Dvdclassik : cinéma et DVD

Thaddeus a écrit :Et celle de L'Impasse (tout comme le film entier d'ailleurs), elle compte pour du beurre ?

...je serais plus ému par la petite vietnamienne d' Outrages mais on est d'accord, les meilleurs De Palma (Phantom compris) sont ceux où il y a de l'émotion.
Mais je suivrais Duke Red : Sissy Spacek nous touche particulièrement au cœur.

Cela dit, et au risque de répéter des trucs que j'ai déjà postés mais peu importe, mon rapport à De Palma est assez ambivalent.
Je ne suis pas fan dans l'absolu de son œuvre mais suis pourtant absolument fan de certains aspects sur lesquels je pourrais délirer des kilomètres. C'est bizarre : je suis gêné par des tas de défauts mais des tas de choses relevant de l'atmosphère, de la musique, de la mise en scène....bref, de l'imaginaire, me rendent heureux.

C'est ainsi

Alexandre Angel a écrit : ...je serais plus ému par la petite vietnamienne d' Outrages

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De Palma est particulièrement bon pour les scènes d'agonie (Sean Connery dans Les incorruptibles, Tim Robbins dans Mission to Mars, Nic Cage dans Snake Eyes)... Outrages en étant son point d'orgue. Son baroque grandiloquent s'accommode bien de ces figures de style, ainsi que des surprises macabres (le final déchirant d'Obsession, celui de Blow Out...). La souffrance et le martyre sont des expériences qui remontent, comme De Palma l'a lui-même expliqué, à son environnement italo-américain catholique (même s'il aurait plutôt été élevé dans un système presbytérien). Carrie est un bon condensé de toutes ces obsessions.

Le final de Blow Out est un des trucs les plus cyniques, déchirants, inattendus, baroques que j'ai pu voir. Ça reste pour moi un de mes plus grands moments de cinéma (pour un film pourtant bourré d'idées fabuleuses sans pour autant que ça boursoufle le film).

Duke Red a écrit :Le moment où Tommy et elle dansent en un tourbillon de plus en plus frénétique, cet instant où elle semble heureuse pour la première fois, peu de réalisateurs sont capables d'aller dans cette forme de lyrisme sans se péter la gueule.

Scène égalée et même surpassée par le même De Palma dans "Obsession"

Ben Castellano a écrit :Dans l'édition révisée du livre Brian De Palma, de Samuel Blumenfeld et Laurent Vachaud, vous confiez aussi avoir eu une expérience désastreuse sur Passion avec Noomi Rapace.

Ha ! Mon pire souvenir depuis Cliff Robertson dans Obsession. Elle refusait de jouer certaines scènes comme je lui demandais. En général, quand j'ai affaire à ce genre de réticence, j'enregistre deux prises, une à ma façon et une autre à la façon de l'acteur. Mais là elle refusait obstinément de suivre mes directives. J'ai dû sans cesse redoubler de ruse pour parvenir à mes fins. Je ne retravaillerai jamais avec elle et je plains le prochain réalisateur qui l'engagera.

Et ben...et dire que la Rapace devait jouer aux côtés de Christian Bale dans le "Ferrari" de Mann...

AntonChigurh a écrit :Tenir tête à De Palma faut oser !.

Bon après peut-être que De Palma ne dit pas la vérité, toute la vérité...

Aaaargh, merci pour les spoilers sur Outrages et Snake Eyes, Messieurs Dadal et Angel

(J'aurais pu rajouter Les Incorruptibles que je n'ai toujours pas vu, mais je me l'étais déjà fait spoiler )

(Quand j'y pense, je me suis fait spoiler la plupart des films de De Palma - ça ne m'empêche pas de prendre du plaisir devant mais bon quand même... )

(Je quitte ce sujet immédiatement pour plus de sûreté ^^)

Duke Red a écrit :Aaaargh, merci pour les spoilers sur Outrages et Snake Eyes, Messieurs Dadal et Angel

Ah non, moi j'ai rien dit.. à part que la petite vietnamienne m'émouvait!

Ah oui c'est vrai

(J'ai l'esprit mal placé...)

Désolé Duke, on a faciliment tendance à penser en ces lieux que ces films sont connus
Toutefois, il ne s'agit pas de spoilers à proprement parler quand l'on se dit que la fibre masochiste de De Palma pousse invariablement ses personnages à souffrir.

Thaddeus a écrit :

Alexandre Angel a écrit : Avec la fin de Blow out

Et celle de L'Impasse (tout comme le film entier d'ailleurs), elle compte pour du beurre ?

Pour répondre plus précisément à ta question, je trouve cette fin émouvante mais pas bouleversante. Un peu programmatique, prévue (pas seulement parce qu'annoncée dès l'entame), quelque peu conventionnelle.
Elle est émouvante parce que le film tout entier raconte son histoire avec générosité, respect pour le spectateur. C'est ce qui m'impressionne le plus dans ce De Palma : ce côté hugolien échoué en pleine effervescence disco, comme engendré par on ne sait quel sortilège spatio-temporel, un peu comme si Jean Valjean se retrouvait sur un dance-floor où on entend "Le Freak, c'est Chic".
Cet aspect-là reste fort, exaltant. L'émotion relève de cette mélancolie "crépusculaire" qui vient éclore, en 1994, sur une évocation inattendue des années disco (soit moins de 20 ans plus tôt).

Et en plus, c'est plutôt à grand spectacle!

Captation de la masterclass de Brian à la Cinémathèque le 2 juin dernier (vidéo disponible en ligne jusqu'à demain seulement) :
https://www.arte.tv/fr/videos/081908-00 ... 2018-3-10/

Attention : à 2mn40, il est fort possible que vous ayez les yeux qui piquent.

Flol a écrit :Attention : à 2mn40, il est fort possible que vous ayez les yeux qui piquent.

sa réaction...de toute évidence il doit considérer ce film comme l'un de ses plus personnels, si ce n'est le plus personnel.

Réaction très touchante en effet.
Je n'ai toujours pas vu Casualties of War donc j'ai arrêté le visionnage au bout de 4 minutes pour ne pas me faire spoiler...
Merci quand même pour le partage .

Flol a écrit :Attention : à 2mn40, il est fort possible que vous ayez les yeux qui piquent.

Ah oui... ça fait tout drôle de le voir bouleversé ainsi. C'est désarmant. Un moment rare qui prouve une nouvelle fois qu'il a mis dans Outrages toutes ses tripes.
Mais c'est vrai que la musique de Morricone est incroyablement poignante.

Il y a deux choses dans ces 2min40 : d'abord ce qu'il a mis dans ce film, dont les paramètres m'échappent légèrement (mais cela prouve qu'en 1989, ces choses-là étaient encore ultra-sensibles) et surtout, cela parle beaucoup de ce qu'il éprouve d'une manière générale, de ses difficultés récurrentes de faire aboutir ce qui lui tient à cœur, de ses relations avec l'industrie. On a l'impression qu'il se lâche alors que les honneurs français lui sont rendus.
Bernard Benoliel essaie de se maitriser.

Carrément, j'aime beaucoup de manière générale quand un réalisateur se penche sur un de ses films qui le touche directement pour diverses raisons.

Je ne me souviens plus dans quelle interview ou émission le journaliste ou critique de cinéma avait montré à Lynch les dernières minutes de The Elephant Man. L'intensité du regard du cinéaste quand il regardait cet extrait, je ne l'oublierai jamais. Il était réellement impliqué émotionnellement.