Ronin ; outre la reprise des bonus de l'édition 2 dvd parue chez MGM il y a des lustres, Arrow propose aussi une interview de Tarantino datant de 1994, et qui parle de la carrière de Robert de Niro (donc bien antérieur au film de Frankenheimer), et un autre entretien, datant lui de 2017, du directeur de la photographie Robert Fraisse, celui-ci parlant anglais.
Longue de 31 minutes, ce dernier revient pour une première moitié sur sa carrière longue de plus de 50 ans, allant du
Procès d'Orson Welles aux deux premiers films de la saga
Emmanuelle et sa collaboration avec Just Jaeckin, en passant par Jean-Jacques Annaud, dont son travail sur
L'amant, où il sera cité aux Oscars, lui ouvrira les portes d'Hollywood. Sur la suite de l'entretien, il revient plus particulièrement sur
Ronin, dont le tournage a été entièrement effectué en France, et revient sur la grande liberté que lui a laissé le réalisateur, jusqu'à même ne pas storyboarder les poursuites en voiture.
L'entretien est certes intéressant (il aura fallu qu'un éditeur anglais propose une interview carrière d'un directeur de la photo français
), mais il est dommage de ne pas trouver d'autres intervenants, ou pour expliquer la présence sous pseudonyme de David Mamet au scénario.
Sans mobile apparent ; pour les débuts de sa collection, Jean-Baptiste Thoret s'occupe de la présentation du film (qu'il vaut mieux regarder après, il y a quelques spoilers), mais s'entretient aussi avec le réalisateur, Philippe Labro sur 50 minutes. Je connais assez mal le cinéma de ce dernier, mais quand on l'écoute parler, c'est quelqu'un qui adore le polar et les films américains depuis toujours. D'ailleurs,
Sans mobile apparent est une adaptation francisée d'un roman américain, mais où Nice serait comme la Californie et Jean-Louis Trintignant jouerait à la Humphrey Bogart. Il assume totalement les plans qu'il pique à plusieurs autres films, aussi bien
Le faucon maltais qu'
Assurance sur la mort, ainsi qu'à Jean-Pierre Melville, dont ce dernier lui donnait quotidiennement des conseils. L'amitié avec ce dernier semble avoir été très importante pour Labro, car il considérait Melville comme son mentor.
On doit surtout
Sans mobile apparent à son producteur Jacques-Eric Strauss qui lui offrit en quelque sorte le projet après avoir été séduit par le premier film de Labro,
Tout peut arriver, en lui demandant s'il souhaitait adapter un polar. C'est également grâce à lui qu'on a eu droit à Ennio Morricone, car il a avait composé la musique du
Clan des siciliens, du même producteur. Labro fut si impressionné de travailler avec le compositeur qu'il lui laissa faire, à l'exception du thème principal, ce qu'il a voulu.
Philippe Labro est un réalisateur très intéressant à écouter, qui ne s'épargne pas non plus, critiquant son narcissisme de l'époque (notamment à travers une photo de tournage qu'il avait voulu pour se donner l'air d'un réalisateur), et dont sa carrière au cinéma sera arrêtée non pas cause d'échecs, mais parce qu'on lui a proposé de devenir directeur des programmes de RTL.
Mon garçon : le blu-ray contient un documentaire de 46 minutes, qui explique très la particularité du film, à savoir un acteur principal qui ne connait pas le scénario, et qui a été tourné en six jours. Réalisé par David Dessites, il propose un retour de Christian Carion sur les lieux du tournage, accompagné de son régisseur, et nous propose de visiter les principaux décors, qui sont soit des maisons de particuliers (dont celle où habite le petit garçon, et on y voit sa chambre), et l'école. Les acteurs sont également interviewés, et reviennent sur cette méthode, qui semble avoir gêné Mélanie Laurent, mais qui a excité Guillaume Canet, qui faisait confiance au réalisateur de
Joyeux Noël et
L'affaire Farewell. Carion parle très bien de l'aventure que fut le tournage, qui a été souvent modifié par les choix de Canet, dont
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- la fin, qui découle de la scène où il tue un des ravisseurs de son fils avec une chaine, ce qui n'était pas prévu
. On sent aussi que l'acteur a dû puiser dans ses tripes, avec des moments où il quittait des scènes parce qu'il était en larmes, tellement il était à fond dans son rôle.
Bien sûr, tout n'a pas été improvisé, l'acteur souvent été aiguillé par l'équipe technique qui faisait barrage à tel endroit pour l'obliger à aller ailleurs, mais ce qu'il dit semble authentique, ainsi que ses réactions. Ces six jours ont été pour l'équipe l'occasion de s'adapter constamment à son acteur, à tel point que Canet aimerait employer cette méthode dans un de ses prochains films.
Marie Octobre : on y trouve un documentaire de 17 minutes sur le film signé Jérôme, avec deux auteurs de biographies sur Julien Duviver, ainsi que de très courtes archives avec Henri Jeanson et Danielle Darrieux. Le film fut influencé par la vision de
12 hommes en colère qui avait marqué le réalisateur, et a en quelque sorte actualisé l'histoire, en se passant à la fin des années 1950 au lieu de l'après-guerre comme ce fut le cas dans le livre. On y parle aussi de la très bonne entente entre Darrieux (qui évoque le premier titre envisagé, Le rendez-vous) et le réalisateur, et le luxe que fut de tourner dans la continuité en quatre semaines, le montage se faisant en parallèle. Alors que c'est un film unanimement connu et apprécié, il sortit alors au tout début de la Nouvelle Vague, et passa alors pour un cinéma vieillot, que les jeunes critiques des Cahiers du Cinéma descendirent.Le temps leur a donné tort, mais Duvivier a été une victime collatérale de la naissance de ce mouvement.
Les compères : pour le tout récent blu-ray sorti chez Gaumont, on a une rétrospective de 25 minutes signé Jérémie Imbert (avec la collaboration de 1kult), avec Francis Veber, Pierre Richard et Stéphane Bierry, qui jouait le fils.
Le carton de
La chèvre a incité Francis Veber à utiliser de nouveau son duo fétiche, Pierre Richard-Gérard Depardieu, et cette fois, ils ont chacun une société de production où ils financeront à eux trois le film, sans la participation d'Alain Poiré, lequel en voudra à Pierre Richard car il aurait donné l'idée aux deux autres à la suite de
La chèvre, car Gaumont ne touchera que des miettes en cas de succès, ce qui fut le cas.
C'est souvent drôle, notamment par les tentatives de Pierre Richard (et Depardieu) de vouloir échapper au régime forcé imposé par Veber avant le tournage, alors que c'était uniquement Depardieu, revenu de sa tournée avec Barbara, qui avait besoin de maigrir
! Et aussi par Stéphane Bierry (que l'on voit dans
Plus belle la vie), qui était tellement stressé par son premier plan qu'il en est tombé dans les pommes, ou la baffe qu'a failli réellement lui flanquer Depardieu. Franncis Veber a également un talent de conteur, parlant aussi de ses envies de suicide parce qu'il n'arrivait pas à écrire le scénario, que sur le talent de Depardieu (dit
l'amant de Poutine ), son intransigeance, et une anecdote très drôle sur son passage en Russie, à base d'onanisme.
Dommage qu'il manque un passage sur la musique signée Vladimir Cosma, d'autant plus que Stéphane Lerouge (spécialiste de musique de film) est remercié à la fin du documentaire, ainsi que quelques archives, mais ça reste très sympa, surtout grâce à la bonne humeur de ses intervenants.