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Re: Marcel Pagnol

Publié : 23 nov. 10, 21:37
par Commissaire Juve
Roy Neary a écrit :UP !

Aujourd'hui, DVDClassik met en ligne sa chronique de deux films de Pagnol : Merlusse et Cigalon.
Peuchère (normal, il est bénévole comme le reste d'entre nous), c'est encore Phylute qui se faire remarquer ! :o

:arrow: Merlusse & Cigalon
Pas trop d'accord sur la critique technique. Parler de compression "très satisfaisante / excellente" -- notamment pour Cigalon -- faut pas déco***er ! Beaucoup d'instabilités sur ce transfert.

Quant à Merlusse, le mot "restauration", il faut le dire vite. Du reste, le disque ne propose pas -- comme c'est le cas pour les lettres de mon moulin -- de rubrique "Avant / Après"... preuve, sans doute, qu'il n'y a pas d'Avant / Après).

A titre perso, j'ai vu les choses comme ça :

pour Cigalon
pour Merlusse

frédéric a écrit :

Des infos sur la qualité des Lettres de mon moulin ?

Superbe.

Re: Marcel Pagnol

Publié : 29 avr. 11, 12:46
par Federico
La dernière émission Projection Privée était consacrée aux relations entre Pagnol et le cinéma :

http://www.franceculture.com/emission-p ... 04-23.html

Re: Marcel Pagnol

Publié : 29 avr. 11, 16:47
par daniel gregg
Federico a écrit :La dernière émission Projection Privée était consacrée aux relations entre Pagnol et le cinéma :

http://www.franceculture.com/emission-p ... 04-23.html
Merci pour le lien. :D

Re: Marcel Pagnol (1895-1974)

Publié : 27 mai 11, 11:25
par Ann Harding
Encore un numéro passionnant de Cinéastes de Notre Temps. :)

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Marcel Pagnol ou le cinéma tel qu'on le parle (1966) d'André S. Labarthe - 109 min

Avec ce numéro consacré à Pagnol, on aborde les sujets de prédilection du metteur en scène: la Provence et les provençaux, le rapport son-image et les rapports théâtre-cinéma. Pagnol est interviewé dans la première partie dans sa maison de Cagnes-sur-mer. On retrouve aussi Charles Blavette, un des derniers survivants de la troupe de Pagnol. Il se lamente sur la disparition du vrai marseillais: [avé l'assent] "Maintenant, il y a des marseillais qui courrent ! Avant, les marseillais disaient toujours qu'il fera jour demain, on a le temps..." Il y a déjà une nostalgie du temps passé chez tous les participants. Pagnol dit ne pas pouvoir regarder ses premiers films car il l'impression de voir un cimetière, presque tous ses interprètes sont déjà morts.
Marcel Pagnol explique la différence entre marseillais et provençaux. Quand il est né en 1895 à La Treille (qui n'est qu'à 20 km de Marseille), les gens du cru vivaient renfermé sur eux-même. Il faut dire qu'il n'y avait pas de route, seulement un chemin difficile d'accès. Les provençaux étaient rudes, ne parlaient pas le français, seulement le patois. Ils restaient dans leur village, descendaient rarement dans la plaine, et encore moins à la ville. Si vous arriviez d'un village situé à 10km, vous étiez un étranger. Alors que Marseille était un port avec des influences grecques et même suédoises. Il s'intéresse aux provençaux car ce sont des gens rudes et simples. Quand on l'interroge sur la méchanceté de certains de ses personnages comme Ugolin, il répond qu'il ne pense pas à mal. Ugolin est seulement un être simple qui ne se rend pas compte du mal qu'il commet. Pour lui, les provençaux sont mélancoliques, alors que les marseillais respirent la joie de vivre.
Pagnol explique comment il est devenu metteur en scène après avoir suivi le tournage de Marius, réalisé par Alexandre Korda. Il a ensuite acheté des caméras et tout l'équipement technique, puis, plus tard, créé un studio à Marseille. Tout le personnel qu'il embauche n'est pas issu du cinéma car il n'y avait jamais eu de studio à Marseille. On retrouve donc parmi ses techniciens Marius Brouquier qui était maçon. Il a construit le village de Regain au milieu des collines pour le film. Les techniciens survivants se souviennent tous avec un immense plaisir des longs tournages -qui ressemblaient presque à des vacances!- où tout le monde dormait sur place pendant des mois. La petite industrie artisanale de Pagnol devient de plus en plus importante quand il se lance aussi dans la distribution de films. Il n'a presque plus le temps de faire des films car il est submergé par le management. Puis, en 1938, André Hugon qui avait loué son studio lui fait faux bond. Il doit tourner quelque chose rapidement pour faire tourner la machine. Il écrit donc un petit film de 45-50 min La femme du boulanger pour Maupi. Mais, Maupi lui dit que c'est un rôle pour Raimu et que son film fait au moins deux heures! Pagnol reconnaît qu'avoir un peu de pression de temps en temps vous oblige à réaliser des films que peut-être vous ne feriez pas.
La conception du cinéma parlant de Pagnol explique son attitude vis-à-vis de la caméra. Une fois que les plans sont fixés, il va écouter la scène dans le camion du preneur de son. Le son lui suffit pour juger si la scène est réussie. Il n'aime pas faire de multiples prises et parfois il enregistre une répétition à l'insu des interprètes. Il arrive souvent qu'ils tournent une bobine entière d'un seul coup. Il n'aime pas les plans courts et saccadés. Les mouvements de caméra intempestifs ne sont pas pour lui. Il préfère laisser les acteurs libres de développer leurs personnages sur de longs plans séquences et ainsi capter leurs interprétations. Il s'intéresse quand même au montage puisqu'il organise des 'previews' à l'américaine dans des cinémas marseillais pour jauger les réactions du public et modifier ainsi le montage du film (une réplique là ou une scène entière qui ne marche pas). Il se sent vraiment comme un dramaturge qui modifie sa pièce juqu'à la première.
Sur le rapport théâtre-cinéma, Pagnol a été vilipendé par les critiques. On a dit qu'il faisait du 'théâtre en conserve' (encore plus insultant que théâtre filmé selon lui). Son point de vue est que les premiers films parlants étaient surtout des films avec bruitages et quelques dialogues. Il a voulu faire des films où les dialogues étaient prépondérants. Il reconnaît avoir aimé Griffith, Chaplin et Clair au muet. Mais, pour lui, cinéma parlant et muet sont deux entités totalement différentes. De toutes façons, un metteur en scène, pour lui, n'est qu'un interprète. Le créateur c'est celui qui est l'auteur du sujet, du scénario.
Au total, ce documentaire donne une image passionnante d'un Pagnol fier de son artisanat au cinéma, qui n'oublie jamais son passé de dramaturge.

Re: Marcel Pagnol (1895-1974)

Publié : 4 janv. 14, 11:57
par Frances
LA FILLE DU PUISATIER (1940) de Marcel Pagnol avec Josette Day, Raimu (Pascal Amoretti), Fernandel (Félipe), Fernand Charpin (Mazel)
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Patricia, la fille du puisatier s'éprend de Jacques Mazel un aviateur bientôt appelé sous les drapeaux. Enceinte, elle avoue "sa faute" à son père qui se rend chez les Mazel (de riches quincaillers) dans l'espoir de laver l'honneur de sa fille et le sien.

Le tournage commence le 20 mai 1940, s’arrête un mois plus tard pour reprendre du 13 août jusqu’à novembre de la même année. Entre temps eu lieu l’invasion allemande de juin 1940, l’exode, la débâcle, l’armistice et la capitulation de la France.

Ici l’eau est source de vie dès les premières images. Lieu de passage, de rencontre entre Patricia et Jacques Mazel, gué entouré de roseaux symbole d’un jardin d’éden provençal. Pascal Amoretti le puisatier, creuse la terre pour y trouver de l’eau (scène émouvante où il évoque la naissance de sa fille qu’il a finie par aimer comme un garçon). Pascal et Félipe sont des terriens en opposition à Jacques Mazel (le fils du ciel).
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Pagnol oppose l’authenticité, la naïveté et la simplicité de Félipe au mensonge et à la flagornerie de Jacques. Mais Patricia rejette l’amour simple de l’ouvrier de son père pour l’amour plus aérien, plus vaste, plus libéré de l’aviateur.

« Mon foulard c’est moi qui l’ai dénoué. Le vent m’a tourné la tête. » dit Patricia. Le vent, le ciel c’est Jacques. Jolie scène d’aveux fortement elliptique. Patricia s’est donnée à lui et parle de folie. Désormais elle se sent sale et grise comme cette amie qui batifolait avec un garçon et qu’elle avait bannie. Patricia exprime avec beaucoup de sincérité la naissance de son désir, d’abord réprimé puis de son abandon voulu. Elle n’est pas la victime innocente de Jacques mais une jeune fille qui voulait être femme et qui en assume les conséquences mais la voilà qui vacille quand elle dit : « Pour mon malheur vous êtes le mal et le pêché. » Elle est tiraillée entre le désir et l’idée encore vivace du pêché dans la France de 1940 où l’on parle de fille perdue et de bâtard.


La scène entre Félipe (en permission) et Pascal Amoretti à propos de l’enfant de Patricia et de son patronyme est révélatrice de la place de la femme dans la société de l’époque. L’enfant ne prend pas le nom de sa mère mais hérite de celui de son grand père.
Ordre de mobilisation. Départ de Félipe et de Jacques Mazel. Lointaine mais présente les échos de la guerre mêlent la grande histoire à la petite.
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Patricia avoue sa bêtise à Félipe qui en accepterait volontiers de la prendre à son compte si elle voulait bien l’épouser. Belle déclaration d’amour d’une simplicité touchante :

« - J’ai remarqué quand vous apportez le dîner à votre père, moi pendant qu’il est dans le puits, je change mon pain contre le sien…parce que son pain vous l’avez touché alors je le mange volontiers et même je ramasse les miettes. »

Pagnol oppose les classes sociales, tape avec vigueur sur Mazel et sa femme, petits bourgeois arrivistes qui toisent Pascal Amoretti, le puisatier d’origine italienne avec mépris.

« -Maintenant je sais qu’il faut se méfier des gens qui vendent des outils et qui ne s’en servent jamais. » (Amoretti).


Ici on parle de la fille du puisatier parce qu’on assiste au cheminement d’Amoretti, le patriarche. Le film s’attache à sa vision d’une situation qu’il qualifie d’honteuse et finalement à son acceptation. Dans l’arrière pays provençal les mœurs n’ont guère évolué et être fille-mère c’est le déshonneur de toute une famille.

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Amoretti c’est le père blessé, l’homme au cœur gros comme la montagne, qui grogne et qui tempête pour cacher sa peine et son déshonneur mais qui finit par pardonner Patricia et endosser avec un bonheur immense le rôle du grand-père. Pour aboutir à cela il lui faudra procéder par étapes. Quand les Mazel portant le deuil de leur fils viennent voir l’enfant autrefois banni, le géant se réveille à nouveau et rejette leur tentative de rapprochement comme ils l’avaient rejeté lui et sa fille à l’annonce de sa grossesse.

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« - Moi, je suis pas charitable. C’est peut être à force de vivre au milieu des pierres. Non, gardez votre lait de riche, allez. Le meilleur lait c’est le lait des petits pauvres. C’est le vrai et voilà les enfants que ça fait. »

Mais la révolte s’amenuise, la protestation faiblit, le cœur gonflé d’amour déborde annonçant l’acceptation, la réconciliation et le pardon.
Dans l’univers minéral de Pagnol le drame éclate comme un orage en plein été et ravine les cœurs avec la violence du torrent mais l’eau finit toujours par laver les âmes et effacer les malheurs.
« - Il nous faut trouver des sources. Nous en avons déjà trouvé beaucoup mais les plus belles sont encore cachées parce que ce sont les plus profondes. Avec des pioches, des bras et de l’amour peut être qu’un jour elles sauteront au soleil. »

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Re: Marcel Pagnol (1895-1974)

Publié : 4 janv. 14, 13:47
par Tommy Udo
Bel hommage à ce très grand film, Frances :wink:
Tu commences un cycle "Pagnol" ?

Re: Marcel Pagnol (1895-1974)

Publié : 4 janv. 14, 13:56
par Frances
Merci Tommy :wink:
Un cycle non mais j'y reviendrai au gré de mes humeurs. Un grand bonhomme Pagnol avec un cœur gros comme ça. :D

Re: Marcel Pagnol (1895-1974)

Publié : 7 sept. 16, 06:42
par Jeremy Fox
Après la réédition événement l'année dernière de la Trilogie marseillaise, Mission distribution poursuit la résurrection des films de Marcel Pagnol en salle. On pourra ainsi dès ce mercredi redécouvrir dans des copies numériques restaurées trois œuvres invisibles au cinéma depuis 50 ans, toutes issues de la collaboration entre l'écrivain cinéaste et l'immense Fernandel.

Re: Marcel Pagnol (1895-1974)

Publié : 7 sept. 16, 17:49
par Wolverine95
évidemment, les 3 plus mauvais...ils font chier les héritiers Giono bordel!

Re: Marcel Pagnol (1895-1974)

Publié : 7 sept. 16, 20:45
par ithaque
J'invite ceux qui ont aimé ses films à découvrir ses livres , si ce n'est pas déjà fait.
Qu'a fait Pagnol pendant l' occupation ?

Re: Marcel Pagnol (1895-1974)

Publié : 20 sept. 16, 17:20
par villag
Le Manon des sources de Pagnol existe en DVD, 74 € ( !!!! ) sur Amazone.....Bon, ça ne sera pas pour moi ( pas plus d'ailleurs que le Berri pourtant lui, sur le même site, à 13€ .....)

Re: Marcel Pagnol (1895-1974)

Publié : 20 sept. 16, 17:30
par Commissaire Juve
ithaque a écrit :Qu'a fait Pagnol pendant l' occupation ?
Il a découpé "la Prière aux étoiles" à la hache, il a vendu ses studios à Gaumont et il est parti attendre la fin de la guerre à Nice.

http://www.chez-albert.fr/La-priere-aux ... logie.html

http://www.marcel-pagnol.com/film-la-pr ... ve,22.html

Re: Marcel Pagnol (1895-1974)

Publié : 20 sept. 16, 20:47
par ithaque
merci pour les réponses.

Re: Marcel Pagnol (1895-1974)

Publié : 14 janv. 18, 12:41
par John Holden
En découvrant l'épisode de Voyage à travers le cinéma francais consacré à Pagnol (et Guitry), j'ose espérer que Classic rediffusera Jofroi et Regain, mes films préférés avec Manon des sources/Ugolin.

Re: Marcel Pagnol (1895-1974)

Publié : 16 janv. 18, 16:43
par zigfrid
ton voeu n'est qu'en partie exaucé: ciné classics diffuse cette semaine la seconde partie de l'eau des collines (Manon des sources), sans diffuser la premiere partie (Ugolin)
:twisted: