Herbert Wilcox signe un contrat avec le célèbre Errol Flynn pour deux comédies musicales avec Anna : cela dit, la star américaine, alcoolique invétéré est alors en situation délicate à Hollywood et on imagine qu’il était prêt à signer n’importe quel contrat contre quelques bouteilles de whisky. En effet, quelle curieuse d’idée d’associer la lady un peu guindée des bio historiques et des opérettes légères à l’interprète de Robin des bois ! Le résultat (Lilacs in springtime, Idylle royale à Monte Carlo) est soporifique et franchement nul .
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A la fin des années 50, le couple Wilcox tente d’imposer à l’écran le crooner Frankie Vaughan en produisant plusieurs films avec lui : dans le dernier en 1959, il partage la vedette avec Anna. En dépit de la grande popularité du chanteur au Royaume Uni, les films (ringardises en noir et blanc) seront tous des échecs et mettront un point final à la carrière cinématographique du couple Wilcox-Neagle. En faillite et aux abois, Anna Neagle n’a pas d’autres choix que remonter sur scène, pour éponger les dettes du couple. Pendant plusieurs années, elle chante et danse dans le musical « Charlie Girl », et figure même sur le guinness des records pour le nombre de représentations qu’elle a assuré pendant 7 années consécutives.
Dans les années 70-80, on a revu sporadiquement à la TV (Histoires extraordinaires) celle qui a été nommée au rang de dame par la Reine d’Angleterre, en hommage à sa prestigieuse carrière. Elle décède en 1986 après une longue bataille contre la maladie de Parkinson.
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Une artiste jadis très aimée en Angleterre et pourtant presque complètement oubliée : le fait d’avoir tourné pour un seul réalisateur, un peu trop conventionnel, l’a finalement certainement handicapée. Rien de bien mémorable et encore moins novateur dans la filmographie du couple. Reste néanmoins le charme délicat d’une actrice à la présence indéniable. Tu ne lui trouves pas un petit coté Ann Harding, Ann Harding ?

Anna et le grand Ray Bolger dans Mardi gras (1941) sur youtube :
Dernière modification par Music Man le 20 avr. 08, 11:30, modifié 1 fois.
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Ann Harding
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Message par Ann Harding »

A vrai dire, Music Man, je connais mal Anna Neagle à part le film sur la Reine Victoria que j'ai revu il y a quelques années... J'avais trouvé le film un peu empesé. Mais, il y avait la présence de Anton Walbrook en Prince Albert. 8)

Merci pour ton portrait de Darrieux, une de mes comédiennes préférées, qui a un joli brin de voix et un vrai talent d'interprète. :) J'aime beaucoup tous ses films avec Decoin. Surtout: Retour à l'Aube et Battements de Coeur.
J'ai aussi vu au cinéma une délicieuse comédie musicale de 1935 appelé Mademoiselle Mozart (de Léo Joannon) qui mérite le détour pour ses chansons rigolottes (avec Pauline Carton hilarante!) et un humour déjanté plutôt rare dans le cinéma français de l'époque. 8)
Music Man
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Message par Music Man »

Ann Harding a écrit : J'ai aussi vu au cinéma une délicieuse comédie musicale de 1935 appelé Mademoiselle Mozart (de Léo Joannon) qui mérite le détour pour ses chansons rigolottes (avec Pauline Carton hilarante!) et un humour déjanté plutôt rare dans le cinéma français de l'époque. 8)
Voila qui donne envie. j'espère que ce film verra la jour en DVD.
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